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SCOL ASTIQUE AUX TEMPS MODERNES


tiennent en rien à l’essence de la (orme, et sur la quasi matière requise par l’intégrité « lu sacrement, c. iii, can. I. Le chapitre suivanl a une saveur toute scolastique lorsqu’il décrit I’attrition, don de Dieu, mouvement de l’Esprit-Saint non pas encore habitant en nous, mais cependant nous mouvant… disposant le pécheur à obtenir la grâce de Dieu. c. iv. can. 5.

Ces exemples suffisent pour montrer l’influence de la scolastique au concile.

Les écoles théologiques.

Les théologiens avaient

préparé l'œuvre conciliaire. Ils s’appliquèrent ensuite à lui faire porter ses fruits : de là. rendant à la vieille scolastique une nouvelle vitalité, le concile fut l’occasion d’une véritable renaissance dans toutes les branches de la théologie : parmi ces branches, la scolastique si décriée fut cultivée, et avec des méthodes perfectionnées, par les dominicains, les augustùliens et les franciscains, puis par les jésuites qui ouvrirent des oies nouvelles.

]. Les dominicains. — L'école dominicaine marque nettement sa position dans l'évolution de la scolastique : elle substitue la Somme de saint Thomas aux Sentences comme livre de texte à expliquer. La conséquence de cette initiative sera, d’une façon immédiate, l’apparition des commentaires proprement dits et d’une façon plus lointaine celle des manuels disposés d’après l’ordre de la Somme.

lue place à part doit être faite à Cajétan (1468153 1 1 dans l'époque de transition. Au point de vue doctrinal, deux traits caractérisent son enseignement : la profonde culture scolastique qui s’y manifeste et la hardiesse de certaines opinions. De cette hardiesse, on n’a que peu de choses à dire ici : elle se manifeste dans deux opinions acceptées sous l’influence de Scot et d’Occam, à savoir que la raison seule, sans la foi, ne peut démontrer l’immortalité de l'âme et que les anges ont un corps aérien. Ces concessions discutables ne sauraient faire oublier l’autorité incomparable de Cajétan dans l’interprétation de la pensée thomiste. Parmi les théories scolastiques vulgarisées par Cajétan d’une manière très personnelle, on doit signaler sa théorie de la personne ou de la subsistence. Voir ici t. vu. col. 4Il sq. Cajétan considère la subsistence comme un mode substantiel, réellement distinct de la nature complète et disposant celle-ci à recevoir l’existence. Cette doctrine dite des trois réalités (essence, subsistence, existence) a été acceptée couramment chez les dominicains. Elle a sa répercussion en théologie trinitaire, établissant en Dieu trois subsistences relatives en même temps qu’une subsistence absolue et commune aux trois personnes. Voir ici t. xiii, col. 2153. Suarez s’est emparé de la théorie du mode substantiel pour obvier aux inconvénients que vaut à sa métaphysique la négation de toute distinction réelle entre l’essence et l’existence.

La scolastique dominicaine du début du xve siècle a d’autres illustres interprètes : Silvestre de Ferrare i 1 526) qui commente le texte de la Somme contre les gentils ; Conrad Kollin († 1536), auteur d’un commentaire sur la I » -II* ; Javelli(+ après 1538), moins connu par son commentaire sur la I a de la Somme que par son opuscule De Dei preedestinatione et reprobatione, OÙ, pour répondre au prédestinatianisme luthérien, il s’affirme moliniste avant la lettre. Voir ici t. viii, col. 535-537. Ambroise Catharin (Lanceletto Politi) ne représente guère la tradition dominicaine, ni scolastique, ni thomiste. Voir ici t. VI, col. 909-916, et t. XII, col. J 1 J -s.

<.'es| sur les dominicains espagnols du XVIe siècle que

l’humanisme exerça le plus son influence. Salamanque fut le centre du mouvement et François de Vittoria († 1546) en fut l’initiateur, prenant la Somme théologique comme manuel. Thomiste convaincu, Vittoria

n’hésite pas à se séparer du Docteur angélique el cela sous l’influence de l’humanisme et de son maître

le P. Crockært sur plusieurs points où l’explication philosophique est essentielle : mode d’accroissement de la grâce, reviviscence des mérites, concours divin, liberté. Le plus illustre disciple de Vittoria, et son successeur, fut Melchior Cano († 1560). Dans son traité De loeis theologicis, Cano montre quel usage on doit faire des sources d’arguments théologiques. Trois livres intéressent spécialement la scolastique : le t. VIII, les théologiens scolastiques ; le t. IX, la raison ; le t. X, les philosophes. Au 1. XII. il expose quelle science spéculative et pratique doit avoir le théologien scolastique de chacune des sources indiquées. Voir ici Lieux

    1. THÉOLOGIQUES##


THÉOLOGIQUES, t. IX, Col. 712-717.

Cano, tout en orientant la théologie moderne vers la recherche des données de la foi, demeure cependant essentiellement fidèle à la tradition thomiste. A la théologie « il assigne un triple but, qui répond exactement à la notion de la scolastique… : tirer des principes de foi les conclusions qui y sont contenues, la défendre contre les hérétiques et lui incorporer les richesses des sciences humaines. Il réclame enfin, comme un trait inné de l’homme, la faculté de mettre la raison en contact avec les données de la révélation ». M. Jacquin, Melchior Cano et la théologie moderne, dans Revue des sciences phil. et théol., t. ix, 1920, p. 135.

La scolastique dominicaine espagnole doit revendiquer également Dominique Soto († 1560) qui fut présent au concile de Trente et lutta avec énergie contre Scot, Occam, Catharin. Voir Soto (Dominique).

A la fin du xvi° siècle, les dominicains espagnols veulent réagir contre les atténuations qui, sous l’influence de l’humanisme, se sont introduites dans la théologie de la grâce, et dont les jésuites s'étaient faits les promoteurs. Le chef de file est Bafiez (j 1604), théologien d’une profondeur métaphysique et d’une vigueur intellectuelle indiscutables. Baiïez relève chez tous ses prédécesseurs les concessions qu’il estime fâcheuses. Aussi ses adversaires le représentent comme un novateur et décorent son système du titre de « bafiézianisme » ; en réalité il applique jusqu'à l’extrême logique les principes de saint Thomas. Aux esprits non prévenus, il semble bien que le « baflézianisme » compris en son sens obvie, soit le thomisme authentique. On sait comment la vivacité des attaques de Bafiez provoqua les réactions de l'école jésuite et comment fut instituée, pour dirimer le conflit, la Congrégation De auxiliis. Bafiez ne vit pas la fin des discussions, mais ses disciples Diego Alvarez († 1635) et Thomas de Lemos († 1629) y furent directement mêlés.

On trouvera à l’art. Frères prêcheurs, t. vi, col. 920, la liste des principaux théologiens, aux xvie, xviie et xviiie siècles qui, dans l’ordre de SaintDominique, ont tenu très haut le drapeau de la scolastique thomiste.

2. Les augustiniens.

Kn principe, tous les théologiens catholiques se réclament de saint Augustin. Mais, dans le problème de la grâce qui, à partir du xvie siècle, devient le terrain de discussion entre écoles catholiques, diverses écoles « augustiniennes » s’afflr ment. L'école moliniste prétend elle-même relever de saint Augustin. Ce qui est vrai, c’est que les œuvres d’Augustin contiennent nombre de textes Favorables à la liberté humaine. Mais tout bon moliniste doit rejeter l’efficacité île la grâce ab inlrinseco, tandis que

les écoles augustiniennes, que Iles que soient leurs divi i

gences secondaires, admettent une efficacité de la

grâce ab inlrinseCO. H n’entre pas dans le cadre de cet article d'étudier ni même simplement d'énumérei le : ressemblances et les d i er-_ ; eiices des différentes I I

Il est suffisant d’indiquer brièvement qu’il écoles dites augustiniennes.