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SCHISME BYZANTIN. APERÇU HISTORIQUE


Primauté du pape en Orient avant le ixe siècle, t. xiii, col. 276-302 ; Hénotique, t. vi, col. 2153-2178 et aussi dans chacun des articles consacrés aux IVe, Ve, VIe, VIIe et VIIIe conciles œcuméniques. Sur l’évolution de ce schisme par rapport à la doctrine sur la primauté du pape, il y a l’article Primauté du pape en Orient a partir du IXe siècle, t. xiii, col. 357391. Enfin un article spécial a été consacré à la plupart des Églises autocéphales qui existaient avant la guerre de 1914 : voir, en dehors de l’article Constantinople, (Église de), les articles suivants : Alexandrie, t. i, col. 786-801 ; Antioche, 1. 1, col. 1 399-1 41 6 ; Bulgarie, t. ii, col. 1174-1236 ; Bosnie-Herzégovine, t. ii, col. 1035-1049 ; Carlowitz (Patriarcat de), t. ii, col. 1354-1376 ; Chypre (Église de), t. ii, col. 24242472 ; Jérusalem (Église de), t. viii, col. 997-1010 ; Russie, t. xiv, col. 207-371. Certaines Églises pourtant ont été oubliées, telle l’Église de ( Irèce. Et il y a à signaler, de nos jours, les nouvelles autocéphalies nées des changements opérés dans la carte de l’Europe à la suite de la Grande Guerre, ainsi que les modifications importantes survenues à la plupart des anciens groupements. Malgré tout ce qui a déjà été dit, il reste doncencore quelque chose à ajouter. Il reste surtout à synthétiser en un tout cohérent les données fragmentaires éparses çà et là, à les compléter et, au besoin, à les corriger, à décrire l’évolution du schisme depuis ses origines jusqu’à nos jours en insistant sur les causes qui l’ont préparé et maintenu pendant près d’un millénaire, à analyser ses traits essentiels pour en déterminer la vraie nature, à noter enfin ses résultats dans le domaine ecclésiologique en montrant les conclusions qu’en peut légitimement tirer l’apologétique catholique. De là deux sections dans le présent travail.

I. Le schisme byzantin. Aperçu historique. II. Le schisme byzantin. Nature et effets (col. 1401).

I. LE SCHISME BYZANTIN. APERÇU HISTO-RIQUE. — I. Les causes du schisme et ses premières manifestations, ou période de préparation. IL Le schisme définitif : Photius et Michel Cérulaire (col. 1 335). III. Le développement du schisme de la fin du XIe siècle au xve. Les essais d’union (col. 1359). IV. La séparation à l’état stable (xvie -xxe siècle) (col. 1372).

I. Les causes du schisme et ses premières manifestations. — Comme tous les grands bouleversements sociaux ou religieux, le schisme qui, au milieu du xie siècle, a séparé définitivement le christianisme byzantin de l’Église catholique romaine a été préparé par de multiples causes, dont nous découvrons l’existence et l’influence néfaste dès le ive siècle, au lendemain même de la conversion de Constantin. On peut ramener ces causes à deux groupes : 1. Les causes directes, actives et vraiment efficientes qui, de leur nature, tendaient à relâcher les liens de l’unité ecclésiastique : ce qu’on peut appeler les forces centrifuges ; 2. les causes indirectes ou matérielles : événements, institutions, usages, tendances, manières de penser et de s’exprimer, qui par elles-mêmes n’auraient pas suffi à provoquer la rupture, mais qui l’ont favorisée indirectement en fournissant aux fauteurs du schisme des occasions et des prétextes.

Trois facteurs principaux ont travaillé à la destruction de l’unité ecclésiastique à partir du ive siècle : le césaropapisme des empereurs d’Orient, l’ambition des évêques de Constantinople, les antipathies ethniques entre Grecs et Latins unies à l’orgueil national et aux rivalités politiques.

I. le cÊSAROPAPisnic.

Le césaropapisme, comme le mot l’indique, c’est César, c’est l’État ou le pouvoir civil en général se substituant au pape dans le gouvernement suprême de l’Église ; c’est l’État s’adjugeant un pouvoir absolu aussi bien sur le sacré que sur le profane, sur le spirituel que sur le temporel, ignorant

dict. de théol. cathol.

pratiquement la distinction du pouvoir civil et du pouvoir spirituel, ou tout au moins subordonnant celui-ci à celui-là.

Tel était bien l’empire païen. La distinction des deux pouvoirs lui était inconnue. L’empereur païen, qualifié de summus ponli/ex, possédait à la fois la plénitude du sacerdoce et la plénitude du pouvoir sur le clergé et les choses sacrées. Ce césaropapisme absolu est incompatible avec la religion chrétienne, où nous trouvons une hiérarchie investie de pouvoirs liturgiques spéciaux, qui ne sauraient appartenir à un laïc, ce laïc fût-il revêtu de l’autorité suprême dans l’ordre civil. Un chef d’État chrétien ne saurait être souverain pontife, parce qu’il lui manquera toujours le pouvoir d’ordre. Mais il pourra usurper le rôle de dirigeant suprême clans l’Église catholique. C’est ce pouvoir de juridiction et même d’enseignement que César peut usurper et qu’il a, en fait, usurpé bien souvent, une fois qu’il est devenu chrétien. C’est pourquoi le terme de césaropapisme désigne bien les intrusions que se sont permises clans les affaires ecclésiastiques beaucoup de souverains chrétiens aussi bien en Occident qu’en Orient.

Mais c’est surtout en Orient que le césaropapisme s’est donné libre carrière, et cela dès le IVe siècle, au lendemain même du jour où Constantin s’est déclaré protecteur de la religion chrétienne. Dès la fin de l’année 313, nous le voyons commencer à faire l’évêque du dedans en usurpant une fonction proprement papale, celle de juge en dernière instance dans un conflit purement ecclésiastique, le conflit donatiste. Déboutés de leur plainte par le concile romain d’octobre 313. réuni par l’initiative même de Constantin, les donatistes font appel de cette sentence et le souverain prend sur lui de convoquer le concile d’Arles, en 314, pour donner aux donatistes de nouveaux juges. Et il continuera ainsi pendant tout son règne. Il deviendra bientôt l’instrument docile des prélats de cour favorables à l’hérésie arienne et groupés autour d’Eusèbe de Nicomédie. Après avoir convoqué le concile de Nicée, après en avoir approuvé la définition et la condamnation contre Arius et ses partisans, il se donnera bientôt à lui-même des démentis retentissants. Au moment où il disparait, il est devenu le jouet de l’oligarchie arienne. Il a pris la place de l’évêque de Rome dans le gouvernement général de l’Église.

L’exemple donné par le premier empereur chrétien fut suivi par ses successeurs, surtout par ceux qui gouvernèrent la partie orientale de l’empire, après la division de celui-ci en deux moitiés. Ces empereurs d’Orient poussèrent à l’extrême leur intrusion dans le domaine religieux et agirent en vrais chefs visibles de la partie de l’Église comprise dans les limites de leur territoire. Us se mêlèrent de tout, du dogme comme de la discipline et quelquefois de la liturgie, de la convocation des conciles comme de l’élection des évoques, spécialement des évêques des grands sièges. Les évêques prirent l’habitude de s’adresser à eux pour leurs affaires et leurs conflits et ne songèrent guère à s’adresser à l’évêque de Rome. Profitant de cette situation anormale, les intrigants de tout genre, les hérétiques plus ou moins dissimulés font la cour au basileus, gagnent sa faveur et par lui passent par-dessus tous les canons, par-dessus même les définitions des conciles œcuméniques et font promulguer leurs opinions hérétiques comme l’orthodoxie officielle, que tout le monde doit accepter sous peine de déposition, d’exil et quelquefois de mort. Deux empereurs surtout sont représentatifs du système : Constance II (337-361), conduisant les évêques de concile en concile, leur faisant souscrire formules sur formules et répondant aux évêques du synode de Milan (355), qui refusaient de signer la déposition d’Athanase comme anticano T.

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