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ROUMANIE. ENSEIGNEMENT, RITE ROUMAIN

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garçons a été fréquenté par 45 4C2 élèves. L’académie théologique depuis 1807 jusqu’à 1936 en a donné 2 603. (Les registres antérieurs manquent.) En outre, fonctionne avec intermittence un cours de théologie morale au début de deux, ensuite de trois ans, pour la préparation des prêtres destinés aux paroisses pauvres qu’il est difficile de pourvoir de prêtres ayant fait des études académiques.

Depuis la réunion de la Roumanie, le nombre des élèves de Blaj s’est considérablement accru. Par les soins du métropolite B. Suciu, le lycée de garçons a doublé toutes ses classes ; l’école civile et supérieure est devenue lycée de filles à huit classes secondaires ; on a créé ensuite une école ménagère à quatre classes. Pour les filles, il y a encore une école commerciale supérieure et une école normale. Toutes ces écoles sont abritées à l’institut de la Reconnaissance, dirigé par la congrégation de la Sainte-Yierge-Marie des sœurs de Blaj. Pour les garçons, outre l’école commerciale supérieure, qui de 1930 à 1937 eut 594 élèves, on a créé une école Saint— Joseph d’arts et métiers. Le nombre annuel des élèves de toutes ces écoles est d’environ deux mille.

Cette affluence aux écoles de Blaj s’explique tant par la valeur de l’enseignement que par les facilités d’ordre matériel dont bénéficient nombre d’élèves. L’enseignement en ces écoles, de la fondation (1754) à 1859, était complètement gratuit, les professeurs du début étant des religieux qui n’avaient pas besoin d’appointements. Les édifices scolaires étaient entretenus par les évêques. De 1854 à 1889, on payait une taxe de quatre couronnes d’or par an. Mais bien des élèves étaient non seulement dispensés de paiement, mais encore assistés. L’évêque Aron et ses continuateurs sur le siège métropolitain étaient non seulement de nom, mais aussi de fait, « les pères des pauvres ». Ainsi s’expliquent les milliers et les milliers d’élèves de Blaj. L’évêque Grégoire Maïor avait réglé les

« fonds de pain », en 1773, de telle manière que, chaque

année, en pussent bénéficier 200 élèves roumains sans différence de confession religieuse. A la suite de ce règlement, tous les cinq jours les élèves reçoivent chacun un pain de 3 k. 600 appelé Izipûu. De 1867 à 1921, deux cent cinquante élèves bénéficièrent même de ce pain. Ce fut un grand bienfait pendant la guerre mondiale (1914-1919), lors des contingentements prescrits par les autorités. En 1921, à l’occasion de la réforme agraire, ce bénéfice fut aboli par expropriation mais ce ne fut que temporairement. Le 14 février 1928, par la bienveillance du ministre de l’Agriculture, Georges Cipâianu, lui-même élève du lycée de Blaj et bénéficiaire jadis des fonds de pain, la fondation fut rétablie en des cadres plus modestes, il est vrai, pour soixante élèves du lycée et vingt de l’école normale.

De plus grande signification que la quantité, sont la qualité et l’esprit que, de ces institutions, retirent les élèves. De Blaj sont sortis nombre de pionniers de la culture roumaine. Il serait trop long d’entrer dans les détails ; ce serait faire une bonne partie de l’histoire de toute la civilisation roumaine. Nous rappelons seulement que de Blaj sont venus à Oradéa les grands évêques fondateurs d’établissements : Moïse Dragos, fondateur de l’école normale ; Ignace Darabant, fondateur du séminaire diocésain, et Samuel Vulcanu, fondateur du lycée de garçons de Beius. C’est de Blaj que Georges Asaki, directeur de l’enseignement de Moldavie appela les professeurs : Basile Fabian-Bob, Jean Costea, Joseph Manfi, et le Dr Basile Pop pour la réorganisation du séminaire de Socola et tout l’enseignement de cette province. Élèves de Blaj sont les professeurs de Iassy : Siméon Bârnutiu ; Al. Papiu Ilarianu, Jean Paul, etc. De Blaj, Aron Pummul va à Cernâut, i [Czernovitz] en Bukovine. La célébrité de cette cité sco laire attire pour un instant Michel Eminesco, le grand poète roumain. Entre les élèves de Blaj se distinguent encore à Bucarest et en d’autres parties du pays Aron Florian, le fondateur du premier quotidien roumain ; Jean Maioresco, apôtre de l’idée nationale dans trois provinces roumaines ; son fils, Titus Maioresco, important critique littéraire et homme politique ; JeanBianu, professeur universitaire, bibliothécaire, puis président de l’Académie roumaine ; Denys P. Martian, fondateur et directeur de la première publication statistique roumaine ; Georges Secaseanu, président d’une société

« d’Iridente » roumaine qui, depuis 1885, veut libérer

tous les Roumains ; la dynastie des journalistes : André. Jacques et Aurèle Murescanu, collaborateurs, puis propriétaires-directeurs de la Gazelle de Transylvanie à Brasov, qui paraît depuis cent ans. La lointaine Istrie acquiert de Blaj, pour ses villages istro-roumains aux pieds du Monte-Maggiore, le premier auteur roumain en dialecte régional, André Glavina. Les élèves de Blaj arrivent comme prêtres missionnaires jusqu’au delà de l’Océan, en Amérique. C’est doncen toute vérité que Blaj est appelé « cité d’écoles »,

« Bethléem », « Jérusalem », « Oxford », « petite Rome » 

des Roumains, « Source de l’eau vive », etc. Et ces surnoms ne lui sont pas donnés par des hommes inconnus, dénués de valeur, mais par des ministres, des académiciens, des journalistes de premier ordre.

Mais celui qui a le plus fidèlement exprimé les sentiments de reconnaissance du peuple roumain pour l’ecuvre historique de Blaj, c’est S. M. le roi Carol IL Comme délégué du roi Ferdinand I er, il assista à la consécration du premier métropolite uni de la grande Roumanie, dans la cathédrale de Blaj, le 1 er janvier 1920 : « Je suis très heureux d’avoir eu l’occasion d’assister à cette imposante solennité, dit-il. Je ne puis venir en cette ville sans être profondément ému. Au nom de Sa Majesté le Roi, je vous salue aujourd’hui dans la citadelle de la culture roumaine d’au-delà des Carpathes. vous, le premier métropolite uni de la Roumanie, à jamais réunie. Le Tout-Puissant a donné à votre Excellence d’incorporer le rêve des ancêtres. Dans la personne du métropolite d’aujourd’hui, la Roumanie salue avec vénération ses prédécesseurs et ceux qui ont combattu et se sont sacrifiés pour la nation. Vous recevez un beau et glorieux héritage. Vous recevez avec le siège métropolitain, l’héritage de la source la plus abondante de la culture roumaine. »

L’évêché roumain uni d’Oradéa.

Il possède, lui

aussi, ses institutions d’enseignement et d’éducation. Celles-ci sont plus récentes, mais elles ont aussi leurs mérites indiscutables, et d’autant plus qu’elles fonctionnent en des conditions moins favorables.

Cet évêché a quatre établissements importants pour l’enseignement et l’éducation : deux au centre, à Oradéa ; deux à Beiuç.

1. L’école normale roumaine d’Oradéa.

Elle est l’un des plus anciens établissements. A la Pentecôte 1934, elle fêtait son jubilé de 150 années. Elle a toutefois des racines plus anciennes. Le premier qui s’occupa de la création d’une école primaire, au début, pour les Roumains unis de Crishana, fut l’archidiacre catholique de rite latin, Paul Laszlo, charRé de l’organisation de ces Roumains, trente-deux ans après la victoire remportée sur les Turcs à Oradéa. Mais l’école prévue dans ce mémoire du 13 février 1724 ne se réalisa qu’en 1733, lorsque le comte Paul Forgach, archidiacre lui aussi, fit don en ce but de sa ferme et de sa maison paternelle.

Au temps de Mélèce Covaci (1748-1775) vicaireévêque du rite roumain uni, cette école primaire d’Oradéa devint le modèle pour d’autres écoles primaires de la région : Vadul Crisului, Beius, Beliu, etc. Le curé de Haïeu-Bihor en était le directeur. Trois ans