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plus célèbres théologiens du np siècle : l’interpréta lion du l’alt-r major me est. la controverse sur le sacrifice eucharistique, la procession du Saint-Esprit, lui

sont une occasion de faire appel aux exposés rationnels sur ces mystères. Sa dialectique scolastique s’exerce surtout à l'égard des Latins dans trois opuscules sur la procession du Saint-Esprit. Il écrivit aussi un traité De eorport et sanguine Domini contre les bogomîles, /'. G., t. cxxxv, col. 509-514. Sur l'édition des autres œuvres, voir ici, t. XI, col. 620.

On retrouve les mêmes polémiques antilatines (proi ession du Saint-Esprit) chez Jean Zonaras, reprochant aux Latins d’introduire deux principes dans la Trinité, /'. (', ..{. cxxv. col. 122 : chez Nicolas d’Otrante dais son dialogue qui reproduit l’argumentation de Nicoli s de Méthone et chez nombre d’autres auteurs de la même époque : Ajidronique Camatère, polémiquant à la fois contre ! es Latins (procession du Saint-Esprit), et contre les sectes orientales monophysites monothélites. théopaschites et aphthartodocètes (christologie) ; Nicétas de Marc né. qui s efforce de démontrer, tout en rejetant la légitimité du Filioque, que Gr.cs et Latins tiennent au foi.d la même doctrine t r initairc : Théorianos (union hypostatique) : Nicétas Acominatus. exposant la doctrine trinitaire et christologique centre de multiples hérésies dans ron Thésaurus orthodoziæ, dont une paitie est éditée (en lat’n) dans P. G., t.cxxxix et cxl ; enfin, Michel Glykas chez qui, plus rarement que chez les précédents auteurs, se îetrouve l’exposé ratiennel de quelques points dogmatiques.

On le constate par ce bref rappel : les d.'iix pôles de toute intervention de la philosophie dans l’exposé théologique chez les théologiens du xii c siècle se trouvent rivés au problème trinitaire et au problème christologique. Il en sera de même aux siècles suivants. Les polémiques antilatines dépassaient certes, et de beaucoup, le cadre de la procession du Saint-Esprit, mais sur les autres sujets la raison avait peu à dire et, partant, la scolastique byzantine, pauvre déjà en matière trinitaire, devenait nulle.

Dans l’exposé des processions divines, les auteurs byzantins des xin c et xive siècles se partagent en deux classes : ceux qui favorisent l’accord avec l'Église latine et ceux qui défendent Photius. La philosophie, chez les uns et les autres, tient toujours une part minime. Seule la notion philosophique de « principe «  est invoquée par les partisans de Photius comme contradictoire de la notion de Fils contre le Filioque latin, et cela chez les auteurs les plus en vue non seulement jusqu’au xve siècle, mais jusqu'à nos jours, pourrait-on dire. Cependant cette notion inspire à Nicéphore Blemmyde († 1272) une formule de conciliation assez heureuse : le Saint-Esprit procède du l'ère et du Fils comme d’un seul principe, mais du l'ère principalement et originairement. P. G'., t. cxlii, col. 533 sq. Voir ici t. xi, col. 444. Blemmyde, dans ses deux Epitome, avait livré d’une manière plus accessible la pure substance d’Aristote. Col. 443. A Maxime Planude (f vers 1310), outre des traités théologiques tantôt justifiant, tantôt attaquant la doctrine catholique sur la procession du Saint-Ksprit, nous devons la traduction en grec d’un certain nombre d’ouvrages théologiques et philosophiques latins, notamment le De Trinitate de saint Augustin (fragments dans P. G., t. cxlvii, col. 1113-1130), les cinq livres De consolalione philosophiez de Boèce et quelques questions de la Somme théologique de saint Thomas. Cf. M..lugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, t. i, Paris, 1926, p. 127, et ici t.xii, col. 2251. La controverse hésj chaste, au xiv siècle, eut un effet indirect sur la scolastique byzantine : elle porta les Byzantins a prendre Connaissance de certaines œuvres latines. Depuis long temps déjà, les Dialogues de saint Grégoire avaient été

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traduits en grec ; nous venons de voir que Maxime Planude axait traduit des œuvres de Boèce, de saint Augustin et même de saint Thomas.

Au xiv siècle. Démétrius Cydonès (f vers 1400) eut le mérite de faire connaît re aux Grecs la théologie occidentale. Lien qu’il tînt les Latins pour des bar barcs, voir ici t. iii, col. 2454, il traduisit en grec nombre d’ouvrages des Pères et des théologiens occidentaux, notamment la Somme théologique de saint Thomas et plusieurs œuvres de saint Augustin, de saint Fulgence, de saint Anselme. Voir la liste coin plète des traductions dans M. Jugie, op. cit., p. 179. Le frère cadet de Démétrius, Prochorus, traduisit également la III"' partie de la Somme, le commentaire de saint Thomas sur la Métaphysique d’Aristote, quelques extraits de Hervé de Nédellec sur les Sentences, plusieurs ouvrages de saint Augustin, etc. Cf. M. Jugie. ibid., p. 180-481. Vers la même époque, Georges Scholarios (j 1468) traduisait île Gilbert de La Porrée le De sex principiis, une bonne partie des deux Sommes de saint Thomas, les commentaires de celui-ci sur le De anima d’Aristote et les opuscules De ente et essentia, De sophismatibus du même saint Thomas. Ci-dessus col. 1550-155 f. Ces traductions n’influencèrent guère la pensée byzantine.

Ainsi, du début du Moyen Age au xv c siècle, on peut relever la double influence du platonisme et de l’aristotélisme. Parmi les platonisants de l'époque du concile de Florence, il faut signaler Georges Gémistos qui, par amour pour Platon, prit le surnom de Pléthon. Simple laïc, il figura cependant au concile de FlorenceFerrare au sein du conseil impérial. Dans son De legibus, il paraît favoriser le paganisme. Voir ici t.xii, col. 2396 sq. ; l’accusation de polythéisme, portée contre lui par Scholarios, fut réfutée par le célèbre Bessarion, que son admiration pour Platon n’empêchait pas de tenir Aristote en grande estime. Georges de Trébizonde († 1485), au contraire, défendit Aristote contre les partisans de Platon. Très dévoué à la cause latine, il sut mettre la philosophie au service de la défense du dogme catholique, notamment dans son premier opuscule De processione Spirilus Sancti, P. G., t. clxi, col. 769-828.

Scolastique nestorienne et monophysite.

Le nestorianisme et le monophysisme furent des essais de

rationalisation du dogme de l’incarnation. C’est l’emploi de la terminologie aristotélicienne qui fut l’occasion des divergences dogmatiques selon le sens que les auteurs attribuaient aux expressions : essence, nature, hypostase, personne, personne physique ou hypostatique, etc. Voir ici Hypostask, t. vu. col. 385 sq.

Ce fondement philosophique se retrouve dans toute l'évolution de la pensée nestorienne et monophysite. Dans le nestorianisme, il y a simplement conjonction des natures, des hypostases, des personnalités ; dans le monophysisme, il y a fusion.

1. Tendance nestorienne.

A la fin du VIe et au de but du viie siècle, Babal le Grand, le plus remarquable des théologiens de l'Église orientale, s’empare des définitions de Philopon touchant l’essence, la nature, l’hypostase, la personne. Voir ici t. xi, col. 289 et col. 293-302. La distinction d’hypostase et de personne naturelle a sa répercussion jusque dans l’exposé théo logique de la Trinité. M. Jugie, Theologia dogmatica christianorum orientalium, t. v, 1935, p. 183. Parmi les théologiens nestoriens, dépendant plus ou moins directement de Babal et s’inspirant de sa philosophie, il faut citer le synode de Séleueie de 612, Ko' yahb 111 ( : 658), Georges l, r (661-681), l'écrivain Joseph Hazzaya (vine siècle), le patriarche Tlmothée f

(† 823), Ko bar un († 828) successeur de Timothée, Élie bar Sinâyâ (xr siècle), dans sou Livre de la preuve

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