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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 13.2.djvu/723

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ROM VINS ÉPI T R E AUX). 1 N T E G R T T E
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turc du christianisme avec le judaïsme et la Loi. Elle marquerait le triomphe des idées hellénistiques mul’esprit juif. Ce progrès ou cette réforme de l’ancien type du christianisme, nous dit on, n’aurait pu se taire au premier siècle. Il faudrait eu dire autant de l'Épître aux datâtes. Un tel raisonnement ne tient point compte du caractère et de la personnalité de saint Paul, de sa formation, de ses expériences, ni de ses révélations. C’est bien la puissante originalité de l’Apôtre, mise au service de la Providence, qui a consommé la rupture du christianisme avec le judaïsme. L'Épître aux Romains est une œuvre trop personnelle et trop vivante pour que la critique même la plus audacieuse réussisse à la faire passer pour l'œuvre d’un ou de plusieurs rédacteurs obscurs du iie siècle. Cf. Moll’at. op. cit., p. 144.

3° La tradition manuscrite et l’intégrité. Toutefois la question d’authenticité et d’intégrité se pose pour un certain nombre de passages, spécialement pour les deux derniers chapitres et la doxologie, xvi, 25-27. Pour ces divers passages la tradition manuscrite est demeurée hésitante et il appartient à la critique textuelle de se prononcer sur leur origine. L’exégète et le théologien ont le plus grand intérêt à connaître les éléments de discussion pour chacun de ces textes, (l’est pourquoi nous avons jugé utile de les exposer dans cet article.

I, 7. — La majorité des témoins donne le texte ~5at.v toïç oùctiv èv 'Pd>p.?] àyaTr^Toïç 0eo>j ; Vulgate : omnibus qui sunt Romse dilectis Dei. Origènc donne la même leçon dans In Joann., viii, 1 s, éd. Preuschen, p. 304 ; P. G., t. xiv, col. 536. Origène-Rufin, In Rom., donne le même texte que la Vulgate. Toutefois une scholie au texte dont se servait Origène note que èv 'PwjXT), ne se trouve « ni dans l’explication, ni dans le texte ». Cf. Bauernfeind, Texte und Untersuchungen, t. xi.iv, 1921, ». 91, cf. p. 84. Les mss. Gp et g oui.' : lent ('gaiement èv 'Pé>U.fl et modifient le texte de la façon suivante : ttôcctiv toïç oùcrv èv oeyi-r, (-so’j, omnibus </ui sunt in caritate Dei. D’autres témoins portent à la fois liomir et in caritate ; tel est le cas de l’Ambrosiaster, P. L.. t. xvii, col. 51, note a, et du end. Fuldensis de la Vulgate. Le texte de Pelage est commecelui de la Vulgate : omnibus qui sunt lionne dilectis Dei, P. L.. t. xxx, col. 047. L’Amiatinus de la Vulgat porte : omnibus qui sunt Romse in dilectione Dei. Dans les textes qui portent à la fois Romse et in caritate Dei, Romæ est une surcharge faite au texte déjà corrigé : omnibus qui sunt in caritate Dei. En effet, dans ce der nier texte, les mots in caritate Dei, èv àydarꝟ. 0eo5, sont une correction faite au texte primitif après qu’on < ùl enlevé èv 'Pw(XY). Cette suppression donnait en cllet le texte : toïç ouaiv àyaTC^Toïç 0eoy, ce qui rendait anormal l’emploi de ooaiv. Voir un cas analogue dans le texte de l’adresse de l'Épître aux Éphésiens.

Les variantes se sont introduites par étapes : SUD pression de Romse, puis introduction de in caritate. 'Ev 'Vtov( est primitif et conformée la manière de saint Paul. Cf. I Cor., i, 2 ; II Cor., i, 1 ; Phil., i. t. L’absence de ces mots dans certains mss. ne fournit donc aucun argument contre la tradition concernant les desti l laircs de l'épître. L’intérêt de la variante consiste uniquement à rechercher pourquoi on a supprimé le nom de ville. On l’a fait non pas précisément pour donner à la lettre la forme d’une « encyclique adressée à tous les chrétiens », mais pour lui enlever sou caractère local et Irop personnel lorsqu’on la lisait dans d’autres Églises. Le fragment de Muratori insinue que cerl aines épîl res, bien qu'écrites dans un but particulier, se sont répandues dans toute l'Église, ligne 56. De fait, les enseignements de certaines épilres pouvaient être Utiles à toutes les Églises. Saint Paul donnait même parfois l’ordre d'échanger ses lettres. Cf. Col., iv, 16. Zahn,

Rômerbrief, Excursus i. : u Rom., r, 7. p. 615 ; Harnack, Zeitschr. fur die X. T. Wiss., 1902, p. 83 sq. ; Marcion, p. 102* su.

i, 15. — Toïç èv 'P<x>[io manque dans G, où la préposition èv a été reportée devant ùjiïv. Cette correction dans le texte occidental a été ensuite combinée avec le véritable texte, toïç èv 'PwpiY), ce qui a donné lieu à diverses collections dans les témoins du texte occidental, D. </ et plusieurs manuscrits de la Vulgate.

La suppression de èv 'Pd>(ji]r) dans G-g montre bien que, dans les milieux représentés par les mss. grécolatins, on avait tendance à universaliser l'épître pour la lire en dehors de l'Église de Rome. Cette correction, pas plus que la précédente, ne permet de suspecter L’authenticité des destinataires.

i, 10. — Tîct G ? T omettent 7rpcoTov, ce qui donne à la pensée un caractère moins paulinien ; cf. ii, 9, 10 ; II Cor.. VIII, 5. L’apôtre regardait les juifs comme le peuple privilégié. Dans ses missions il s’adressait d’abord à eux. puis sur leur refus se tournait ver-, les païens, Act., xiii, 46 : « C’est à vous d’abord que la parole de Dieu devait être annoncée, mais puisque vous la repoussez et que vous ne vous jugez point dignes de la vie éternelle, voici que nous nous tournons vers les gentils o ; cf. Act., ix, 20, 22 : XIII, 14, 17 sq. ; 12. 11. 15, 50 ; xvii, 2-6 ; xviii, 5-0 ; xix, 8 ; xxviii, 17, 23, 2X..Marcion avait supprimé TrptÔTOv, car cet adverbe donnait aux juifs une priorité qui s’accordait mal avec ses théories. Cf. Tertullien, Adv. Marc., v, 13.

ni, 5. — Origène a connu une curieuse variante. Au lieu de xaià &v6pw : riv "kèyiù, certains mss. donnaient xaTà tcov dLv6po')7twv, sans Xéyo ; afin d’expliquer tt)v ôpy^v. Cette variante ne représente certainement point le texte original ; mais elle a influencé le commentaire d’Origènc, comme nous le voyons dans la traduction de Rufin. P. G., t. xiv, col. 923 sq. Voir par contre col. 920, où Rufin exprime sa préférence pour le texte secundum hnminem. Cf. Zahn, Rômerbrief, Excursus ii, p. 017 sq. ; Bauernfeind, Der Rômerbrieflc.vl des Origenes, dans Texte und Unters.. t. xi.iv, 1921, p. 96.

iv, 1. -Le texte présente plusieurs formes. 1. eùpv]xévat est placé après Ttpo-xTopoc y)u.< : ov par K, L, P, Chrysost. (texte), Peschitto. — 2. Le verbe est omis dans Origène (codex Athos), R. Chrysost. (commentaire). -—3. 1 ! est mis avant A6paàp. dans X ( = S), A, C, boli., sah., 1). G. Vulgate.

La l re leçon donne le sens : « Que dirons-nous donc que notre ancêtre Abraham a trouvé selon la chair ? », c’est-à-dire « par ses seules forces, sans la grâce de Dieu », ou « par la Loi sans la foi ». Ce sens ne s’accorde guère avec la pensée de l’Apôtre. La 3e leçon, au contraire, donne : « Que dirons-nous donc qu’Abraham notre ancêtre, selon la chair (l’apôtre parle comme Juif) a trouvé? » Ce sens s’accorde très bien avec la situation. La 2e leçon ne représente probablement qu’un seul témoin, le texte d’Origènc du Mont Athos, d’où elle est passée dans B et dans Jean Chrysostome (commentaire). Elle rend d’ailleurs la phrase plus facile que les deux autres et s’accorde avec la pensée de l’Apôtre. Cependant elle n’est probablement attestée que par un seul témoin, tandis que la troisième est dans tous les anciens onciaux à l’exception de D, et de plus elle s’accorde parfaitement avec la situation. Sanda> et Lietzmann sont d’avis qu’eôprjxévai a dû être ajouté au texte. Nestlé et Lagrange adoptent la 3e leçon ; Crampon, la l rc. Lu tout cas on expliquerait plus facilement la disparition du verbe que son introduction ; car. en général, les copistes tendent à simplifier le texle. à le rendre plus coulant.

v, 8. Dans ce verset, Bomel ô 6e6ç ; les autres onciaux les plus anciens le placent après dç ^[xâç ; le texte occidental le met avant. fin toute hypothèse le