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    1. RUSSIE##


RUSSIE. L’HERESIE JUDAISANTE

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dans iurn. Min. Xar. Pr., juill., sept. 1891, où il est question des légendes sur la famille impériale de Russie. Il existe une édition des œuvres complètes de Zdanov ; A. Jatzimirskij, Échos moldaves des légendes moscovites sur les dons de Monomaque (en russe : Moldavskie otgolosku…), dans Zurn. Min. Nar. Pr., oct. 1903 ; A. -S. Arkhangelskij, Éducation et littérature en Moscovie, de la fin du XVe au XVII’siècle, 3 fasc, Kazan, 1898-1901 ; V. Savva, Les tsars de Moscou et les basileis de Byzance, Kharkov, 1901 (en russe : Moskovskic tsari…) ; cf. recension dans Bijzant. Zeitsehrift, t.xii, 1903.

La légende sur le Bèlyj klobuk (la mitre blanche) a été publiée par M. Kostomarov, dans Monum. de l’une, littér. russe, t. i, Pétersbourg, 1860, p. 287-303 ; voir aussi A.-S. Pavlov, La fausse donation de Constantin le Grand au pape Sylvestre, dans le texte complet de sa traduction grecque cl slave (en russe : Podloinaja…), dans Viz. Vremennik, 1890, p. 19 sq.

Le couronnement impérial d’Ivan le Terrible était l’aboutissement logique de toute cette évolution qui s’était faite dans les esprits moscovites depuis le concile de Florence et la chute de Constantinople. Cet événement, qui ne fut au début qu’un événement local, célébré avec une pompe extraordinaire, devait être gros de conséquences pour tout l’Orient orthodoxe. Ivan le Terrible fut couronné tsar par son métropolite Macaire le 16 janvier 1547. Tout le rituel de ce couronnement, autrement pompeux que celui des empereurs byzantins, insiste sur le caractère sacre de la cérémonie et les prérogatives de l’autocrate oint de Ditu. Après son couronnement, Ivan partit en guerre contre les Tartares de Kazan et ajouta un nouvel empire à sa couronne. C’était un gage de la bénédiction divine sur le nouveau souverain orthodoxe. Ce n’est qu’en 1556 qu’il commença à s’intéresser à Constantinople. Un métropolite grec était venu mendier à Moscou ; on le pourvut d’argent et on le renvoya dans son pays, avec des aumônes destinées à diverses personnes, pour demander la reconnaissance par Constantinople du fait accompli ; il était spécifié qu’on voulait une reconnaissance conciliaire, que celle du patriarche seul ne suffisait pas. La réponse vint en 1561 ; elle fut composée par le patriarche Joasaph et par le métropolite Joasaph ; mais sur les trente-sept signatures apposées au document, il n’y en avait que deux d’authentiques (celles des deux Joasaph ; c’est Regel qui a démontré ce fait extraordinaire ! ), cf. Analecta byzant.-slav., Pétersbourg, 1891, p. liii-lvi ; voir aussi la reproduction de ce document à la fin de l’ouvrage de Hegel. Le légal devait cependant couronner à nouveau Ivan le Terrible au nom du patriarche, car seuls, disait-il, les patriarches de l’ancienne et de la nouvelle Rome ont le droit de couronner les empereurs. On ne prêta aucune attention à ces exigences.

Dès lors le tsar était vraiment le chef polit ique ele toute l’orthodoxie et l’on enjoignit à tous les métro polites des quatre patriarcats grecs ele faire eominémoraison de lui dans les prières liturgiques sous peine d’excommunication. Mais ce n’est qu’un demi-siècle plus tard que le patriarcat moscovite sera institué.

E.-V. Barsov, Documents d’ancienne [iussic sur le sacre des tsars (Dreune-russkiepamjatniki…), darisCtenija, }anv. 1883 ; on trouvera dans cette étude les textes du cérémonial poulie sacre d’Ivan le Terrible et d’autres souverains ; Esquisse historique du cérémonial du sacre impérial en Russie et ses rapports avec le développement de l’idée impériale en Russie, ibid. (en russe : JstoriCeskij ocerk…) ; il y eut toute une littérature à ce sujet en 1896. Voir en particulier K. Popov, Le cérémonial du couronnement impérial, dans Bon. X’êst., avrilmai 1896 ; Y. Einhorn, Le sacre impérial des souverains russes, Moscou, 1896 (en russe : Vcncunie…), recension dans îurn. Min. Sur. Pr., nov. 1896, p. 151.

IX. L’hérésie judaisante. Conciles de 1490 et de 1503.

Malgré la bibliographie considérable ciui a été consacrée à l’étude de cette curieuse hérésie, il faut reconnaître encore aujourd’hui que bien eles problèmes n’ont pas encore trouvé leur solution.

On lui a assigné les origines les plus diverses. Malheureusement, iei encore nous n’avons que des documents de l’Eglise officielle et il est presque impossible, avec eux seulement, d’écrire une histoire impartiale des événements. Nous croyons cependant qu’il est impossible de considérer cette hérésie comme une chose homogène. Nous dirions volontiers qu’on a groupé toute une série ele manifestations politicoreligieuses sous ce titre général. La passion s’en mêla et l’on en lit une question dogmatique.

Gennade à Xovyorod.

Quand Ivan III vint à Novgorod en 1479-1 480 pour en finir avec les eler nières franchises de la vieille ville républicaine, il lit une gigantesque confiscation ele biens d’Église (la mense épiscopale y perdit 87 ° de ses terres), et emmena à Moscou l’archevêque Théophile (24 janvier 1480) qui, au bout de deux ans de prison dans le monastère des Miracle s, Unit par signer son abdication. Il fut le dernier prélat élu librement à Novgorod. Son successeur. Serge, fut élu suivant le vieux rite novgorodien, il est vrai : on choisit trois noms et l’on tira au sort ; mais la cérémonie se fit à l’Uspenskij (l’Assomption ) deMoscou et Serge venait de SergievTroitsa. Il fut le premier archevêque moscovite de Novgorod. Il fut consacré le 4 septembre 1483. Le clergé novgorodien lui lit grise mine, si bien cju’au bout de quelques mois il donna sa démission. On ne passa même pas par la formalité d’une élection et d’un tirage au sort pour lui donner un successeur. Gennade, archimandrite du monastère des Miracles du Kremlin de Moscou, l’ancien geôlier de Théophile, fut purement et simplement désigné pour prendre la succession. On ne se trompera pas en affirmant que ce n’était pas le métropolite Géronte qui l’avait nommé. Gennade était l’envoyé d’Ivan III. Il devait aider le bras séculier à assujettir Novgorod et l’un de ses mérites est précisément d’avoir introduit à Novgorod le culte des saints moscovites Pierre et Alexis.

Gennade était déjà une personnalité influente élans la politique ecclésiastique du Grand-Duché de Moscou. Né autour de 1410 — mais s’agit-il ici ele notre Gennade ? II donnera en tous cas des preuves d’énergie qu’on n’associe pas ordinairement à une vieillesse avancée — il avait été dès son jeune âge disciple de saint Sawathce, le célèbre cofonelalcur du monastère ele Solovki. On le perd de vue jusqu’en 1477 quand il fut consacré archimandrite des Miracles a Moscou. Dès lors son autorité s’affirme ele plus en plus. En 1479, lors ele l’âpre dispute entre Ivan 1Il et le métropolite Géronte sur la manière ele faire les processions (l’un élisait qu’il fallait tourner selon, l’autre contre le cours du soleil), Gennade fut un des deux ecclésiastiques cqui s’opposa au métropolite. Les esprits furent vivement agités par ce problème. Géronte se retira dans un monastère et donna sa démission. Ivan III élut s’humilier devant lui, le prier ele reprendre son trône et ele faire les processions comme bon lui semblait. Mais le métropolite garda une furieuse rancune contre l’archimandrite clés Miracle s. En 1 482, pour une vétille. Gennade était arrêté. Il chercha d’abord à se cacher dans le palais d’Ivan ; le prince 1, connue d’habitude, céda devant l’énergie du métropolite qui, semble-t-il, savait affirmer son autorité avec une fermeté a laquelle les princes moscovites n’étaient pas accoutumés. Gennade fut mis aux fers et ne fut libéré epje sur une nouvelle intervention du prince qui exhorta le métropolite au pardon eles injures. L’année suivante. Gennade partait pour Novgorod.

Il était a peine arrivé que le prince Loris Vasilevic de Yologda se permit de remarquer — et l’on avouera que ce n’était pas sans ele bonnes raisons — que