lement a été conservée, ont été la source immédiate el comme le premier jet de son ouvrage imprimé. Nieremberg lui attribue en outre des études sur la théologie morale, a doctes écrits, fort recherchés » ; le célèbre moraliste Thomas Sanchez s’en serait inspiré dans ses Consilia. Ils ne nous sont pas parvenus.
2° Son grand ouvrage, le seul qu’il ail publié lui-même, la Pratique de la perfection chrétienne, le range parmi les meilleurs auteurs spirituels espagnols de la grand.- époque et lui a valu sa réputation traditionnelle.
1. Éditions et traductions.
La 1e édition parut à Séville en 1609 : Exercicio tic perfeccion y virtudes cristianas, 3 vol. L’auteur publia, également à Séville, une 2 édition en 1611-1612, et une 3 « en 1615-1616. Il ne semble pas avoir connu l'édition qui paru ! à Barcelone en 1613. L’ouvrage eut un succès extraordinaire, bai Espagne, on en compte quarante-quatre réimpressions complètes et douze partielles. Il a élé traduit en une vingtaine de langues.
Les traductions françaises sont au nombre de huit, dont six appartiennent au xvir 8 siècle. La première parut à Paris dès 1621, œuvre du I'. Duez, jésuite I. ; : meilleure de toutes est celle de l’abbé Régnier-Desmarais, Paris, 1675-1679. Faite sur l'édition de 1615 que l’auteur lui-même avait revue et corrigée, elle est devenue classique et a été souvent réimprimée jusqu'à nos jours. Une nouvelle traduction a été publiée par l’abbé Crouzet, Paris, 1X(>3. Parmi les anciennes versions, il en est une qui constitue une curiosité théologique : un Rodriguez jansénisant. bile parut, sans nom de traducteur, à Paris chez Coignard en 1673, fut rééditée à Paris en 1074 et à la même date à Avignon. Comme elle est dédiée à Mgr de Gondrin, archevêque de Sens, ami des jansénistes et grand adversaire des jésuites, on l’a attribuée à son grand-vicaire Alexandre Varet, auteur d’un ouvrage janséniste sur la pénitence publique. En fait, elle est de Nicolas Binet, avocat au parlement de Paris, ami de Port-Royal, comme l’indiquent du reste les initiales N. B. A. A. P. D. P.. dans le Privilci/e du Pat/ (Ouérard, Supercheries littéraires, t. II, 1234). D’après de Hacker, transcrit par Sommervogel, t. vi, col. 1954, Régnier-Desmarais accuse le traducteur d'à voir altéré le texte espagnol dans plusieurs endroits… et surtout dans le c. x du premier traité, où, dit-il, en parlant de la grâce, on prêle à l’auteur des termes tout contraires aux siens ». De Hacker ne dit pas où l’abbé a formulé ce reproche ; il ne figure pas dans sa traduction (du moins dans les éditions de 1675 et 1699 et les réimpressions récentes). Il est exact que dans le chapitre en question, la traduction de Binet est parfois tendancieuse, s' efforçant de déprécier la grâce suffisante. Il écrit par exemple : « Outre cette grâce suffisante, il y en a une autre plus particulière, qui est lu vraie grâce ilu Sauveur, sans laquelle nul ne peut résister en effet à la tentation ni lu surmonter. < Les mots soulignés ne figurent pas dans le texte espagnol. La même tendance apparut en d’aulres passages fin même chapitre.
2. //(// el analyse. Comme l’expose l’auteur dans la préface, son ouvrage a été composé à l’aide des conférences spirituelles que, pendant plus de quarante ans, il avait faites aux novices et aux religieux de son ordre. Son but principal est d'être utile a l’avancement spirituel de ses frères : Cependant, ajoutc-t-il. » j’ai essayé de disposer cet ouvrage de manière qu’il fût utile non seulement a toute notre Compagnie en particulier (d à tous les religieux, mais aussi à Ions ceux en
général qui aspirent a la perfection du christianisme. C’est pourquoi, continue t-il, il l’a intitulé Pratique de la perfection chrétienne, parce que les choses y sont traitées
d’une manière qui en peut rendre la pral ique I rès aisée. L’ouvrage est divisé en trois parties. I.a première,
Divers moyens pour progresser dans la vertu et la perfection, comprend huit traités : l’estime et le désir de
notre avancement spirituel ; la perfection des actions ordinaires : la pureté d’intention ; l’union et la charité fraternelle ; l’oraison : l’exercice de la présence de Dieu : l’examen particulier ; la conformité à la volonté de Dieu. La deuxième partie a pour titre : Pratique de quelques vertus qui conviennent à tous ceux qui veulent servir Dieu. Elle contient les huit traités suivants : la mortification ; la modestie et le silence : les tentations : l’amour déréglé des parents ; l’humilité ; la tristesse et la joie ; les trésors que nous possédons en Jésus-Christ et la manière de méditer sa passion : la sainte communion et la messe. Comme l’indiquent leurs titres et les sujets traités, ces deux parties conviennent à toute âme désireuse de servir Dieu parfaitement. La troisième partie, Pratique des vertus qui conviennent à l'élut religieux, s’adresse aux religieux et plus particulièrement aux membres de la Compagnie de Jésus.
La composition est méthodique et d’une clarté limpide mais abondante et quelque peu lâche. Rien d’ailleurs de sec ou de compassé ; on trouve à chaque instant quelque trait bien amené, de petits tableaux, des comparaisons piquantes ou gracieuses, des dictons populaires pleins de saveur. Il serait déplacé de reprocher à l’auteur un manque de sens critique en matière d’hagiographie ou d’histoire ecclésiastique : il est de son temps.
III. Doctrine spirituelle.
Le caractère de l'œuvre de Rodriguez ressort du but qu’il s’est tixé et que le titre lui-même indique : c’est un ouvrage d’initiation pratique à la vie spirituelle accommodé à l’usage de tous les chrétiens de bonne volonté. Ce caractère pratique, qui en fait le principal mérite, en marque aussi les limites : il ne faut pas y chercher un système ou des théories en forme ; même les considérations pratiques sont à prendre dans leur ensemble, car elles se complètent et à l’occasion se corrigent les unes les autres.
Le premier traité, De l’estime et du désir de notre avancement spirituel, ne met en avant que des motifs spirituels « intéressés », considérés sans doute comme plus efficaces en règle générale pour les débutants. Mais le troisième traité, De la pureté d’intention, amène déjà l'âme progressivement jusqu’au niveau du « pur amour », qu’il enseigne explicitement d’après saint Ignace. C. xiv.
Par le traité De l’oraison, Rodriguez prend bonne place dans le mouvement de vulgarisation de l’oraison mentale. Celle qu’il enseigne est active : c’est la méditation des mystères de la vie de Jésus-Christ, telle qu’il l’a reçue des Exercices de saint Ignace. Cependant, en conseillant d’insister sur les « mouvements affectueux de la volonté et de s’y arrêter selon l’attrait de l'âme, Rodriguez en vient à recommander une sorte de contemplation active, c. xii et xiii, comme le note M. Pourrai, I.a spiritualité chrétienne, t. ni. Impartie, p. 318 ; mais là encore, le caractère « pratique » et effectif de l’oraison garde toujours ses droits dans les résolutions finales, c. xiv.
Pour l’oraison passive, il se défend de l’enseigner. puisqu’elle dépend de la seule initiative de Dieu. C. IV. A vrai dire, il ne l’envisage en cet endroit que dans ses formes les plus élevées et les plus extraordinaires : aussi en déconseille I-il le désira des lecteurs peut-être encore trop peu avancés. Il insiste surtout sur la longue préparation que suppose la " vie contemplative ainsi entendue, dont il ne prétend d’ailleurs nullement Interdire l’accès aux âmes dùment préparées. C. iv-vi.
Rodriguez n’a pas, vis-à-vis des voies passives, une attitude d’opposition systématique, bien qu’il manifeste à leur égard en plusieurs endroits une réserve lies prudente et quelque peu craintive. Pour l’expliquer, M. Pourrai, op. cit., p. 31."), rappelle qu’il fut témoin des troubles causés par le mouvement de mysticisme exagéré qui se produisit autour du P. Halthazar Alva-