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ROLLE (RICHARD ;

ROLLIN (CHARLES)

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Rolle a beaucoup écrit, soit en latin, soit en anglais ; plusieurs de ses œuvres composées en latin ont été mises en anglais et inversement, ce qui complique un peu son histoire littéraire, car il n’est pas toujours facile de savoir quelle est la langue originale de tel ou tel traité. Parmi les œuvres latines ont été publiés : De emendatione vitæ ou De emendalione pcccatoris, publié en 1510. que l’on trouvera réimprimé dans la Maxima bibliolhcca vct. Patrum, éd. de Lyon, t. xxvi, 1677, p. 609-618, et dont l’allure générale, l’inspiration et le style même font songer à l’Imitation ; des Explanaliones notabiles, commentaire sur le livre de Job (publié à Paris, en 1510, avec le précédent comme appendice, au Spéculum spirilualium) ; De incendio amoris et Eulogium nominis Jesu, publiés tous deux à Anvers en 1 533 avec le De emendatione, et que l’on trouvera dans la même Biblioth. Patrum, ibid., p. 629-032 et 627-629. En 1535 et 1536 parut à Cologne D. Ricliardi Pampolitani (sic) Anglosaxonis eremilcC, viri in divinis scripluris ac veteri illa solidaque theologia eruditissimi, in Psalterium davidicum, atque alia quædam sacra ; Scripluræ monunienla compendiosa justaque pia enarralio, qui ajoutait aux textes susdits une paraphrase des Psaumes et de certains passages des Lamentations de Jérémie, des divers « cantiques « insérés au bréviaire, de l’oraison dominicale, du symbole des apôtres et du symbole de saint Athanase (ces trois derniers commentaires sont réimprimés dans la Biblioth. Patrum, ibid., p. 618-627).

L'œuvre anglaise de Rolle a attiré l’attention des philologues qui ont étudié sa traduction du psautier et d’autres textes scripturaires (Job, Jérémie). Deux des traités latins, le De incendio amoris et le De emendalione vitæ avaient été traduits en anglais en 14341435 par Richard Misyn, cette traduction a été publiée dans Early english Texl society, n. 106, Londres, 1896. Deux traités en prose, composés par Hampole en anglais ont été publiés en 1506 : Conlemplacyons of the drede and loue of God, et The remedy ayenst the troubles of (emptæyons. Un long poème, consistant en un prologue et sept livres, est intitulé Pricke of Conscience, il a été traduit en latin, Stimulus conscientiæ ; c’est une méditation passablement pessimiste sur le début de la vie humaine, l’instabilité des choses de ce monde, la mort et ses suites. L’auteur s’inspire du De conlemplu mundi d’Innocent III, du Compendium theologicæ verilatis d’Hugues de Strasbourg, de YElucidarium d’Honorius Augustodunensis. Les mss. sont extrêmement nombreux ; une édition en dialecte northumbrien (la langue originale) a été donnée en 1863, pour la Philological society, t. vi, par le Rev. R. Morris. Au moins aussi intéressants que le Pricke of Conscience sont les paraphrases anglaises des psaumes et des cantiques, publiées en 1884 par le Rev. H. R. Rramley. Dix autres traités en prose ont été donnés en 1866 par G. -G. Perry dans Early english Texl society, n. 20 (réédit. en 1921). Dans son livre sur Richard Rolle, C. Horstmann a publié un nombre assez considérable de courts poèmes et de lettres de son héros. Ces diverses publications permettent de fixer exactement la position de Rolle. Encore que les lollardsde l'âge suivant aient essayé de le tirer à eux, il nous apparaît d’une orthodoxie audessus de tout soupçon. Sans doute, ce n’est pas un théologien scolastique et il est plus familiarisé avec l'Écriture et les Pères de l'Église, jusques et y compris saint Bernard, qu’avec les docteurs du xme siècle. Les plaintes qu’il laisse échapper sur la corruption des mœurs de son temps se retrouvent en nombre d’auteurs contemporains ou postérieurs. Rien de tout cela ne compromet sa doctrine spirituelle et il faut lui rendre cette justice qu’il a cherché à mettre à la portée de la masse chrétienne la vie contemplative dont il avait lui-même expérimenté la douceur et l’efficacité.

Il y a une monographie importante : C.Hoistmtimi, Yorkshire irriter* : Richard 1 <>lh of Hampole, an english Faiherof ihe Churcl and his follotvers, l.o.idres, 2 vol., 1805-1 806, qui renverra : m études antérieures assez nombreuses, et plus encore en Allemagne qu’en Angleterre ; art. Holle Richard ( hit-lion, of national biograpiuj, t. xmx, 1897, ꝟ. 164-160 ; The calhol. Encyclo/ edia, t. xiii, p. 119.

É. Amann.

ROLLIN Charles (1661-1741), né à Paris, le 30 janvier 1661, fit ses humanités au Collège du Plessis et suivit les cours de théologie en Sorbonnc. Il fut tonsuré et ne voulut recevoir aucun ordre. Encore jeune, en 1683, il fut professeur de rhétorique au Collège du Plessis, puis professeur au Collège de France, en 1688, et recteur de l’université de Paris (1694-1696) et enfin principal au Collège de Beauvais (1696-1712) : il s’attacha à l’abbé d’Asfeld, ardent janséniste, et au P. Quesnel, qui vint le voir au Collège de Beauvais. Il fut toujours opposant à la bulle Unigenitus, 't c'<st à ce titre qu’il collabora aux Nouvelles ecclésiastiques. Il fut partisan des Convulsions. En 1720, il fut de non veau recteur de l’université, mais il vécut presque toujours dans le silence, il mourut à Paris le 14 septembre 1741.

Rollin a composé un grand nombre de harangues latines ; il a rédigé neuf pièces de poésie latine, réunies sous le titre de Selecta carmina clarissimorum quorumdam in Vniversitale professorum, Paris, 1727, in-12 ; son principal écrit, connu sous le titre de Traité des études. est le traité De la manière d’enseigner et d'étudier hs belles-lettres, par rapport à l’esprit et au cœur, Paris, 1726-1728, 4 vol. in-12 : Rollin y propose trois maximes essentielles : 1. renseignement a pour objet la formation du jeune homme parle développement i ormal de ses facultés ; 2. l'éducation doit primer l’enseignement ; 3. il n’y a pas d'éducation vraie sans la religion ; il faut user de persuasion et de douceur et ne se servir de châtiments et de verges que par exception. L'écrit de Rollin fut critiqué par Gilbert., ancien recteur de l’université, qui, dans ses Jugements des savants sur les maîtres d'éloquence et dans un autre Recueil publié en 1727, fit des Observations sur le traité de Rollin ; de même, l’abbé Bellanger. sous le i seudonyme de Van der Meulen publia des Essais critiques sur les écrits de M. Rollin, Amsterdam, 17IO, in-12, et un Supplément en 1741 (voir abbé Richard, Discours sur le Traité' des études de Rollin, Dijon. 1883, in-8°). Rollin lui-même publia un Supplément au traité de la manière d’enseigner et d'étudier les belles-lettres, Paris, 1734, in-12. Le Traite des études a été plusieurs fois réédité, en particulier à Paris, en 1840. Rollin a également publié une Histoire ancienne des Égyptiens, des Carthaginois, des Assyriins, des Babyloniens, des Mèdes et des Partîtes, des Mue, ' doniens, des Grecs, Paris, 1730-1738, 13 vol. in-12, réédité à Paris, 1846-1849, en 10 vol. in-12, ave les additions de Letronne, qui publia toutes les Œuvres de Rollin, Paris, 1821-1825, 30 vol. in-8°. Il faut citer aussi une Histoire romaine depuis la fondation île Rome jusqu'à la bataille d’Actium, dont le t. i parut en 1738 et le t. vi, en 1711 ; les volumes suivants, préparés en partie par Rollin, ne furent publiés qu’après sa mort, par Crevié, son disciple. Enfin M. Aug. Gazier a publié dans ses Mélanges de littérature, p. 183-193, Paris. 1904, in-12, un chapitre intitulé : Rollin défenseur de l’Université contre les jésuites ; fragments d’un Mémoire inédit, daté du 15 septembre 1739 : Rollin y défend les thèses jansénistes contre la bulle Unigenitus « qui n’apporte, dit-il, que trouble et confusion » et il s’y élève fortement contre l’ultramontanisme et le molinisme.

Au xix c siècle ont paru plusieurs éditions, plus ou moins complètes des Œuvres de Rollin. Paris, 1 80$1-$2 81 1 1, 60 vol. in-8° ; 1818, 18 vol. in-8° ; Paris, 1821-1827.