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    1. RUSSIE##


RUSSIE. ÉPOQUE PRÉMONGOLIENNE

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le nom de l’église avait déjà été changé et il semble que l’on se disputai ! à ce sujet. Nous lisons à cette date dans la chronique : « Cette année, les moines des Cryptes s’emparèrent de l’église de Di nitri et l’appelèrent l’église de Pierre, commettant ainsi un grand péché ». N. de Baumgarten, Chronologie ecclé iaslique, dans Orientalia christiana, t. xvii, 1930, n. (13. Ils s’efforçaient simplement de revenir à l’ancienne tradition et le parti adverse protestait. Les deux prologues du xiiie siècle découverts et décrits par P. -A. Lavrovskij {Description de sept mss de la biblioth. publique de Saint-Pétersbourg (Opisanie…), dans Clenija, avril 1858, p. 7 ; q.), parlent toujours d’une église Saint-Pierre à l’endroit où la Russie avait été baptisée, mais au xve siècle le vocable avait disparu et l’église était dédiée aux saints Boris et Gleb. Jaropolk-Pierre, le pèlerin de Rome, est vénéré comme saint par les orthodoxes de Volhynie. Il y avait aussi une église latine dans la forteresse même de Kiev durant toute l’époque prémongolienne — signe manifeste qu’elle y fut bâtie par un souverain catholique.

Un autre sanctuaire de Russie où l’influence occidentale se fît sentir est le vénéré monastère des Cryptes de Kiev, centre de pèlerinages non seulement pour les Ukrainiens, mais pour tous les Russes. Ce Pater ik des Cryptes nous parle des relations entre les saints Antoine et Théodose et le variague Simon. Parmi les favoris de saint Théodose, il faut compter le voévode de Kiev, Jan, et sa femme, Marie. L’influence variague (occidentale et latine) dans la fondation du célèbre monastère kiévien a été relevée par de nombreux historiens. Sans doute, le Palerik nous avertit que le variague Simon (appelé ensuite Siméon), qui avait été en rapports si étroits avec tous ces événements, abandonna le latinisme et fut converti à l’orthodoxie par saint Théodose ; mais on s’explique l’anachronisme de cette supposition en se rappelant que ce passage du Palerik ne date que du xiii c siècle.

Sur les rapports de la Russie avec l’Occident après Cérulaire, voir surtout li. Leib, Home, Kiev et Byzance à la fin du XI’siècle. Rapports religieux des Latins et des Gréco-Russes sous le pontificat d’Urbain 11 (1088-1099), Paris, 1924 ; D.-N. Egorov, Rapports des Slaves et des Allemands au Moyen Aye, 2 vol., Moscou, 1915 (Slavjano-germanskija olnoscni]ii…) ; Th. Ediger, Russlands atteste Beziehungen ru Deulschland, Frankreich und zur rômischen Kurie, Halle, 1911 ; I.-A. Linniëenko, Rapports mutuels de lit Russie et de la Pologne jusqu’à lu fin du XIIe siècle ( Vrajmnyja otno.senija. ..), dans Kicvskie univcrsitelskije izvestija, 1882-1883 ; I.-A. Ljaskoronskij, Hist. <le la terre de Pcrejaslavl depuis l’époque la plus reculée jusqu’au milieu du XII f siècle (Istorija Perejasliwskoj…), 2e éd., 1030 ; du même, La citadelle de Kiev à l’époque des principautés et de la Vice (Kievskij vuigorod), dans F.urn. Min. Nar, Pr., avril 1913, étude précieuse ; VI. Abraham, Origine de l’organisation de l’Église lat.cn Russie (en polonais. Pwstanie organizacyi…), Lwow, 1904 ; M. von Taube, Rom und Russland in der vormongolisehen Zeit, dans le recueil Ex Oriente, Mavenee, 1027.

Voir aussi II. -V. Snuerland et A. HaselolT, Der l’saller Erzbischo/ Egbcrts von Trier (Codex Gerlrudianus in Cividale), Trêves, tooi, et l’Importante recension decet ouvrage dans Viiantljskij Vremennik, 1902, ». 108-210 ; II. Woroniecki, Papst Gregor VII. und dus junge Russland, dans Ex Oriente, Mayence, 1027 ; N. Kondakov, Une famille princière de Russie représentée dans des miniatures du XIe siècle (en russe : Izobraïcnie russkoj…), Pétersbourg, 1906 ; S.-X. SeverianOV, Codex Gerlrudianus, dans.S7>or. Otd., t. xcix, 1923.

L’Influence occidentale sur le droit primitif de Hussie, tant ecclésiastique que civil, a été relevée par beaucoup d’historiens. Pour le droit civil, citons L’ouvrage classique de I..-K. Goetz, Dus russische Rechl, t. i-rv, Stuttgart, 19101913 ; une édition phototypique de la Russkaja Pravda a été faite récemment par Ë.-F, KarsUij, RlUtskaja Praoda d’après le ms. le plus ancien (en russe), Leningrad, 1930. Pour le droit ecclésiastique, voir la polémique entre Suvorov et Pavlov au sujet du Nomocanon (sic) de saint Vladimir : N.-S. Suvorov, Traces du droit canonique occidental et catholique dans les monuments île l’ancien droit russe, Jaroslav, 1888 (en russe : Slédy zapadno-knl…) ; A. Pavlov, Fausses traces du droit… (en russe : Mnimge slêily zapadno-kat…), Moscou, 1892 ; réplique de Suvorov : À propos de l’influence occidentale sur l’ancien droit russe (K viiprosu o zapadnom…), .laroslavl, 1893 ; N. Nikolskij, .4 propos de l’influence occidentale sur l’ancien droit canonique russe (K voprosu…), dans Bibliografléeskaja létopis, t. iii, 1917, p. 110-124. L’édition la plus récente du Nomocanon de saint Vladimir a été faite par V.-N. BeneSevic, dans Russ. Ist. Bibl., t. xxxvi, 1920.

Il y a une abondante bibliographie sur le monastère des Cryptes, particulièrement pour l’époque prémongolienne. Citons.1. Martynov, De P. Aretlia monacho Cryptensi Kioo’ur in Russia, dans Acla sunct., octobr. t. x, p. 863-883, où l’on trouvera aussi tout un traité sur Simon, évOque de Vladimir, un des auteurs du Palerik ; L.-K. Goetz, Das Kiever Hôhlenkloster <ds Kullurzentrum des vormongolisehen Zeit, Passau, 1904 ; D. Abramovic, Élude sur le Palerik de Kiev en tant que document historique et littéraire (en russe Izsledovanie…), dans l-.v. Otd., 1001-1902. Une bonne édition du Palerik a été publiée avec l’aide de la Commission archéographique de Saint-Pétersbourg, en 1911, par D.-I. Abramovic. Nous donnerons ailleurs quelques renseignements bibliographiques sur Saint-Théodose des Cryptes.

Longtemps après Cérulaire, le peuple russe ignorait qu’il y eût un schisme entre l’Orient et l’Occident. Les prélats russes s’en rendaient peut-être compte, mais les métropolites grecs installés en Russie par le patriarche de Constant inople menaient une vigoureuse polémique antilatine et défendaient énergiquement à leurs ouailles de permettre des mariages entre latins et orientaux. Personne n’y prenait garde 1 Les mariages princiers (avec des étrangers ou étrangères) au cours du xiie siècle furent en immense majorité des mariages occidentaux. Cf. Baumgarten, Généalogies et mariages occidentaux des Rurikides russes, dans Oricnlalia christiana, t. ix, 1927, n. 35. D’ailleurs en Occident aussi à cette époque, il arrivait que papes et antipapes s’excommuniassent sans que les fidèles en fussent troublés outre mesure. Mais cet état de chose ne pouvait durer. Avant l’invasion des Mongols, Russes et Occidentaux se rebaptisaient déjà.


II. Polémique antilatine avant l’invasion des Mongols.

Avant de parler de la polémique antilatine, quelques remarques générales sont nécessaires sur la littérature russe prémongolienne.

Il s’est produit une controverse assez importante à ce sujet entre MM. Nicolas Nikolskij et E. Golubinskij. Nikolskij soutenait que cette période peut se caractériser par un développement assez notable de la culture littéraire en ancienne Russie. Golubinskij soutenait plutôt le contraire. Les remarques que nous ferons sur différents ouvrages littéraires au cours de ce paragraphe et des deux suivants montreront, croyons-nous, que la littérature russe connut alors une splendeur qu’elle ne devait plus retrouver pendant plusieurs siècles.

E.-E. Golubinskij, Hist. de l’Église russe (en russe), t. i « ; P.-V. VTadlmirov, L’ancienne littérature russe de la période kièvienne ( XI C -XI / Psiècles) (en russe : Drcvnaja russkaja. ..), Kiev, 1001° ; recension ne V. Istrin, dans 2urn. Min. Sur. Pr., mars et août 1902, p. 213-244, 400-130 ; N.-V. Volkov, Statistique des livres écrits en russe ancien aux xP-. l V siècles qui nous ont été conservés (Slatisliëeskija svedenlfa… Ldans Pamjatniki drevnej pis’mennostl, t.cxxiii, Pétersbourg, 1897 ; V.-M. Istrin, Études dans le domaine de l’ancienne littérature russe, Pétersbourg, 1900, travail paru d’abord dans ?.um. Min. Sur. Pr., 1003-1906 ; le môme auteur, qui est peut-être le meilleur connaisseur des chronographes d’ancienne Russie, a aussi publié une Esquisse de l’histoire île l’ancienne littérature russe, Pétrograd, 1922. qui a été très appréciée (en russe : Oèerk istorii…) ; N. Nikolskij, Matériaux pour un catalogue provisoire des écrivains russes et de leurs ouvrages, Pétersbourg, 1906, nous