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RICHER (EDMOND) RICHOU (LÉON ;


quinque divisa libros, Paris, 1701, 2 vol. in-4°, dont le manuscrit, plus complet que l’imprimé, se trouve à la Bibliothèque nationale, mss. latins, n. 16 062-16 065 ; cet écrit attaque très vigoureusement les adversaires de Richer, en particulier Duval (Mémoires de Trévoux de janvier 1703, p. 3-23) ; Edmundi Richerii de potestate Ecclesise in rcbus lernporalibus et defensio articuli quem terlius ordo comiliorum regni Francise pro lege fundamenlali ejusdem regni defigi poslulavil, annis 1614 et 1615, Cologne, 1092, in-4° (Bibliothèque nationale, mss. latins n. 16 061-16 062) ; Historiaconcilioram generalium in quatuor libros dislribula, Cologne, 1680, 3 vol. in-4° et Rouen, 1683, 3 vol. in-8° ; dans cet écrit, Richer entreprend de prouver, par l’histoire des quinze premiers siècles de l'Église, la légitimité de sa doctrine ; Traité des appellations comme d’abus ; que c’est un remède conforme à la loi de Dieu, lequel a donné aux rois et princes chrétiens l' Église en protection et pareillement tous les sujets qui vivent en leurs Étals sans nul excepter, pour leur faire garder la loi divine, naturelle et canonique et en rendre compte à Dieu seul, et juger souverainement de toutes sortes de faits qui peuvent naître en l'Église, comme de chose appartenante à la discipline extérieure, Paris, 1763, 2 vol. in-12 ; dans cet écrit qui, au dire de Richer, est le premier et le plus ancien traité des appellations comme d’abus, l’auteur veut prouver la souveraineté des piinces séculiers depuis le temps des apôtres jusqu’au xvie siècle et il raconte l’histoire des démêlés de l'évêque d’Angers, Charles Miron, avec son chapitre.

Dans ces divers écrits, Richer a exposé la doctrine du gallicanisme politique, que le Tiers état affirma aux États généraux de 1614. On peut ramener cette doctrine aux points suivants : 1° Droit divin des rois, ou plutôt des régimes ; 2° Indépendance absolue du pouvoir civil : la puissance temporelle et la puissance spirituelle sont souveraines, chacune dans son domaine propre ; 3° Autorité purement spirituelle de l'Église : pas d’immunités ecclésiastiques pour les personnes et pour les biens. L'Église n’a d’autres droits temporels que ceux qui lui ont été concédés par le pouvoir civil ; les pouvoirs de l'Église sont exclusivement spirituels ; l'Église n’a donc pas le droit de coaction ; 4° Puissance du souverain sur l'Église, qui reste soumise au roi en tout ce qui se rapporte d’une manière quelconque au gouvernement civil, ainsi la convocation des conciles généraux appartient au souverain temporel ; de même, l’administration particulière de l'Église. Les libertés de l'Église gallicane la rendent indépendante du pape, mais la soumettent au souverain temporel. On a pu dire que le gallicanisme politique réalise dans l'État ce que le cartésianisme réalise en philosophie : il affranchit l'État de l’autorité ecclésiastique. Du point de vue doctrinal, d’après Richer, le pape n’est que le chef ministériel de l'Église, dont le chef essentiel est Jésus-Christ ; d’autre part, « l’infaillibilité appartient à toute l'Église, ou au concile général qui la représente ; c’est au concile général que reviennent toutes les controverses, comme au dernier et infaillible tribunal, contenant toute la plénitude de la puissance ». Le pape lui reste soumis, car Jésus-Christ a confié les clés, c’est-à-dire, la juridiction ecclésiastique, en commun et d’une manière indivise « à tout l’ordre sacerdotal », qui était représenté par les apôtres et les soixante-douze disciples ; aussi la puissance d’ordonner et de faire des lois infaillibles réside dans l'Église universelle ; c’est pourquoi les évêques ont une juridiction immédiate, et ils sont indépendants du pape dans l’exercice de leur autorité.

Richer intervint dans les polémiques soulevées par Antoine Santarelli jésuite, qui avait attaqué l’autorité des rois et s’appliqua à justifier la conduite de la Sorbonne qui avait comlamné l'écrit intitulé llisloria

rerum gestarum in Facullate théologien Parisiensi pro el contra censuram libri Anlonii Sanclarclli jesuilæ, quem librum memorata Facullas censura notavil anno 1626 (Bibl. nat., ms. latin n. 13 639) ; l'écrit intitulé Relation véritable de ce qui s’est passé en Sorbonne les 15 de mars, 1 er d’avril, 2 de mai 1626, le 2 de janvier et le 1° de février 1627, s. 1.. 1629, in-8°, n’est qu’un extrait de l’ouvrage précédent. Richer avait déjà publié les Raisons pour les condamnations ci-devant faites du libelle Admonilio, du livre de Sanlarel et autres semblables, contre les Santarellistes de ce temps et leurs fauteurs, par un Français catholique, s. 1., 1626, in-8°.

Enfin, pour justifier sa propre conduite.Richer avait composé une histoire de la Faculté de théologie de Paris, sous le titre Historia Academiie Parisiensis, 6 vol. in-fol., à la Bibliothèque nationale, ms. latin n. 9&f3-9948, dont un fragment se trouve, ibid., ms. français n. 10 561, sous le titre Edmundi Richerii fragmentum historiée Académies Parisiensis, tempore unionis vulgo La Ligue post mortem Henrici III, hoc est, ab anno 1589 ad annum 1595. Le travail de Richer renferme de très nombreux documents et doit être consulté, même après Y Historia Universilatis Parisiensis de Boulay. Le manuscrit latin n. 13 884 est un recueil de morceaux choisis par un prêtre nommé Mûrie et intitulé C.ollectio ex Richerio. Richer avait rédigé une Histoire du syndicat d’Edmond Richer, qui fui publiée a Avignon en 1752 et se trouve en copie ms. à la Nationale, ms. fr. 10 561. Il faut ajouter enfin que Richer avait une grande admiration pour Jeanne d’Arc ; il avait composé une Histoire de la Pucelle d’Orléans, in-fol., à la Bibl. nat., ms. fr. n. 10 448. qui comprend une Vie de la Pucelle, son Procès, la Revision du procès et les Témoignages en faveur de la Pucelle. Philippe Hector Dunaiid a publié dans le Correspondant du 10 mai L903, p. 534-548, un article intitulé : Le premier historien en date de Jeanne d’Arc, Edmond Richer, docteur de Sorbonne, syndic de la faculté de théologie et de T Université de Paris (édité à part, Toulouse et Paris, 1904, in-8°).

Michaud, Biographie universelle, t. xxxv, p. 646-648 ; Hoeter, Nouvelle biographie générale, t. xi.ii, col. 2-18-249 ; Moréri, Le grand dictionnaire historique, t. ix, 175'.), p. 190191 ; Nicéron, Mémoires pour servir à l’histoire des hommes illustres, t. xxvii, p. 356-373 ; Ladvocat, Dictionnaire hislorique, littéraire et critique, t. III, p. 294-295 ; Barrai, Dictionnaire, t. iv, p. 106-112 ; lit. du Pin, Histoire ecclésiastique du X VWsiécle, t. i, p. 377-425 ; Ad. Baillet, I.a oie d’Edmond Richer, docteur de Sorbonne, Liège, 1714, in-8° ; Bruxelles, 1715 ; Amsterdam, 1715 ; s. 1., 1734 ; c’est fa reproduction, avec quelques passages supprimés, du ms. f r. de la Bib. nat., n. 2109 ; Puyol, Edmond Richer, Étude historique et critique sur la rénovation du gallicanisme au commencement du XVII" siècle, Paris, 1870, 2 vol. in-8°, ouvrage très complet ; Féret, La faculté de théologie de Paris et ses docteurs les plus célèbres. Époque moderne, t. IV, 1906, p. 1-24 ; P. Prat, Recherches historiques et critiques sur la Compagnie de Jésus en l 7 rance au temps du P. Coton, t. ii, p. 365-438 ; Victor Martin, Le gallicanisme et la réforme catholique, Paris, 1919, in-8°, p. 361364 ; du même dans la Revue des sciences religieuses, t. viii, 1927, p. 31-42 : L’adoption du gallicanisme politique par le clergé de France (paru en volume, Paris, 1928) ; Préclin, Les jansénisles du XV 111° siècle et la Constitution civile du clergé, Paris, 1929, in-8°.

J. Carreyre.

    1. RICHOU Léon##


RICHOU Léon, né à Angers le 25 mars 1823, fit ses études à la maîtrise de la cathédrale, puis au petit séminaire de Montgazon. Le 23 octobre 1842 il entrait au grand séminaire d’Angers : son cours régulier achevé, se sentant de l’attrait pour la vocation sulpicienne, il vint à Paris le Il octobre 1845, et l’année suivante à la Solitude. En 1847, il fut envoyé au séminaire de Rodez, où il passa le reste de sa vie, c’est-à-dire quarante ans, d’abord économe, puis professeur d'Écriture sainte et d’histoire. Ses dernières années furent éprouvées par la maladie, et le 21 novembre 1887, il