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SCHOLARIOS. VIE

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impérial avec les titres de juge général des Romains et de secrétaire général de l’empereur, xocOoXocoç

/P’.tt ( ç tcôv’P&>|xa(o>v, xtx80Xix6< ; oexperàpioç toû fJaai>i(oç. En même temps, il était, quoique simple laïc, le prédicateur attitré île la cour, et donnait chaque vendredi, au palais impérial, un sermon en présence du sénat et de tonte la ville. Le juge (les Romains sut se faire aimer tout en restant intègre. Le secrétaire de l’empereur était llatte presque à l’égal de son maître. On rivalisait d’éloges a l’adresse du prédicateur de la cour. C’est lui même qui nous le dit. D’ailleurs ses nouvelles charges ne le distrayaient pas de l’étude, et il continuait a donner ses leçons comme auparavant. Sur ces entrefaites, commencèrent les négociations filtre grecs et latins pour l’union entre l’Église romaine et l’Église byzantine. Scholarios était alors le Grec le plus versé dans la théologie des i.atins, celui qui connaissait le mieux l’histoire « les controverses passées

sur la fameuse question du FUioque, considérée alors comme le plus grand obstacle à l’union. De cette « pus tion il avait fait une étude approfondie en lisant aussi bien les écrits des latins que ceux de ses compatriotes ; il passait pour latinophrone. Rien d’étonnant à ce que l’empereur Jean VII Paléologue l’ait choisi pour être du nombre des laïcs qui devaient l’accompagner au concile. Nous connaissons les noms de deux autres de ces fipjfoVTeç qui portaient, comme lui. le prénom de Georges, à savoir Georges Amiroutzès et Georges Gémiste l’iéthon.

Que notre Georges ait été un chaud partisan de l’union des deux Églises, Ml ne saurait le contester. Sans doute, il prévoyait les difficultés de l’entreprise ; mais ses lectures pat ristiques l’avaient convaincu qu’un accord était possible sur la procession du Saint-Esprit. Or, d’après lui, il n’y avait guère que cette question qui fît vraiment difficulté, invité à donner son avis dans rassemblée que l’empereur réunit à Constanlinople pour délibérer sur les meilleurs moyens d’engager les discussions avec les Latins au futur concile, il lut un discours dans lequel il se déclara partisan d’un examen définitif des divergences dogmatiques en prenant pour base les écrits des docteurs de l’Église. S’il ne s’agit, dit il. que d’une union i économique », c’est-à-dire superficielle et de façade, inutile de réunir un concile ; des ambassadeurs peuvent suffire à pareille besogne, (le conseil fut applaudi, mais pas par tous ; d’autres y mirent des sourdines. Cf. Silvestre Syro poulos, Historia concilii Florentini, éd. H. Creighton, La Haye, 1660, p. 19-51. Sa conduite au concile sera éclaircie plus loin. Il favorisa le parti de l’union par ses discours et ses interventions : ce qui ne veut pas dire qu’il approuva tout ce qui s’y lit. S’il fallait en croire Silvestre Syropoulos, son départ de Florence, dès le 14 juin 1 13’. ». aurait eu pour cause la volonté arrêtée de ne pas assister a la proclamation officielle de L’union. Syropoulos. op. Cit., p. 268. Marc d’Éphèse paraît avoir interprété dans le même sens ce départ précipité. Mais le même Marc reconnaît aussi qu’après le retour à Constantinople son ancien élève lui donna de nouvelles inquiétudes au sujet de son orthodoxie. Cf. sa Lettre à Georges, écrite en il 10, éd. L. Petit, dans P. <>., t. xvii, p. 460.

Ce qui est sûr, c’est quc, dès 1 1 13. le maître et le disciple s’étaient réconciliés. Et lorsque, l’année sui aite, l’archevêque d’Éphèse mourant voulut se donner un successeur pour diriger la lui le contre l’union de Florence, c’est sur Georges Scholarios qu’il jeta les yeux. Celui-ci, dans ses écrits postérieurs, parlera plus « l’une fois du serment qu’il lit alors a son ancien maître de défendre jusqu’à la mort les dogmes nationaux. Voirie texte de la Réponse de Georges ii Marc d’Éphèse mourant publié par L. l’élit dans P. (>.. t. XVII, p. 189 191. Qu’il ait élé Adèle a sa promesse, c’est ce que prouvent surabondamment ses nombreux écrits polémiques contre le dogme catholique de la procession du Saint-Esprit et contre le concile de Florence, composés entre les années 1 1 1 1 et 1 153. Ils remplissent tout le t. h et plus du tiers du Cm des Œuvres. A partir de la mort de Marc d’Éphèse, il s’intitule, lui, simple laïc, « le chef de rassemblée des orthodoxes », rffi tcôv ôpQo-S 6Ço>v ajvâ ; î(oç sExpytov. (lîuvres, t. vi, p. 178. Dès l’automne de 1444, il se lance avec fougue dans la lutte et soutient de longues discussions sur le FUioque, qu’il met sans retard par écrit. Les dissertations, les dialogues, les lettres contre le dogme défini à Florence se succèdent presque sans interruption jusqu’à la mort de Jean VII Paléologue (1 1 18).

A ce moment, la fortune de Scholarios pâlit. Ou réussit à indisposer contre lui le successeur de Jean, Constantin, qui n’a pas encore pris position vis-à-vis de l’union. Sous le coup de la disgrâce, le polémiste antilatin éprouve un profond dégoût du monde ; en

I 150, il exécute le vœu qu’il avait fait au cours de sa trentième année, d’embrasser la vie monastique. Il revêt le saint habit dans le monastère de Kharsianitès, TOÛ Xapa’.avs’lTO’j. et prend le nom de (iennade. Il ne cesse pas pour cela la lutte contre les unionistes de Byzance et les Latins d’Occident. A l’automne de 1451, les hussites de Prague dépêchaient à Constantinople une ambassade conduite par le prêtre anglais Constantin Platris pour conclure l’union avec l’Église orientale, Constantin demanda à être instruit de la foi grecque. On lui donna pour catéchiste le moine Gcnnade, qui s’acquitta parfaitement de sa mission. Ce fut surtout à l’arrivée, eu novembre 1 152, du cardinal Isidore de Kiev, envoyé par Nicolas Y pour promulguer le décret d’union, que notre moine redoubla d’activité pour empêcher ce qu’il considérait comme la pire des catastrophes. Lorsque la proclamation fut un fait accompli (12 décembre 1452), demeuré seul, ou à peu près, à avoir refusé d’accomplir le geste auquel les autres se plièrent, il lit éclater sa douleur. Cf. Œuvres, t. iii, p. 180-18N.

Le 29 mai 1 153. Constantinople tombait au pouvoir des Turcs et, le lendemain, le moine Cicnnade était pris en compagnie de son neveu Sophianos et de plusieurs autres, réduit en servitude et emmené à Andrinople.

II eut la chance déchoir en partage à un riche musulman, qui le traita avec honneur. Bientôt même la fortune lui sourit d’une manière inespérée. Mahomet II voulut donner à la nation grecque une sorte d’organisation autonome sous la haute direction de son chef religieux. Ayant appris que le siège patriarcal était vacant, il lit procéder à l’élection d’un nouveau titulaire, suivant les prescriptions canoniques. Le choix du clergé tomba sur le moine (iennade. Le sultan ordonna di le rechercher. On le découvrit non sans peine, et il (lui. malgré lui. revenir à Constantinople et accepter la charge qu’on lui imposait.

Dans la lettre pastorale qu’il écrivit sur la prise de Constantinople, à l’automne de 115 1. dennade nous apprend qu’il s’écoula un certain temps entre ce retour d’Andrinople à Constant inople par ordre du sultan (fin septembre 1 153) et son élection connue patriarche. Il employa cet intervalle à reconstituer un monastère, dont il dut racheter les moines réduits en esclavage et à relever des églises pour les chrétiens restés dans la ville. Puis se réunit un synode nombreux d’evéques venus d’Europe et d’Asie. Malgré ses instantes proies tations, il dut se soumettre au choix unanime qu’on lit de sa personne. Il fut donc ordonné successivement diacre, prêtre, eveque et patriarche. Le sultan le combla de marques d’honneur et favorisa sa tâche de restaurer l’Église. Il alla même jusqu’à lui faire trois longues visites pour le questionner sur la religion chrétienne. Voir Ci-desSOUS, COl. 1542. Scholarios ne s’est