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    1. SATISFACTION##


SATISFACTION. ÉPOQUE MODERNE, CRITIQUES JANSÉNISTES

1 I ! » 2

1 astiques ; voir, par exemple saint Bonaventure, dist. XV, p. i, a. un., q. m et îv ; saint Thomas, dist. XV,

q. i, a. 3 : tes modernes, eux. les ont dégagées et groupées. Ils les ont étudiées plus en détail ; surtout ils les ont intégrées dans une théologie særamentaire plus ferme et plus synthétique : voir, par exemple Suarez, In /77 am, q. lxxxiv-xc, disp. XXXVII-XXXVIII ; Salmanticenses, De psenit., disp. XI ; résumés dans les manuels, par exemple Galtier, De psenitentia, n. 491-497.

2° Erreurs doctrinales modernes. En sens inverse. les hérésies et les erreurs que l’Église a dû condamner en matière de satisfaction ont toutes leur origine dans l’ignorance ou la méconnaissance du caractère et de l’effet propre du sacrement de pénitence ou des conditions auxquelles, depuis son institution, peut être remis le péché.

1. Pierre d’Osma.

Xous avons déjà vu en quoi consistait sur ce point l’erreur protestante et comment le concile de Trente l’avait condamnée. Cinquante ans avant Luther, un docteur de l’université de Salamanque, Pierre d’Osma, avait enseigné une doctrine qui, dès lors, avait été condamnée comme hérétique. Bulle Licet eu de Sixte IV, le 9 août 1479. L’une de ses propositions ainsi proscrites portait sur la salisfaction : elle devrait nécessairement précéder l’ahso lution : Xon peræta psenitentia, confltentes absolvi non debere. Denz.-Bannw., n. 728. Et ainsi le comportait la conception que se faisait le docteur espagnol du sacrement de pénitence. Tel que, d’après lui, il avait été institué par l’Église, avec confession et absolution ; il n’avait qu’un but disciplinaire. Le pouvoir des clefs ne s’exerçait point sur le péché lui-même ; le prêtre, par son absolution, ne faisait que réconcilier avec l’Église. Il donnait décharge au pécheur de la peine, de la pénitence à laquelle il avait été condamné par son confesseur ; mais cela même exigeait de toute nécessité que la satisfaction eût été préalablement accomplie. Sur cette doctrine, voir Fïiedr. Stegmûller. Pedro de Osma, dans la Rom. Quartalschrift, 1935, p. 221266. Ci-dessus, t.xii, col. 1047 sq. ; col. 2032 sq.

2. Les jansénistes.

Sans réduire ainsi le sacrement à une procédure purement disciplinaire et sans contester que l’absolution fût ordonnée à la rémission du péché lui-même, les jansénistes, au XVIIe et au XVIIIe siècle, condamnèrent aussi comme abusif et contraire à la pensée du Christ le renvoi de la salisfaction après l’absolution. L’usage contraire ne leur paraissait pas seulement traditionnel et primitif ; ils le tenaient pour institué et prescrit par le Christ lui-même et la nature même des choses leur semblait commander que l’accomplissement de la satisfaction précédât l’absolution. Ainsi le portait expressément la 16e des propositions à eux attribuées que condamna en 1690 Alexandre Y 1 1 1 : Ordincm pnrmillenili satisfactionem absolutioni induxii non polilia mil institutio Ecclesise sed ipsa Christi lex et præscriptio, natura rci id quodammodo dictante. Denz.-Bannw., n. 1306. La suivante dénonçât ! dans la pratique moderne d’absoudre aussitôt après la confession comme un renversement de l’ordre naturel à observer dans la pénitence : l’er illam praxim inox absolvendi ordo psenitentiee est inversas. Et la troisième concernant cette matière tirait très légitimement la conclusion des prémisses ainsi posées : ni l’autorité du plus grand nombre, ni l’argument de prescript Ion ne sauraient légitimer la coutume

ainsi dénoncée et condamnée. Aux yeux de l’Église cet usage ne pouvait être qu’un abus : Consuetudo moderna quoad administraiionem sacramenti psenitentiee, etiamsi eam pluritnorum hominum sustentai auctoritas el mulli lemporis diuturnitas conflrmet, nihilominus ab Ecclesia non habetur pro usa sed abusu. S. 1308. Comme on l’a fail remarquer ici même (t. i. col. 757),

ces trois propositions résumaient la pensée et les projets de réforme sous-jacents au livre d’Antoine Arnauld intitulé : De lu fréquente communion. En les condamnant, le pape ne dénonçait pas seulement l’usurpation qu’il y axait, de la part de leurs auteurs, à faire endosser à l’Église leurs appréciations et leurs théories ; il rejetait ces appréciations et ces théories elles-mêmes. Le vrai motif de leur condamnation était d’ordre doctrinal : elles impliquaient ou elles suggéraient une conception du sacrement de pénitence et des dispositions requises pour lui permettre de produire ses effets, que l’Église désavouait.

Ainsi apparut-il mieux encore, un siècle plus tard, lorsque les jansénistes de I’istoic les reprirent. Voir art. Pistoie (Synode de), t.xii, col. 2152 sq.

Kux aussi partaient d’une interprétation de l’ancienne législation canonique en matière de pénitence : établie par l’Église conformément à l’exemple donné par les apôtres, elle aurait visé toutes les catégories de pécheurs, ni essei communis omnibus, et elle aurait eu pour but. d’assurer non pas seulement le châtiment du péché, pro punitione culpse, mais aussi et surtout les dispositions requises pour recevoir la grâce, prsecipue pro dispositione ad gratiam. Or, poursuivaient-ils, c’est cette organisation de la pénitence qui assurait toute la dignité de ce sacrement et les subtilités qui s’y sont ajoutées plus tard n’ont fait que l’altérer : se in online illo mirabili et au.gu.sto lotam agnoscere digni-Inlem sacramenti adeo necessarii, liberam a subiilitatibus qme ipsi. decursu lemporis, adjunctse sunt .

Sous ces formules enveloppées, il était aisé de découvrir la condamnation de l’usage devenu universel dans l’Église d’administrer le sacrement de pénitence sans exiger l’accomplissement préalable de la pénitence canonique. Aussi leur proposition, pour autant qu’elle dénonçait dans cet usage un amoindrissement de la dignité du sacrement, quasi per ordincm quo, sine peracto canoniese pœnitentiæ cursu, hoc sacramentum prr totam Ecclesiam administrai consuevit, tut-elle condamnée par Lie AI comme « téméraire, scandaleuse, induisant a mépriser la dignité du sacrement tel que toute l’Église a pris l’habitude de l’administrer, injurieuse pour l’Église elle-même ». Bulle Auclorem ftdei du 28 août 1791. Denz.-Bannw., n. 1531.

Ce n’est pas tout et l’on ne s’était pas borné, à I’istoic, à dénoncer cette dégradation ruineuse du sacrement. On avait expressément condamné l’usage moderne de renvoyer la satisfaction après l’absolution comme méconnaissant la nécessité, pour recevoir cette dernière, d’une certaine ferveur de charité. Aussi, le synode avait-il déclaré nécessaire, de via ordinaria, que le prêtre la lit précéder des actes d’humiliation et de pénitence qui furent de tout temps recommandés par l’Église. Réduire ces actes à quelques prières ou a quelques jeûnes à faire après l’absolution, c’était peut-être témoigner du désir de conserver à ce sacrement le nom de pénitence, mais ce n’était pas employer le moyen propre d’augmenter la ferveur de charité requise avant l’absolution : Redigere hos actus ad paucas oraliones ont ad aliquod j< iunium post jam collatam absolulionem, vide.tur points materiale desiderium conseruandi huit-sacramento nudum nomen psenitentiee ijiiiun médium illuminatum et aptum ad augendum illum fervorem caritatis qui debet prsecedere absolulionem. Toutefois, avait-on pris soin d’ajouter, l’usage des pénitences à accomplir encore après l’absolution n’était pas à blâmer, ci le synode indiquait, en effet, les avantages qui lui semblaient pouvoir « n résulter : elles remédiaient très heureusement aux défauts qui, se mêlant toujours a nos bonnes œuvres, ne pouvaient manquer de gâter également une œuvre aussi difficile cl aussi importante que celle de notre réconciliation avec Dieu. Mais cette précision même achevait de