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ROSELLI (ANTOINE DE) — ROSMINI-SERBATI

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François Foscaro, il pose deux questions, d’abord celle de savoir si le pape possède, comme l’on disait alors, la potestas ulriusque gladii, et, d’autre part, le problème des rapports entre le souverain pontife et le concile œcuménique, deux questions extrêmement brûlantes à l'époque. Le juriste padouan ne les a pas résolues dans le même sens que les théologiens pontificaux ; aussi, quand il fut vulgarisé par l’impression, son travail souleva-t-il de vives contradictions. Le légat du pape, à Venise, ordonna en 1491 de brûler le livre sous peine d’anathème. Ce fut l’occasion pour le dominicain Henri Institor de publier une Rcplica adversus dogmata perversa Roselli, Venise, 1499. Il ne saurait faire de doute que cette publication donna, après coup, l’occasion de faire courir sur le compte de Roselli les plus fâcheux propos. On raconta qu’il avait écrit la Monarchia pour se venger du Saint-Siège qui lui avait refusé le chapeau cardinalice, qu’il était mort en incroyant complet : Tandem obiit non credens aliquid esse supra lecla domorum ! Beaucoup d’indignation pour peu de chose ! La doctrine de Roselli, à la vérité, n’est pas favorable au pouvoir direct du souverain pontife sur le temporel, et, pour ce qui est des rapports entre le pape et le concile, elle se situe assez près de celle de Jean Gerson. Mais ceci parut abomination dans l’Italie de la fin du xve siècle. Il n’empêche que Roselli défend, de manière très ferme, la primauté pontificale ; après la crise du Grand Schisme, il restait à résoudre nombre de problèmes que les événements avaient posés ; il est fort intéressant de voir avec quelle subtilité juridique en traite Roselli. Une étude attentive de son gros traité paraît s’imposer à qui voudrait tirer au clair la « théologie du pape » après le Grand Schisme.

C. Oudin, De scriplor. eccles., t. iii, Leipzig, 1723, col. 23382339 ; G. Tiraboschi, Storia délia letteratura ilaliana, t. vi, 2e part., Milan, 1824, p. 897-903 ; J.-F. von Schulte, Die Gescli. der Quellen and Literatur des canon. Rechts, t. ii, Stuttgart, 1877, p. 303 ; Hurter, Nomenclator, 3<- éd., t. ii, col. 955-956.

É. Amann.
    1. ROSMER Paul##


ROSMER Paul, jésuite, né à Mæstricht le 15 août 1605. — Il fut reçu au noviciat de Mayence en 1627 et passa ensuite dans la province d’Autriche. Il enseigna la grammaire et le grec, la philosophie, puis, pendant seize ans, la théologie scolastique à Vienne et à Gratz. Doyen de l’université de cette dernière ville, il présida la défense de plusieurs thèses, dont il publia les conclusions plus ou moins remaniées et développées. Il mourut à Gratz, le 8 juin 1664. Ces thèses sont les suivantes : Libellus de jure et justilia ac polissimum de conlraclibus, Gratz, 1649, in-12 ; Salzbourg, 1660 et 1669, in-16 ; De sacramento et virtute pxiiitentiæ, Gratz, 1656 ; Ex universa theologia, Gratz, 1656 ; Tractalus de Deo uno et trino cum conclusionibus ex reliquis partibus theologiæ, Gratz, 1663 ; De aclibus humanis, Mayence, 1669. Le P. Rosmer a fait en outre paraître des Quesliones theologicæ in 7// am parlern D. Thomie, Gratz, 1661, et un opuscule de piété mariale, Rosa mariana centum elogiis magnas Dei Malris explicala, Gratz, 1657.

Sommervogel, Bibl. de la Comp. de Jésus, t. vii, col. 165166 ; Hurter, Nomenclator, 3e éd., 1. 1 v, col. 49-50 ; Biographie nalionale de Belgique, t. xx, 1908-1910, col. 140 (G. Simenon).

R. Brouillard.

    1. ROSMINI-SERBATI Antonio##


ROSMINI-SERBATI Antonio, prêtre et phi losophe italien, né le 25 mars 1797, mort le 30 juin 1855. — Rosmini est l’un des représentants les plus marquants de la philosophie italienne au xixe siècle ; mais, comme sa philosophie touche en plus d’un point à l’interprétation du dogme catholique et dans un sens qui valut à quarante propositions la réprobation du SaintOfïice, une étude sur ses idées et sur les propositions

condamnées a sa place ici. D’autre part, le rôle de Rosmini dans les tentatives d’instauration d’un nouvel ordre politique en Italie ne peut être complètement passé sous silence. Nous exposerons donc successivement : I. Vie, rôle politique, écrits de Rosmini. II. Principes de sa philosophie (col. 2921). III. Propositions rosminiennes condamnées par le SaintOfflce (col. 2926). IV. Conclusion. Influence.

I. Vie, rôle politique, écrits. — 1° Vie. — - Né à Ravereto, Rosmini appartenait à une famille noble et riche. L'étude fut la passion de sa jeunesse. Les littératures classiques ont largement contribué à rendre son style, même dans les questions les plus abstruses, pur, clair, élégant et naturel. La théologie l’attirait : il l'étudia dans saint Thomas d’Aquin, niais aussi, de façon plus personnelle, en s’inspirant directement de la Bible et en approfondissant l’histoire des systèmes. Ses études terminées à l’université de Padoue, où il se lia d’amitié avec Nicolo Tommaseo, il fut roçu docteur en 1821. Sous-diacre en 1822, il accompagna à Rome le patriarche de Venise, Ladislas Pyrcher, et se fit remarquer par Mauro Capellari, le futur Grégoire XVI, qui lui garda toujours estime et amitié. Devenu curé de Rovereto même, il fut ensuite nommé chanoine de Milan, puis doyen de l'église du Mont-Calvaire à Domo d’Ossola, au pied du MontRose. C’est là qu’il fonda, en 1828, deux congrégations, l’une d’hommes, l’Istituto délia carità, l’autre de femmes, les Sorori délia providenza, destinées aux missions intérieures et plus connues sous le nom de rosminiens, rosminiennes. Ces congrégations ont été approuvées par le Saint-Siège dix ans plus tard, et purent essaimer rapidement en Angleterre.

Sans négliger ses devoirs de pasteur et de fondateur, Rosmini, protégé par Pie VIII, Grégoire XVI et Pie IX, entreprit dès lors une longue suite d’ouvrages, principalement philosophiques, dont le premier et le plus important fut publié à Rome, en 1830, sous le titre : Nuouo saggio suit' origine délie idée. C'était, d’ailleurs, une mise au point des Opusculi filosoflci parus à Milan dix ans auparavant. Ces publications et les idées professées par Rosmini en matière de politique intérieure italienne lui valurent la protection de Gioberti, qui l’avait cependant vivement attaqué au point de vue philosophique. Voir Gioberti, t. vi, col. 1374. Celui-ci, qui faisait partie du ministère sarde, recommanda Rosmini au roi Charles-Albert. Sur les instances du ministre, Rosmini se chargea de la mission d’amener la cour pontificale à un concordat qui donnerait une solution à la question de l’unité italienne. Ces tractations n’aboutirent pas. L’amitié de Pie IX fit acceptera Rosmini les fonctions déconseiller du SaintOffice pour l’Instruction publique et, quand Rossi, à la tête de l’administration des États de l'Église, fit son essai de demi-sécularisation des ministères, il pria Rosmini d’accepter les fonctions de ministre de l’Instruction publique. Rosmini refusa, ne voulant pas collaborer avec les « ultras ». Pie IX aurait même voulu nommer Rosmini cardinal inspecteur. Mais cette nomination annoncée ne se produisit jamais.

Entre temps, en effet, Rosmini avait attaqué assez violemment, dans son traité De la conscience morale, le probabilisme des jésuites et notamment quelques opinions du P. Segneri. L’opposition des jésuites ne fut pas vraisemblablement sans quelque effet sur la rétitence du pape. Mais, dès le début de 1848, Rosmini avait publié ses fameux opuscules Constitution selon la justice sociale et Les cinq plaies de l'Église, dans lesquels il dénonçait les points où il croyait une réforme nécessaire. Or, depuis 1813, soit dans les journaux ultramontains, soit dans des libelles anonymes, il avait été attaqué et représenté comme un Lamennais italien, imbu de jansénisme et de panthéisme. La publi-