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ROMAINS (ÉPITRE AUX). CRITIQUE TEXTUELLE


leçons de l’ancienne version latine et dos corrections d’après le texte grec oriental. Elle réagit contre le texte occidental et elle est d’une meilleure tenue liltéraire que l’ancienne latine. L’édition de Wordsworth et White. Novum Testamentum Domini nostri Jesu Christi latine, pars 1°, fasc. 1. Epistola ad Eomanos, Oxford, 1913, contient un riche apparatus pour les versions latines. La petite édition, par White, Novum Testamentum latine, editio minor, Oxford, 1911, est reproduite dans l’édition du texte de Nestlé etdellerk.

3. Le troisième groupe de témoins représente le texte « syrien » ou « antiochien », celui de Basile, d’Éphrem, de Jean Chrysostome, de Théodoret. Il doit probablement sa formation a la receusion faite par le prêtre Lucien, à Antioehe, avant 312. Cf. Nestle-Dobschûtz, op. cit., p. 26-27. Son caractère est celui d’un texte « revu et poli à l’usage des gens cultivés », Lagrauge, op. cit., p. 486. (l’est d’ailleurs ce qui a fait sa fortune comme texte officiel de Byzance.

Il a assez faiblement subi l’influence du texte occidental. Ce sont plutôt les manuscrits gréco-latins qui auraient subi son influence dans les leçons coulantes. Yon Soden le représente par A’( Koiné), Lagrauge. par A. L’on n’accorde en général (pupeu de valeur aux leçons propres de ce type de texte.

Les onciaux qui le représentent ne sont pas antérieurs au IXe siècle. Citons les suivants : K*P{018 ; I 1 ] ; du ix c siècle, contient les épîtres catholiques et saint Paul, avec des notes marginales ; au Mont Athos. — i>P [020 ; a 5], du IXe siècle, contient les Actes, les épîtres catholiques et saint Paul ; Biblioteca Angelica. 39, Rome. — P a P r [025 ; a 3], du IXe siècle, palimpseste de 1301, contient les Actes, les épîtres catholiques, saint Paul et l’Apocalypse ; oflre des lacunes pour l’Épître aux Romains : ii, 15-ni, 5 ; viii. 33-ix, 11 ; xi, 22-xii, 1 ; pour les épîtres pauliniennes il se rapproche beaucoup de AC.

A ce groupe appartient la version syriaque Peschitto, du ve siècle dans sa forme actuelle. On en trouvera le texte dans l’édition de Vienne, 1555, par J, A. Widmanstad et Moïse de Mardin, el dans l’édition de J. Lerisden et C. Schaaf. Novum Testamentum sijriucum cum versione latina, Leyde, 1708-1709, reproduite dans les polyglottes de Londres et de Paris ; également dans l’édition en caractères orientaux publiée à Mossoul par les dominicains, 3 vol., LS87-1892. Voir aussi The New Testament in syriac, édition de la Société biblique de Londres, t. n (Épîtres), 1920. Pour les épîtres de saint Paul, comme pour les évangiles, celle version est la revision d’une ancienne version syriaque dont on retrouve le texte dans les citations de saint Éphrem et parfois aussi dans celles d’Aphraate : cf. Patr. sur., t. i, p. xxvii.

Malheureusement nous n’avons plus en syriaque le commentaire de saint Éphrem sur les épîtres de saint Paul. Il nous est parvenu sous une forme abrégée dans une version arménienne traduite en latin par les méchitaristes de Venise : J. Ephrœmi Syri commentarii in epistolas D. Pauli nunc primum ex armenico in lalinum sermonem a patribus Mekilarislis translali, Venise, 1893. Cette traduction permet de reconnaître dans bien des cas la leçon suivie par saint Éphrem. En général, saint Éphrem est moins près du texte antiochien que la Peschitto. Il n’est point démontré, comme l’a soutenu von Soden, que la Peschitto ait eu une grande influence sur les manuscrits grecs, pour les leçons où elle s’écarte du texte antiochien. Cf. Lagrauge, op. cit., p. 517.

Notons, dans le même groupe, la version gothique, qui dut être faite vers 350. Les épîtres de saint Paul ne nous sont parvenues qu’à l’état fragmentaire dans trois manuscrits très peu différents du vie siècle et un manuscrit gothique-latin du ve. (Voir col. 2852) Cette version appartient nettement au texte antiochien, mais elle a

subi aussi assez nettement l’influence de l’ancienne version latine, surtout dans saint Paul. Voir W. Streitberg. Die gotische Bibel, Heidelberg, 1908, dans Germanische Bibliothek, t. ii, Abt. 3, et 2 1 -’éd., 1919.’3° La critigue textuelle. — Dans le système de "West-COtt-Hort, suivi d’assez près par Grégory, on attribuait une grande autorité aux anciens manuscrits onciaux B, N, A, C, représentant les textes dits « neutre » et « alexandrin », tout en reconnaissant dans B, pour les épîtres de saint Paul, des retouches dans le sens du texte occidental.

Von Soden a suivi une voie assez différente. Il a regardé ces témoins anciens comme appartenant tous au même type et représentant un texte revisé par Hésychius à Alexandrie entre le nre et le IVe siècle. Ils auraient fortement subi l’influence d’Origène et leurs variantes singulières perdraient de ce fait leur valeur. Par ailleurs von Soden accorde beaucoup d’autorité aux manuscrits du type occidental D, E, G, F, manuscrits gréco-latins, où le grec a subi l’influence de la version latine. Les leçons anciennes particulières de ce texte, en ce qui concerne saint Paul, s’expliqueraient surtout par l’influence de Marcion. On les retrouverait dans les citations de Tertullien et d’Origène.

D’autres critiques estiment que von Soden a déprécié injustement les anciens manuscrits onciaux, contre Lsquels ne sauraient prévaloir ni la recension antiochienne du texte, recension représentée par des témoins relativement récents, ni le texte auquel appartiennent les manuscrits gréco-latins. Ce dernier texte d’ailleurs forme un ensemble beaucoup trop complexe pour que l’on puisse le qualifier de recension unique. Cf. Xestlo-Dobsehutz, op. cit., p. 75 ; Erwin Nestlé, Novum Testamentum græce et latine, 11e éd., 1932, p. l.’i* ; Lagrange, Épître aux Romains, introduction, p. i.wi sq. ; Critigue textuelle, t. ii, p. 483. D’ailleurs les papyrus les plus anciens, surtout P 10, P 27 et P", sont eu faveur des onciaux dont B est le principal représentant.

D’autre part le texte de Marcion a-t-il eu sur le texte des épîtres de saint Paul toute l’influence que certains lui ont attribuée ? Il y a une cinquantaine d’années, l’un des principaux représentants de l’école hollandaise, Van Manen, prétendait que le texte original de l’Épître aux Romains devait être le texte marciouite, dont il avait essayé une [restitution. En dehors de ce texte il ne voyait que des interpolations. Cette thèse extravagante a été reprise de nos jours et accentuée par un groupe de néo-critiques que nous retrouverons, col. 2857 sq. Sans tomber dans ces extravagances, von Soden a attribué à Marcion une certaine influence sur le texle des épîtres de saint Paul, comme au Diatessaron de Tatien sur le texte des évangiles. Die Schrijten des Neuen Testaments, p. 21)28-2(135. De l’ait, Marcion, pour établir sa doctrine, s’appuyait sur saint Paul dont il altérait délibérément le texte authentique. Dans quelle mesure ces leçons marcionites se sont-elles introduites dans la tradition manuscrite ? Pour en juger il faudrait pouvoir comparer le texte de Marcion à un texte non recensé. Harnack a restitué avec vraisemblance le texte grec de Marcion. Voir art. Marcion, t. ix, col. 2081. Mais où prendre le second terme de comparaison ? Lorsque Marcion s’accorde avec D et la version latine ancienne contre les recensions égyptienne et antiochienne, doit-on conclure qu’il a influencé le texte occidental ou bien supposer que lui-même dépend de ce texte dans la plupart des cas ? L’on aurait tort sans doute de poser en principe l’une aussi bien que l’autre de ces deux alternatives. Lorsque Marcion vint en Italie vers l’an 140, emportant vraisemblablement avec lui son texte propre, existait-il déjà un texte du type occidental ? La chose est très vraisemblable et elle semble confirmée par les cita-