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la liturgie par des pièces plus modernes, ou bien elles ont été modifiées au point d’en devenir méconnaissables. Nous sommes très loin de pouvoir retrouver le millier de xovrâx'.a que — un peu trop généreusement peut-être — le rédacteur des menées, attribuait à notre auteur. Le philologue qui a le plus étudié l'œuvre de Romanos, K. Krumbacher, était arrivé à identifier un peu plus de 80 compositions ; sur le nombre, une trentaine seulement est éditée jusqu'à aujourd’hui, en attendant que paraisse l'édition depuis longtemps promise par ce même critique et dont le soin est passé depuis sa mort (en décembre 1909) à P. Maas. Voir l'énumération des pièces identifiées dans les Silzungsberichte de l’académie de Bavière, 1903, p. 559-587. K. Krumbacher se proposait jadis — abandonnant l’ordre de l’année liturgique — de les répartir de la façon suivante. 1. Pièces concernant le Christ (une trentaine). 2. Pièces à la louange de Marie, du Précurseur, des apôtres (une dizaine). 3. Pièces relatives aux saints de l’Ancien Testament : Adam et Eve, Noé, Isaac, Joseph, Élie, etc. (une dizaine). 4. Louanges des martyrs et des autres saints (une vingtaine). 5. Développements sur les paraboles (vierges sages et vierges folles, enfant prodigue, Lazare et le mauvais riche). 6. Divers (une demi-douzaine). Nous ne savons quelles sont, à ce sujet, les intentions du nouvel éditeur.
Il faut attendre aussi l'édition promise pour porter un jugement d’ensemble sur les doctrines théologiques qui se révèlent dans l'œuvre de Romanos. Autant que nous en avons pu juger par ce qui est publié, il ne faut pas s’attendre, croyons-nous, à des trouvailles sensationnelles. Les auteurs qui ont cherché dans le poète des allusions aux controverses théologiques de Byzance se sont laissé guider, semble-t-il, par des opinions préconçues. Demander à Romanos ses impressions sur la querelle monothélite, si on le met au viiie siècle, ou sur le schisme acacien et l’affaire des Trois-Chapitres, si l’on en fait un contemporain de Justinien, pourrait bien être peine perdue. Aussi bien ces controverses, qui nous paraissent avoir accaparé toute l’attention de Constantinople, étaient-elles plus superficielles que nous ne pensons. Il reste qu’il faut demander à Romanos ce qu'était la vie intérieure et religieuse de son époque ; et sur ce point on sera abondamment édifié. Qu’il s’agisse de la piété populaire à l’endroit du Christ, de la sainte Théotokos, des apôtres, des martyrs, des confesseurs de la foi, ou bien des sentiments qu’excitent dans les âmes chrétiennes les fêtes de l’année ecclésiastique, ou encore des réactions qu’y produisent les événements qui scandent la vie d’un peuple, on peut être assuré de trouver chez ce poète, qui paraît en si intime contact avec l'âme populaire, des renseignements du meilleur aloi.
I. Éditions.
C’est Pitra qui le premier publie des pièces de R< manos : Ilymnograpliie de l'église grecque, Rome, 1807, puis dans Analecta sacra, t. i, Paris, 1876 (29 pièces) ; entre temps, V. Christ et M. Paranikas, Anthologia carminum christianorum, Leipzig, 1871, rééditent l’hymne des saints apôtres, déjà puhliée par Pitra dans son I er ouvrage ; Pitra, en 1888, en publie trois nouvelles dans S. Romunus ucterum tnelorium princeps. Cantica sacra ex codicibus mss. monaslerii S. Joannis in insida Paimo, offert à Léon X1I1 pour son jubilé. Sans avoir publié beaucoup d’inédit, K. Krumhacher a donné de plusieurs des pièces anciennement connues des éditions plus exactes ; voir dans les Sibtungsberichte de l’Académie de Munich : t. ii, 1898, p. 09-268 : Studîen zu Romanos ; t. ii, 1899, p. 1-150 : Umarbeitungen zu Romanos mil einem Annan g ùber das Zeitaller des Romanos ; 1901, p. 693-76Ô : Romaiws und Kyriakos ; 1903, p. 551-092 : Akrostichis in der grieehiseben Kirchenlioesie ; et dans les Abhandlungen de la même académie, t. xxiv, fasc. 3 (1903), Miscellen zu Romanos : t. xxv, fasc. 3 (1911), Uer h. Georg in da qriechischen Uebcrlicjcrun g (présenté par A. Ehrliard, après la mort de l’auteur), donne plusieurs hymnes de Romanos sur saint Georges. — Papa dopoulos-Kcrameus a publié dans 'AvàXexra 'Iepo<roXu[i.iTiy.f, : T : a/_j’yi.oys’aç, 1. 1, 1891, p. 390-392 une < prière » en vers endécasyllibiques qu’il attribue a Romanos. P. Maas qui doit continuer le travail de Krumbacher a donné dans le Byzantin. Zcilschrijt, t. xxiv (1923 1921), une nouvelle recension du cantique de Noël, déjà publié par Pitra.
On trouvera dans G. Cammelli, Romano il Melodo. Inni, Florence, 1930, le texte avec traduction italienne de huit hymnes : Noël, Purification, Vierges sages et vierges folles, Jugement dernier, Judas, Reniement de Pierie, Marie au Calvaire, Résurrection du Christ, avec une étude suffisante sur le poète.
IL Thavaux. — 1° C’est surtout la question de la date qui a été agitée. Voir K. Krumbacher, Gescb. der bgzant. Literatur, 2e éd., 1897, p. 603° q., qui prenait nettement position pour le vie siècle, mais revenait au vin » dans les Sitzinysber’chte del899 ; C. de Roor, Vie Lebenszeit des L)icl : lers Romanos, dans Byz. Zeitschr., t. ix, 1900, p. 633-010 (.pour le vie s.) ; A. Vasilijev, La date du poète Romanos (en russe), Saint-Pétersbourg, 1911 (cf. Byz. Zeitschr., t.xii, 1903, p. 387, pour le i° s.) ; S. Vailhé, Saint Romain le Mélode, dans Échos d’Orient, t. v, 1902, p. 207-212 (vm « s.) ; P. Van den Ven, Encore Romanos le Méloie, dan., Byz. Zeitschr., t.xii, 1903, p. 153-166 (vi « s.) ; P. Maas, Die Chronologie der Hymnen des Romanos, ibid., t. xv, 1906, p. 1-44 (vi » s.).
2° On a moins étudié Romanos en lui-même ; le plus souvent on en tr ; : ite dans les histoires générales de la littérature byzantine ou de 1 hymnographie, voir surtout E.Bouvy, PoHes et mélodes (thèse de Paris), Nîmes, 1886 ; autres indications dansO. Bardenhewer, Gesch. der allkirchl. Litcratur, t. v, 1932, p. 165,
ROM El ou ROMEO François, dominicain du couvent de Saint-Marc à Florence, général de son ordre en 1546. Il assista au concile de Trente sous Paul III et y travailla aux décisions concernant l’eucharistie. Il mourut en 1552. Il semble surtout avoir combattu les tendances païennes des philosophies naturelles. Il a laisse De libertate operum et necessitate gratiæ adversus pseudoi>hilosophos christianos, in-4°, Lyon, 1538 ; Brevis deduclio ad animée immorlalilatem christiane et periputetice oslendendam.
Quétif-Échard, Scriptores sancti ord. prædtc, Lu, 1721, p. 125.
M. -M. Gorce.
- RONCAGLIA Constantin##
RONCAGLIA Constantin, théologien italien
(1C77-1734). Né à Lucques, il entra fort jeune dans la
congrégation des clercs réguliers de la Mère de Dieu,
où il occupa diverses charges, pour devenir finalement
vicaire général de l’institut. Ses nombreuses occupations ne l’empêchèrent pas de travailler à un grand
nombre d’ouvrages, les uns de vulgarisation les autres
de fond. Citons parmi les premiers : Alcune conversazioni esaminate co' prineipi délia leologia, sans nom
d’auteur, Lucques, 1710, in-8°, devenu dans une
deuxième édition : Le moderne conversazioni volgarmenle dette dei cicisbei, ibid., 1720, 1736 (nous dirions
aujourd’hui : considérations sur le flirt au point de vue
moral) ; La famiglia cristiana istruila nelle sue obbligazioni. Lucques, 1711 ; Venise, 1713, in-8° ; Istoria
délie variazioni délie Chiese protestanti, Lucques, 1712 ;
in-8° ; Efjeli délia pretesa ri forma di Lulero, di Calvino
e del giansenismo, Lucques, 1714, in-8°. Le P. Roncaglia
est aussi l’auteur d’une Universa theologia moralis,
Lucques, 1730, 2 in-fol., d’un probabilisnu' modéré et
que saint Alphonse regarde comme un traité classique ;
elle a été plusieurs fois rééditée ou remaniée, en particulier par J.-A. Bambacari de la même congrégation,
1773-1774, 2 vol. in-fol., puis par Opt. Bellotti, O. M.,
Lucques, 1833-1835, 10 vol. in-8°. Mais Roncaglia doit
surtout sa célébrité aux annotations qu’il a ajoutées à
X’Hisloria ecclesiastica Velcris Novique Testamenti du
dominicain N. Alexandre. Celle-ci avait été vivement
attaquée et avait encouru diverses condamnations ;
l'édition de 1099 elle-même, malgré les corrections que
l’auteur avait faites et malgré ses protestations de
loyalisme, demeurait suspecte. Voir ici, t. i, col. 770.