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REYNAUD (MARC-ANTOINE 1 — RHETORIENS


l’abbaye récemment réformée se divisa au sujet de la bulle Unigenitus. Les opposants à la bulle finirent par l’emporter, et, en 1741, le roi défendit de recevoir des novices. Reynaud, alors simple tonsuré, se retira dans le diocèse d’Auxerre où l'évêque Caylus l’ordonna prêtre et le nomma curé de Vaux, en 1747. Il fut fort mêlé aux affaires jansénistes et, bien qu’appelant de la bulle, il s'éleva contre les exagérations des convulsionnaires secouristes. Au moment de la Révolution, Reynaud refusa de prêter le serment à la Constitution civile du clergé et il dut quitter sa cure de Vaux ; il fut incarcéré durant deux ans. Réduit à la misère, il fut reçu à l’Hôtel-Dieu d’Auxerre, où il mourut le 23 octobre 1796.

Reynaud a composé un Abrégé de la vie de Nicolas Creuzot, curé de la paroisse de Saint-Loup d’Auxerre, son ami, décédé en odeur de sainteté, le 31 décembre 1761 (Nouv. ecclés. du 30 mai 1763, p. 90-92, et du 20 août 1764, p. 136) ; Histoire de l’abbaye de SaintPolycarpe, de l’ordre de Saint-Benoît, s. 1., 1779, in-12 (Nouv. ecclés. du 1 er septembre 1785, p. 141-144), où il loue fort l’esprit de cette maison qui était très favorable aux appelants. Mais la plupart des écrits de Reynaud ont pour objet les attaques des philosophes, ou les controverses jansénistes. Ce sont : Le philosophe redressé par un curé de campagne ou Réfutation du livre de la Destruction des jésuites, par d’Alembert, in-12, 1765 ; Traité de la foi des simples, dans lequel on fait une analyse de cette foi, qu’on prouve être raisonnable, Auxerre, 1770, in-12 ; Lettre aux auteurs du Militaire philosophe, du Système delanature…, in-12, 1769, 1772. — Le délire de la nouvelle philosophie, ou Errata du livre intitulé La philosophie de la nature, adressé à l’auteur par un Père de Picpus, 1775, in-12.

Les autres ouvrages de Reynaud se rapportent aux controverses jansénistes : Lettre aux cordicoles, sur l’origine et les inconvénients de la fête du Sacré-Cceur de Jésus et de Marie, Avignon, 1781, in-12 ; une seconde édition parut sous le titre Lettre aux alacoquisles, dits cordicoles, sur l’origine et les suites pernicieuses de la fête du Sacré-Cœur de Jésus et de Marie, Paris, 1782, in-12, réédité en 1787 ; Reynaud avait déjà publié, sur les conseils de son ami Creuzot, Le secourisme détruit dans ses fondements, 1759, in-12 ; comme les folies indécentes, attaquées par lui, se reproduisaient toujours, Reynaud publia plusieurs Lettres contre le secourisme convulsionnaire : Lettre au R. P. L. P. D. (P. Lambert, dominicain), 15 août 1781 ; Seconde lettre aux secouristes, en réponse à la Lettre de M. N. à M. A., Il février 1785 ; Troisième lettre aux secouristes, principalement à leur chef, le R. P. L. P. D., en réponse aux Observations sommaires, 5 avril 1785 ; Quatrième lettre aux secouristes, Il novembre 1785, où il répond à plusieurs écrits, en particulier à la Lettre d’un ami de province, à la Lettre d’un parisien à M. E., curé de V., et à L’idée de l'œuvre des secours selon le sentiment de ses légitimes défenseurs ; enfin Cinquième lettre aux secouristes, 8 décembre 1785 : dans toutes ces Lettres, Reynaud attaque très vivement un partisan fanatique des convulsions, le P. Lambert, dominicain. Il combat encore les convulsions dans des écrits plus généraux : Le mystère d’iniquité dévoilé, 1788, in-12, où il fait l’histoire des convulsions depuis 1732 et raconte les folies et les illusions des convulsionnaires. Enfin Lamentations amères et derniers soupirs des écrivains secouristes qui, pour toute réponse au Mystère d’iniquité dévoilé, répondent qu’ils ne répondront pas, 1788, in-12.

Reynaud intervint aussi dans les questions religieuses soulevées par l’Assemblée nationale de 1789 et il s’opposa aux innovations : Réponse d’un curé de campagne à la motion scandaleuse d’un prêtre (l’abbé de Cournand, professeur au collège royal), 1790, in-12 ; cet abbé avait proposé le mariage des prêtres.

Lettre à une religieuse sortie de son couvent et qui a prétendu justifier sa sortie par le décret de l’Assemblée nationale sur l'état religieux, 22 septembre 1790 ; Lettre d’un curé d’Avignon à un curé de campagne, auteur de « la Constitution et la religion parfaitement d’accord », 9 décembre 1790 ; Réponse à l’Avis aux fidèles par un janséniste jérosolymitain, 1791, in-12. L’abbé Sailland, très attaché à l'Église constitutionnelle, dans YÉloge qu’il fit de Reynaud, le 19 janvier 1797, à Saint-Étienne-du-Mont, cite de lui une Explication des évangiles à l’usage des malades et un Catéchisme pour prouver que la religion chrétienne est utile dans toute espèce de gouvernement (Nouv. ecclés. du 3 juillet 1797, p. 53-54).

Michaud, Biographie universelle, t. xxxv, p. 507-508 ; Picot. Mémoires pour sentir à l’histoire ecclésiastique pendant le XVIIIe siècle, t. vii, p. 333 ; Ami de la religion, du 22 février 1823, t. xxxv, p. 59-64.

J. Carreyre.

    1. RHETORIENS##


RHETORIENS. — C’est le nom que donne Philastre de Brescia à des hérétiques d’Alexandrie et de la région voisine qui, selon lui, auraient pour éponyme un certain Rhétorius. Celui-ci « louait toutes les hérésies, disant que toutes étaient justes, qu’aucune n’errait, que tout ce monde était dans la bonne voie ». Hæres.. xci, P. L., t.xii, col. 1202-1203. En transcrivant cette notice, que d’ailleurs il abrège, saint Augustin fait la remarque que cette attitude d’esprit lui paraît invraisemblable. De hæres., c. lxxii, P. L., t. xlii, col. 44. L’auteur du Prædeslinalus amplifie au contraire la donnée de Philastre, qu’il n’a pas lu et qu’il ne connaît que par Augustin. L. I, hæres., lxxii, P. L., t. lui, col. 612. Toutes nos connaissances reviennent donc au seul Philastre.

Ses renseignements, d’où les tient-il ? Si l’on était sûr de l’authenticité du Contra Apollinarium qui se lit dans les œuvres de saint Athanase, on aurait peut-être la source plus ou moins directe de Philastre. Au t. I, n. 6, dans une diatribe contre les partisans d’une doctrine monophysite — du fait de son contact avec le Verbe, la chair du Christ participe aux attributs de la divinité, elle est incréée — l’auteur, après avoir allégué contre ses adversaires le témoignage de I Joa., i, 1, continue : « Comment dites-vous donc des choses qui ne sont point conformes à l’Ecriture, et qu’il n’est même point permis de penser : vous donnerez ainsi (raison) à tous les hérétiques, selon la pensée très impie de celui que l’on nommait jadis Rhétorius dont il est dangereux d’exprimer l’impiété. Acôctetî y*P tâoiv

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svvoiav àas6eCTTâ-r/jv, ou xotl tï)v àcrsêeiocv è^etTrsïv cpoSepôv. » P. G., t. xxvi, col. 1101 C. Où l’on voit qu’est attribué à un Rhétorius, dont l'état-civil n’est pas autrement précisé, un indifîérentisme doctrinal assez analogue à celui dont parle Philastre. Mais l’authenticité athanasienne du livre en question paraît indéfendable. La date même de la composition est incertaine. Si, comme le veulent beaucoup de critiques, il ne faut pas trop éloigner cette date de la mort d' Athanase (3 mai 373), le passage en question a pu servir plus ou moins directement à Philastre. Mais ne serait-il pas possible d’imaginer le rapport inverse ? Le monophysisme très net qui se trahit ici et qui n’a pas grand' chose de commun avec l’apollinarisme proprement dit paraît plus tardif.

Ces rapports entre les deux textes de Philastre et de Pseudo-Athanase fussent-ils précisés, que l’on ne serait pas encore renseigné sur notre Rhétorius. Fabricius, dans ses annotations à Philastre, P. L., ibid., a conjecturé qu’il faudrait reconnaître sous ce nom le rhéteur Thémistius, un des plus brillants représentants de la deuxième sophistique (317-388). On trouve de fait à plusieurs endroits de l'œuvre de cet orateur païen des