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SE MIA RIENS

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anoméens et des homéens. Sur la signification de ces

divers vocables, voir l’art. Arianisme, t. I, col. 1H221823. Garantie par Épiphane, véhiculée par saint Augustin, cette signification du mot semi-arien a fait fortune et s’est imposée très longtemps.

Il n’est pas nécessaire de reprendre ici l’histoire du parti homéousien, de ses origines lointaines, de sa constitution définitive au synode d’Ancyre en 358, de son rôle au concile de Séleucie de 359, des persécutions dont il a été l’objet de la part des homéens et de l'évolution qui a conduit à l’orthodoxie nicéenne un certain nombre de ses membres, tandis que d’autres risquaient de passer pour ariens, que d’autres enfin, tels Eustatbe de Sébaste ou Macédonius, orthodoxes pour ce qui est de la divinité du Fils, ne savaient pas tirer au clair la question de la divinité du Saint-Esprit. Tout ceci a été dit à l’art. Arianisme. Il convient plutôt d'étudier la notice qu'Épiphane consacre aux « semi-ariens » ainsi entendus, et qui a si gravement influencé les jugements de la postérité, en cachant à celle-ci la vraie signification du parti homéousien. Hseres.. i.xxiii.

Dans l’attitude du parti, Épiphane ne veut voir que son opposition au « consubstantiel » (homoousios) nicéen, sans examiner les raisons, très diverses selon les individus, pour lesquelles cette hostilité s’est manifestée. Il paraît même oublier ce qu’il a dit, à la notice précédente, sur Marcel d’Ancyre et sur la signification hétérodoxe que ce fervent nicéen avait su donnera la formule de Nicée. Hseres., lxxii, 1. Four Pévêque de Salamine, rejeter ou seulement suspecter V homoousios, c’est se ranger d’emblée parmi les négateurs de la divinité parfaite du Fils, parmi les ariens. Et quand il dit que certains semi-arianisent, 7)o.ixpe !.avîÇoL>a !, v, t. xxiii, 1, il n’entend pas seulement qu’ils inclinent vers quelques idées d’Arius ; non, c’est tout l’arianisme qu’ils acceptent et l’idée essentielle de celui-ci sur le caractère créé du Fils de Dieu. S’ils renient le nom d’Arius, ils reprennent son hétérodoxie. Leur mot d’ordre c’est Vhomoiousios (semblable par l’essence), qu’ils opposent à l' homoousios (de la même essence) nicéen ; mais au fond ils ne ditt'èrent pas sensiblement d’Arien et de sa séquelle. Et d’ailleurs, si dans la question du Fils ils usent encore de dissimulation, ils s’expriment avec toute la clarté désirable quand il s’agit du Saint-Esprit ; pour eux, celui-ci n’est qu’une créature étrangère au Père et au Fils. Ce jugement sommaire reflète évidemment la vivacité des luttes d’idées et de personnes aux alentours de 377, date d’achevé ment du Panarion.

Laissons de côté le dernier grief, qui tend à rendre tout le parti qu’entend caractériser Épiphane responsable des erreurs de quelques-uns de ses membres, Tous les semi-ariens (au sens d'Épiphane) ne sont pas des « pneumatomaques » et tous les pneumatomaques ne se recrutent pas parmi les semi-ariens ; Épiphane reconnaît lui-même qu’il en sort des rangs catholiques. Hæres., lxxiv, §1. Les professions de foi où s’exprime la doctrine du parti ne font du Saint-Esprit qu’une mention rapide ; c’est pour une raison simple. À l'époque où elles fuient rédigées, la question des rapports de la troisième personne avec les deux autres se posait à peine.

2o Documents cités par Épiphane. - À l’appui de son appréciation sur l’hétérodoxie des « semi-ariens », l'évêque de Salamine apporte deux documents d’une capitale Importance pour caractériser le parti dont les chefs sont Basile d’Ancyre, Georges de Laodicée, Silvain de Tarse et auquel saint Cyrille de Jérusalem n’a

pas hésité à se rallier.

i. Lettre du synode d’Ancyre. — La première pièce est. pour ainsi duc. le manifeste constitutif du groupe. Hseres., i.xxiii, (j 2-11. C’est la lettre rédigée par le

synode réuni à Ancyre à Pâques de 358. Cf. Arianisme, col. 1824. Les circonstances sont critiques : le deuxième grand concile de Sirmium (été de 357) a fait prévaloir une doctrine nettement subordinatienne, que l’on a eu l’impudence de faire patronner par le vieil Osius. C’est contre ce triomphe d’un anoméisme à peine déguisé que va prendre position le synode d’Ancyre, et c’est une démarche de l'évêque (leorges de Laodieee qui en provoque la réunion. Sans doute les origines de ce prélat sont-elles de nature à rendre suspect au premier abord le sens de son action. Prêtre d’Alexandrie, il avait eu des difficultés, avant le concile de Nicée, avec son cvêque, pour avoir pris la défense d’Arius. Références dans Tillemont, Mémoires, t. vi, ]). 259. Mais cela ne l’avait pas empêché de parvenir, avant 335, au siège épiscopal de Laodicée de Syrie, et on le retrouve aux divers conciles réunis en Syrie palestinienne au temps de la réaction antiathanasienne. Voir Tillemont. ibid., table, p. 859. (leorges figure dans la liste des évêques déposés à Sardique, en 343, par les Occidentaux. M lis il f mt croire qu’il était du nombre de ceux qui s’opposaient au nicénisine intégral plus par conservatisme théologique et par crainte du sabellianisme que par une hétérodoxie foncière. Toujours est-il que l’arrivée à Antioehe, en 358, d’Eudoxc de Germanicie, la protection que celui-ci donna dès l’abord à Aétius, arien déclaré, et à ses disciples, achevèrent chez lui une évolution doctrinale qui peut-être, se préparait depuis longtemps. Il se posa, dès l’abord, en adversaire décidé de l’homéisme où sou voisin, Acace de Césarée, avec qui, d’ailleurs, il avait maille à partir, abritait le vague de sa théologie. Sans doute Épiphane voit-il surtout les raisons d’ordre extérieur qui amenèrent cette apparente conversion. Il a pu y en avoir d’autres.

Quoi qu’il en soit, c’est une lettre de Georges qui alerta Basile d’Ancyre et le décida à convoquer les évêques de Galatie. Ces deux hommes, désormais, auront partie liée et seront les vrais chefs de ceux qu'Épiphane appelle les semi-ariens. D’ailleurs, les antécédents de Basile n'étaient pas de nature, eux non plus, à donner aux nicéens tous les apaisements. Basile était pour eux l’homme qui avait expulsé Marcel de son siège d’Ancyre ; comme Georges il avait été. de ce chef, condamné à Sardique. Mais il avait montré à Sirmium en 351, en combattant énergiipieineiil Aétius, qu’il était plus orthodoxe de pensée qu’il ne paraissait. Philostorge fait de Basile un défenseur de Y homoousios, Hist. ecel., t. IV, ix. éd. Bidez, p. 02 ; c’est une exagération d’un partisan fougueux de l’arianisme ; du moins révèle-t-clle le sens dans lequel s’orientaient les réflexions de l'évêque d’Ancyre. Elles devaient aboutir au long mémoire rédigé à Pâques de 358 dans la capitale de la Galatie et qui allait être le manifeste du liait i homéousien. Sans doute, s’il fallait n’en juger que par le dernier anal héinat Isme qui termine le document on y verrait —et c’est ce qu'Épiphane a vu — la condamnation du consubstantiel nicéen : « Si quelqu’un, tout en disant que le l'ère est père du Fils par puissance et par nature, dit (néanmoins) que le Fils csi consubstantiel ou Identique par l’ousie (Tauxooûcioç) au Père, qu’il soit anathèinc. Mais, si l’on réfléchit que les formules de Nicée font d’ousie et i’hypostase deux synonymes, on

ne sera pas trop surpris de la sévérité que montre le synode d’Ancyre a l’endroit d’une formule qui avait

donné lieu à de regrettables Interprétations. Aufaii.ee n’est point surfont à celles-ci que l’on en veut maintenant ; l’attention est attirée sur l’autre danger que

font courir à la pensée chrétienne les impiétés d’Aélius

et les indécisions d’Acace. C’est contre les premières

surtout que sont dirigées les explications, bien filandreuses et redondantes à notre goût d’Occidentaux,