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ROMAINS (ÉPITRE AUX). LES DEUX DERNIERS CHAPITRES
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2 l. Cette forme est eeile de L, beaucoup de minuscules, Chrysostome, Théodoret, Jean Damascène. Cette recension est donc représentée par un ms. secondaire du IXe siècle, un grand nombre de minuscules et les témoins de la recension antiochienne. — Le f. xvi, 24 varie de place et n’est que la répétition de 20b.
c) Dans la 3e forme, la doxologie xvi, 25-27, se trouve en deux endroits, à la fin du c. xiv et à la fin du c. xvi : i-xiv, 23 + xvi, 25-27 | xv-xvi, 23 -f-xvi, 25-27. Cette forme est celle de A, P, 5, 17, des mss. arméniens. — Le doublet xvi, 24, est omis.
d) La doxologic xvi, 25-27 est omise par beaucoup de témoins du « texte occidental ». Mais dans Gg (greclatin ) G laisse un blanc suffisant pour l’insérer après xiv, 23. Le copiste se réservait de la mettre là ou à la fin. Il savait donc que certains mss. donnaient une doxologic après xiv, 23. Mais ne l’avant point dans le texte de son édition, il se proposait sans doute de la transcrire d’après un autre ms. L’occasion ne s’étant point présentée, le passage est resté en blanc. — Dans Ff (grec-latin), F ne la donne pas, mais / la place après xvi, 24. D la place également après xvi, 24, mais il l’a probablement empruntée à un ms. différent de celui qu’il reproduit, car elle n’est point de la même main. — Pelage la place après xvi, 24 tout en maintenant le ꝟ. 20b, p. £, . } t. xxx, col. 710. — Priscillien omet la doxologic, alors qu’il aurait eu intérêt à la citer dans les Canones, xv et xxvi. Cf. éd. Schepps, Vienne, 1889. p. 118, 121.
Les capitula ou titres des chapitres, transmis dans les manuscrits de la Vulgatc, mais plus anciens que cette version, dénotent l’existence, chez les Latins, d’une recension courte de l’épîtrc, ne contenant pas les chapitres xv-xvi, mais seulement xvi, 24 (ou xvi, 20 b) et la doxologic xvi, 25-27. Dans l’Amiatinus et le Fuldensis l’épître se termine par xiv, 23 + xvi, 25-27. Cf. Wordsworth-White, Novum Testamentum latine, t. ii, fasc. 1, Oxford, 1913, p. 43.
Les deux derniers chapitres manquaient probablement dans le texte primitif de D et G, et peut-être aussi dans les mss. de l’ancienne latine. Cf. de liruyne, dans Revue bénédictine, 19 : >8, p. 423 sq. Ni Tertullien, ni saint Cyprien ne les citent. Saint Irénéc ne les connaît pas. Par contre Clément d’Alexandrie cite xv-xvi et même la doxologic. Strom., iv, 9, 1 ; v, 64, 6 ; cf. éd. Stàhlin, Hegister, p. 19.
D’après Origène (latin), In Rom., xvi, 25, P. G., t. xiv, col. 121)0, Marcion a supprimé la doxologic, penitus abstulit. Origène ajoute, à propos des c. xv-xvi : cuncta dissecuit, ce qui veut bien dire : il a tout « mutilé » ou « déchiqueté » et non » supprimé ». En effet, Origène semble bien opposer cuncta dissecuit à penitus abstulit. Pour lui faire dire que Marcion a supprimé également les deux derniers chapitres il faudrait remplacer dissecuit par desecuil. De plus dans le même passage Origène fait allusion à des manuscrits qui placent la doxologic entre xiv, 23 et xv-xvi, et à d’autres qui la mettent à la fin de l’épître. H qualifie cette dernière place de place actuelle : nunc est position.
Selon saint Jérôme, la doxologic se trouve dans la plupart des mss. : in pluribus codieibus. Il y en avait donc quelques-uns qui ne la donnaient pas. In Eph., m, 5, P. L., t. xxvi. col. 181.
Enfin, le codex Chester Beatty, P"'. contemporain d’Origène, donne le texte … xv, i : ; 2 wi, 25-27’xv, 33 xvi, 1-23. Voir plus haut. col. 2850. Il contient donc les deux derniers chapitres et la doxologie ; mais eu plaçant cette dernière avant XV, 33 qui est une formule de salutation, il détache le c. xvi 1 -23 du reste de l’épître, mais il atteste en même temps l’unité du c. xv avec le reste de l’épître.
2. Interprétation de ces laits.
Selon plusieurs critiques le texte primitif de l’épître se serait terminé
après xvi, 23, sans la doxologic. Puis, de bonne heure on l’aurait écourté en supprimant xv et xvi. Cette opération serait due à l’influence de Marcion qui aurait retranché les deux derniers chapitres. On se réfère au passage d’Origène, discuté ci-dessus. Comme l’épître ainsi mutilée manquait de finale, on y aurait ajouté, pour l’usage liturgique ou la lecture publique, une doxologie qui se trouve maintenant xvi, 25-27, mais qui ne serait paulinienne ni par son contenu ni par son style. Cette doxologie, propagée rapidement par l’usage, se. serait introduite dans la forme primitive du texte, après xyi, 23 ; ce qui aurait donné la forme égyptienne : X (S), B, C, bon., sali., Origène-latin, etc.
D’autre part, des exemplaires de la forme courte, i-xiv, 23. furent complétés par l’addition de xv-xvi qui étaient tombés et on ajouta au tout une finale à la manière paulinienne, xvi, 24 ; cf. II Thess., iii, 18. On eut ainsi la forme : i-xiv, 23 xv-xvi, 23 1-24. Puis ou se servit de cette dernière forme pour compléter la recension courte à laquelle on avait déjà ajouté la doxologic, ce qui donna le texte : i-xiv, 23 + doxologic xvi, 25-27+ xv-xvi, 23 + 24, qui est la forme de la recension antiochienne.
Enfin, le mélange des formes produisit d’une part une forme ayant deux fois la doxologie : i-xiv, 23 + xvi, 25-27 + xv-xvi, 23 + 25-27, forme de A, P, 5, 17, dans laquelle xvi, 24 est omis, considéré comme le doublet de xvi, 20b ; d’autre part une forme ayant une seule fois la doxologie, mais placée après la salutation interpolée à la manière paulinienne, xvi, 24, texte de / et D de seconde main.
Dans cette interprétation de la tradition manuscrite, exposée d’après Lietzmann, Rômer, éd. 1928, p. 131, deux points appellent des réserves. a) Une recension courte de l’épître a certainement existé dans l’Église latine : elle est attestée par de nombreux témoins du texte occidental. Mais il n’est pas prouvé qu’elle ait existé chez les Grecs. De plus, l’origine de cette recension courte est attribué à Marcion, sur un passage d’Origène faussement interprété. Voir col. 2856, 2863. Or, à s’en tenir aux déclarations d’Origène, Marcion avait mutilé les deux derniers chapitres, mais ne les avait pas supprimés comme il avait fait pour la doxologie. Il est très probable que cette recension courte fut faite pour l’usage liturgique. On omettait les deux derniers chapitres qui n’offraient guère que des détails historiques ou personnels et que l’on jugeait peu propres à l’édification ou à l’enseignement. On expliquerait ainsi pourquoi ni Tertullien, ni saint Irénéc, ni probablement saint Cyprien ne les ont cités. Cf. S. Jean Chrysostome, In Rom., hom. xxxi. P. G., t. lx. col. 067. Les raisons qui faisaient omettre ce passage chez les Grecs, dans la lecture ou l’exposition homilétique, avaient pu les faire omettre dans certains mss. du texte occidental.
b) Si la place de la doxologie a varié ce n’est pas un argument décisif contre son authenticité. Elle manque il est vrai dans plusieurs témoins ; mais cela provient sans doute de ce qu’elle a subi le sort des deux derniers chapitres, seul xvi, 20b ayant été conservé pour maintenir le caractère paulinien de l’épître. D’ailleurs on sait que Marcion avait supprimé, penitus abstulit, la doxologie. P. G., t. XIV, col. 1290. Son texte a pu influer sur les manuscrits. Enfin, autre possibilité : un copiste trouvant la doxologie après le c. xiv, 23. recension courte, l’aura omise en se réservant de la placer plus loin, il l’aura ensuite laissée de côté soit par oubli soit pour d’autres raisons.
lai somme la critique textuelle n’apporte rien de décisif contre l’authenticité ni des deux derniers chapitres, ni même de la doxologie. Le tout est bien attesté depuis le second siècle. Bien plus, le c. xvi, 1-23 a ton jours été uni au c. xv dans la transmission du texte.