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QUESVEL (PIERRE) — QUIETISME


463 de la bibl. Bodléienne d’Oxford ; les mss. M. 4261, 4262 et 8934 de la Bibl. nationale de Paris ; le ms. 75 de la bibl. de Troyes ; le ms. D. 1. 18 de la bibl. nationale de Turin ; le ms. Scafj. 1, n. 28 de la bibl. Antoniciine de Padoue ; les mss. S. Croce Plut. I, sin 8 et Plut. III. sin 2 de la bibl. Laurentienne de Florence ; le ms. lat. 2146 de la bibl. nationale à Vienne ; le ms. 1044 (incomplet) de la bibl. de Klostemeuburg ; le ms. M. 18 (1. IV) du Bôhmisch Muséum et le ms. J. V. du chapitre métropolitain de Prague ; le ms. a. 1436 delà bibl. de Kœnigsberg.

Il est à noter qu'à la fui du Decrelorium juris Pierre Quesvel a ajouté une table alphabétique très étendue des diverses matières traitées dans son ouvrage avec indication du livre, du titre et du paragraphe. Très complète, elle est d’une grande Utilité pour retrouver les questions et les matières dans le corps de l’ouvrage.

Fr. von Scluilte. Die Geschichte der Quellui und Lileratui des canonischen Bcclits, t. ii, Stuttgart, 1877, p. 262 ; le même, Die canonischen Handschriften der Bibliotheke in Praq, Pracue, 1808 ; L. Wadding, Scripiores ord. minorum, Rome, 1906, p. 192 ; J.-H. Sbaralea, Supplementum ad scripiores ord. min., t. ii, Rome, 1921, p. 357-358 ; A. Teetært. I.a confession aux laïques dans l'Éqlisc latine depuis le VIII' jusqu’au XI Ve siècle, Bruges-Faris, 1 « )26, p. 456-457 ; C. Oudin, Comment, de scriptor. Eccl. antiquis, Leipzig, 1722, col. 1168.

A. Teetært.

    1. QUÉTIF Jacques##


QUÉTIF Jacques, érudit dominicain né et mort à Paris (1618-1698). En 1634 il prit l’habit dominicain dans ce couvent de la rue Saint-Honoré où il devait mourir soixante-quatre ans plus tard. On a de lui une édition d’un commentateur de saint Thomas, Jérôme de Médicis : R. A. P. Hieromjmi dv Medicis a Camerino, O. P., formalis explicatif) Summathéologien' 1). Thomse Aquinatis, Paris, 16.">7, in-folio. Il a également composé une Vita P. P. F. Hieronymi Satonarolæ, en trois vol., in-12, Paris. 1674, avec des éditions de textes. Il a donné une édition des canons du concile de Trente : Concilii Tridenlini canones, Paris, 1666. Dans l'édition des œuvres de Jean de Saint-Thomas, il a mis, au t. viii une courte biographie de ce théologien. Mais on doit surtout au P. Quétif, la longue préparation des Scripiores ordinis prwdicatorum que le P. l’ehard devait publier en deux in-folics.

Quétif-Echard, Scripiores ord. pracdicalorum, t. i, 1736, p. 746-747 ; Richard et Giraud, Bibliothèque sacrée, t. xx, p. 331.

M. -M. Goiîce.

    1. QUIETISME##


QUIETISME. — Dans son sens tris général, le quiétisme est toute doctrine qui tend à supprimer l’effort moral de l’homme. Les théories philosophiques et religieuses qui motivent cette suppression varient selon les diverses formes du quiétisme, mais elles y aboutissent toujours ; aussi cette erreur à la fois doctrinale et pratique ne se rencontre-t-elle pas seulement au xvii c siècle, comme beaucoup seraient portés à le croire. On la trouve bien avant : elle est même antérieure à l'ère chrétienne. « Il s’est toujours trouvé, dit justement J. Paquier, des hommes portés à nier l'énergie individuelle, à nier l’individu lui-même, pour les absorber en Dieu ou dans l’ensemble des forces de l’univers. C’est cette disposition qui est à la racine du quiétisme : il vient d’une tendance au repos, d’une tendance à s’exonérer de la lassitude de l’action. » Qu’est-ce que le quiétisme ? Paris, 1910, p. 9.

On étudiera dans cet article les diverses formes du quiétisme que l’on rencontre soit en Orient, soit en < ii ciftent.

I. LE QUIÉTISME EN ORIENT.

I. Dans les religions de l’Inde. II. Dans l’ancien stoïcisme et dans le néoplatonisme (col. 1540). III. Aux iv c et ve siècles : le quiétisme des euchites ou messaliens (col. 1542).

IV. Au Moyen Age : les hésychastes de la région du mont Athos (col. 1545).

I. Le quiétisme dans les religions de l’Inde. — Trois cultes principaux se sont succédé dans l’Inde avant l'ère chrétienne : le védisme, le brahmanisme et le bouddhisme. C’est surtout dans les deux derniers que le quiétisme imprègne les enseignements religieux et moraux.

Le brahmanisme.

Il considère « l’existence

comme un mal, le seul mal à proprement parler ». celui dont il faut se débarrasser à tout prix. Cette conception si pessimiste de l’existence « repose sur la doctrine du Samsara ou la théorie des renaissances, destinée à une si haute et si durable fortune dans l’Inde ». A. Roussel, Dict. apolog., t. ii, col. 652.

Les âmes individuelles, ou jivatmans, ont pour principe l’Ame universelle et suprême ou Paramâtman. Elles doivent retourner à cette Ame, leur centre commun, pour y être absorbées et s’y perdre. Cette perte absolue dans le Grand Tout, ou absorption dans le Brahme, l'Être suprême, est la fin dernière de l'âme. C’est le Nirvana brahmanique. Il constitue le bonheur de l'âme, s’il est possible de parler de bon heur pour une âme qui perd totalement sa personnalité, comme la goutte d’eau tombée dans l’océan perd son individualité.

Mais cette absorption dans le Grand Tout ne peul avoir lieu que lorsque « la somme des actes repréhensibles » de l'âme aura été compensée par celle des bonnes actions ». Tant que cette compensation n’esl lias laite, « la roue du Samsara, ce cercle fatal des renaissances tourne ». L'âme est soumise à la transmigration ; elle recommence de nouvelles existences douloureuses. Elle est soumise à de nouvelles morts. « Depuis le commencement des temps, les âmes sont transportées, par l’efficacité invisible… de leurs actes (Karman), d’une destinée dans une autre : dieux, hommes, animaux ou damnés. Tel est le Sams ru, douloureux en soi, car la somme de souffrance dans l’univers visible ou supposé (enfers) dépasse infiniment la somme de joie. » L. de La Vallée-Poussin, Le bouddhisme et les religions de l’Inde, dans Christus, Paris, 1912. p. 253-251.

Le grand obstacle au bonheur, c’est-à-dire aux non-renaissances par l’absorption dans le Brahme, est donc l’acte, le karman, l’oeuvre. Aussi faut-il y renoncer, l'éteindre. On doit renoncer à la soif de l’existence la cause de tout mal, puisque exister c’est agir. Comment opérer ce renoncement, cette extinction ? C’est ici que nous allons trouver le quiétisme.

La méditation extatique est considérée comme le moyen de « prendre contact avec l’absolu ». Elle coin mence à faire « rentrer l'âme en son principe transcendant ». Elle inaugure dès ce monde l’union de l'âme avec Brahme, le Grand Tout, et ainsi elle prépare son absorption définitive dans le Nirvana an moment de la mort.

Il faut donc que l’homme, pendant sa vie, s’absorbe dans la pensée de l'être suprême. Et pour cela il s’interdira toute autre pensée. Il finira même pas s’interdire toute pensée. Il aura un genre de vie spécial. Le corps restera complètement immobile. La respiration s’atténuera. Le regard fixera longtemps le même objet. « Immobilité du corps, immobilité de l’esprit, suppres sion aussi totale que faire se peut des fonctions vitales », telles sont les conditions indispensables de cette méditation extatique, opératrice du salut brahmanique. « Les fakirs actuels de l’Inde peuvent nous donner quelque idée de ce faux mysticisme, de ce quiétisme avant la lettre. » A. Roussel, Dict. apolog., t. ii, col. 653.

On a observé que ces extases, au cours desquelles les brahmanes croient prendre contact avec l’absolu.