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REVIVISCENCE DES SACREMENTS


rable de la grâce permet au sacrement soit de devenir fructueux, soit de le redevenir.

II. APPLICATIONS. — Il faut se garder de croire que la doctrine de la reviviscence des sacrements s’applique également à tous les sacrements et avec la même certitude. Il faut distinguer entre sacrement s et sacrements.

1° Baptême.- C’est surtout à l’occasion du baptême que la doctrine de la reviviscence sacramentelle a été exposée. Les anciens théologiens ne parlent pas de reviviscence. Ils se demandent si, » la fiction disparaissant, le baptême acquiert tout son effet ». Cf. S. Thomas, Sum. Iheol., III 1, q. i.xix, a. 9 ; In /V"" 1 Sent., dist. IV, q. iii, a. 2, qu. 3. La réponse affirmative est une doctrine théologiquement certaine, qui s’appuie sur le dogme de la non itération du baptême validement conféré par les hérétiques. Voir ici, t. ii, col. 211° sq. Elle est unanimement professée par les théologiens depuis saint Augustin, De baplismo contra donatistas, t. I, c. xii ; t. III, c xin ; t. VI, c. xxv, P. L., t. xi.in, col. 119, 146, 214. Cf. Epist., CLxxxy, Decorreclione Donatislarum liber, c. vi, n. 23, P. L., t. xxxiii, col. 803. Même doctrine chez Fnlgencc de Ruspe, De ftde, Teg. iii, n. 41, P. L., t. lxv, col. C92 ; l’auteur (tardif) du De vera et falsa pœnitentia, n. 11), P. L., t. xl, col. 119. Doctrine consacrée implicitement par les décisions de saint Etienne I er, Denz.-Bannw., n. 4(i ; de saint Grégoire le Grand, id., n. 219, plus explicitement par Innocent I II, Epis’, majores à l’archevêque d’Arles, id., n. 411. La fiction est clairement supposée par le concile de Trente pour les sacrements en général (poncnlibus obicem), sess. vii, can. G, Denz.-Bannw., n. 819 ; et l’interdiction de renouveler le baptême validement reçu nonobstant la fiction implique la présente doctrine de la reviviscence du sacrement. Cf. Canones de sacramento baplismi, can. 11, Denz.-Bannw. , n. 867.

La raison théologique de cette doctrine peut être ainsi formulée : le péché originel et les péchés actuels commis dans l’infidélité ne peuvent être remis que par le baptême reçu en réalité ou tout au moins par le désir. Or, celui qui a reçu le baptême d’une façon valide mais non fructueuse ne peut plus le recevoir ni en fait ni en désir. Donc si le baptême déjà reçu doit être pour lui le moyen de salut, il faut que ce moyen puisse revivre quant à son effet salutaire, c’est-à-dire quant à l’infusion de la grâce. Cf. S. Thomas, Sum. Iheol., IIK q. i.xix, a. 10.

Tel est l’enseignement de la théologie quant à l’effet premier et principal du baptême, c’est-à-dire quant à la justification de l’homme..Mais les auteurs soulèvent une question plus subtile quant aux effets secondaires, c’est-à-dire quant à l’extinction de toute peine temporelle. On peut imaginer l’hypothèse d’un adulte recevant le baptême validement mais infructueusement quant à la rémission des péchés véniels, dont il n’a pas le regret, tout en regrettant les péchés mortels qu’il a pu commettre. Cet adulte vient a mourir aussitôt après avoir été baptisé. Le baptême revivra-t-il » quant à cet effet secondaire de la rémission du péché véniel quant à la coulpe et quant à la peine ? L’opinion de saint Thomas est qu’à l’instant même qui suit immédiatement la mort cet adulte, en grâce avec Dieu, fera un acte parlait d’amour qui lui enlèvera les moindres péchés véniels auxquels il était resté at taché. L’obstacle

à l’efficacité pleine du baptême étant enlevé, il est à

croire que, même à l’égard de la peine temporelle due à ces péchés véniels, le baptême exercera son efficacité par une sorte de reviviscence, (.’est la solul ion insinuée paisaint Thomas, De malo, q. vii, a. 11, in fine ; qui est proposée plus explicitement par Billot, De sacramentis, t. I, (i° édition, p. 1 12, noie, et par 1. épicier, Tructutus de baplismo et confirmatione, Home. 1923, p. 97. Mais la solution contraire - permanence du reatus culpte

(venialis) el peenæ ( IcmporaHs) — semble s’imposer dans l’opinion scotiste qui admet que le péché véniel peut suivre l’âme au purgatoire.

Enfin, on peut faire l’hypothèse d’un adulte qui reçoit le baptême, de bonne foi, mais avec des dispositions insuffisantes quant aux péchés mortels commis avant le baptême. Il y aurait ici « fiction » purement matérielle, mais empêchant cependant la justilication. Si cet adulte venait à mourir aussitôt après avoir été baptisé, en bonne logique, on devrait nier la possibilité de la reviviscence du baptême et condamner à l’enfer ce malheureux… Nous n’avons trouvé aucun théologien pour résoudre ce cas. Il semble que la cause du pécheur de bonne foi doive être séparée de la cause du pécheur qui reçoit validement le baptême, tout en ayant conscience de ses dispositions défectueuses. Billot écrit à propos du martyre quc Dieu ne permettra pas qu’un véritable martyre se produise chez le pécheur qui n’aurait pas les dispositions requises pour la justification. De sacramentis, t. i, p. 248, note. Il en serait vraisemblablement de même pour l’infidèle recevant de bonne foi l’ablution baptismale et mourant aussitôt après : Dieu ne permettra pas que lui manquent les dispositions nécessaires à la justilication. Cf. Ami du clergé, 1936, p. 185.

2° Confirmation et ordre. — La non-itérabilité de la confirmation et de l’ordre conduit les théologiens à admettre la reviviscence de ces deux sacrements, absolument comme pour le baptême. Sans doute, ils n’ont plus ici l’argument de la volonté salviliquc universelle et les documents du magistère relatifs à la « fiction » font défaut. Il semble toutefois que le canon 9 de la session vu du concile de Trente, Denz.-Bannw., n. 852, soit une base d’argumentation très solide. Aussi, sans affirmer que la reviviscence de la confirmation et de l’ordre soit une vérité théologiquement certaine, doit-on dire qu’elle est une vérité certaine. N’est-il pas, en effet, conforme à la bonté et à la sagesse divines que ceux qui auraient reçu en état de péché mortel ces sacrements non réitérables, puissent néanmoins retrouver, lorsqu’ils auront éliminé l’obstacle de leurs dispositions mauvaises, les grâces si utiles au soldat ou au ministre de Jésus-Christ ?

Extrême-onction et mariage.

Une conclusion

identique, d’une très grande probabilité, doit être proposée en ce qui concerne le mariage, durant la vie des deux conjoints, et l’extrême-onction, durant la maladie à l’occasion de laquelle elle a été conférée. L’argument est proportionnellement le même que dans les cas précédents. Le mariage ne peut être réitéré du vivant des deux conjoints. L’extrême-onction ne peut être renouvelée durant la même maladie. lit cependant ces deux sacrements peuvent être reçus validement et infructueusement. Il convient donc (pue la grâce qu’ils auraient dû conférer puisse apparaître dans l’âme, quand les dispositions suffisantes seront acquises.

Pénitence.

La chose est discutable et discutée

pour la pénitence. Nous devons nous y arrêter plus longuement, puisque l’article Pénitence, t. xii, col. 1 126, a renvoyé au présent article l’exposé des opinions. La question est celle-ci : le sacrement de pénitence peut-il être reçu d’une façon valide, mais informe. c’est-à-dire sans le fruit de la grâce justifiante, de tille sorte que la grâce sera produite (reviviscence du sacrement) seulement quand sera enlevé l’obstacle qui a rendu informe le sacrement.

1. Comment peut se poser ce cas.

Des sacrements

qui ont leurs éléments essentiels totalement distincts des dispositions du sujet, on conçoit facilement qu’ils puissent être conférés validement et cependant demeurer infructueux ou « informes » en raison d’un défaut ou d’une insuffisance dans les dispositions requises pour l’acquisition de la grâce. Mais le sacrement de péni-