Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/147

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

5795

SEMI-ARIENS — SEMI-PÉLAGIENS

L796 « semi-ariens d'Épiphane sont bien près d'être des catholiques. Trois hypostases dans une seule ousie, Tpeîç ÔTtoarâoei^ bi v.% ouata, telle va bientôt être la tessère d’orthodoxie qu’imagineront L-s Cappado riens et qu’iK feront triompher, l 'trois personnes, une seule divinité », ainsi parlent les homéousiens. Quelle

différence sensible peut-on remarquer entre leur mot d’ordre et celui de saint Basile de Césarée ? Pour embarrassée que soit la formule où notre document essaie de rendre l’inexprimable mystère de la vie divine, elle témoigne d’une sérieuse application, d’où la piété même n’est pas exclue, au problème si ardu de la trinité des personnes dans l’unité de nature. Leur fera-t-on un reproche de n’avoir pas trouvé d’emblée les expressions techniques de la théologie postérieure ?

3° Narrations d'Épiphane. - - Ce que l'évêque de Salamine raconte, après avoir donné ces documents, de ce qui précéda et suivit le concile de Séleucie, est plein de confusion. Toute son application va à prouver que les divisions qui se manifestèrent alors entre le groupe d’Eudoxe (les anoméens), le groupe de Basile d’Ancyre (les homéousiens), celui enfin d’Acace de Césarée (les homéens) (comparer § 23 et S 27), tenaient avant tout à des rivalités personnelles et à des intrigues ambitieuses. C’est bientôt dit. Il est incontestable que les deux grands chefs du parti homéousien n'étaient pas d’une moralité au-dessus de tout soupçon. Ce n’est pas une raison pour faire dire à leurs professions de foi le contraire exactement de ce qu’elles expriment. lit d’ailleurs Basile d’Ancyre et nombre de ses amis ont assez montré, par leur résistance ultérieure à i’homéisme officiel, qu’ils voyaient bien en Acace et dans sa conception arianisante les véritables ennemis. Pour l’avoir fait, ils ont enduré persécution, Épiphanc aurait été bien inspiré de le reconnaître.

Le plus curieux est l’attitude que l'évêque de Salamine. dans cette même notice, prend à l'égard de Mélècc d’Antioche. Par ses accointances premières, celui-ci se rattachait non aux homéousiens, mais au parti d’Acace. Voir l’art. Mélèce d’Antioche, t. x, col. 522. Sa désignation pour le siège d’Antioche était le fait de l'évêque de Césarée. Il n’empêche qu'Épiphane donne sur Mélèce les plus favorables renseignements et apprécie comme orthodoxe le premier discours prononcé à Ant ioche par le nouvel élu, di scours qui devait bien vite lui valoir une sentence d’exil. Or, à comparer cette homélie qu'Épiphane donne tout au long, Hæres., lxxiii, § 29-33, avec les deux manifestes homéousiens précédemment transcrits, on s’aperçoit que la doctrine de Mélèce est beaucoup moins ferme que celle de Basile d’Ancyre et de Georges de Laodicée. Cf. art. Mélèce, col. 523. Pourquoi les sévérités du Panarion à l’endroit de ceux-ci, son indulgence relative à l’endroit de celui-là? Il n’est pas trop difficile de voir que les appréciations d'Épiphane n’ont pas été exclusivement dictées par des critères théologiques. Ce sont les qualités morales de Mélèce qui ont fait impression sur l'évêque de Salamine, § 34, 35. Ce qu’il a vii, au contraire, dans les chefs homéousiens, qui d’ailleurs étaient morts au moment où il terminait son œuvre (vers 377), c’est qu’ils ne différaient guère ou même pas du tout des évoques politiciens qui, depuis Eusèbe de Nicomédie jusqu'à Acace de Césarée, avaient fait le malheur de l'Église orientale. Cette, appréciation morale est-elle absolument exacte ? H est difficile de le dire, mais, à coup sur. elle a pesé sur le Jugement qu'Épiphane a porté a I endroit de leur théologie. L’histoire du dogme aurait intérêt à ne pas s' tenir et a rayer de son ocabulaire le mol de semiariens, tout au moins dans le sens que lui a donné le fougueux évêque de Salamine.

I ne bibliographie Sommaire est donnée à Tari. AlilA msmi, i. i, coi. 1863 ; le livre capital reste celui de J.

Gummerus qui y est cité ; celui de (Aval kin, également cite, rendra aussi quelques services ; ajouter L. Duchesne, llistuirc de l'Église, t. ii, 1906, passim ; Palanque-Bardy-Labriolle, dans Fliche-Martin, Histoire de l'Église, I. iii, De la

paix constant iniennr à la mort de Théodose, Paris, 1036.

É. Amann.

SEMINARA (Benoît de), frère mineur capucin italien de la province de Naples. — Originaire de Seminara, dans la province civile de Beggio de Calabre, où il naquit de la famille de Leoni, en 1564, il fut envoyé, vers l'âge de dix-huit ans, à Naples pour s’adonner à l'étude du droit. Y ayant appris à connaître les capucins, il obtint du P. Basile de Naples, alors provincial, la permission d’entrer dans l’ordre. Il fit son noviciat à Caserta, où il fit profession le 20 mars 1586. Il s’adonna avec zèle à la prédication et y réussit si bien qu’il s’acquit le surnom d’apôtre de Calabre. Il enseigna dans la suite la philosophie et la théologie à ses jeunes confrères de Calabre et y exerça à plusieurs reprises les charges de gardien et de défmiteur. Il fut trois fois provincial, en 1606, 1613 et 1621. Il mourut à Seminara le 14 mars 1627, pendant qu’il y prêchait le carême. Le P. Benoît est l’auteur d’une Doltrirta cristiana, en sept traités, de Prediche quaresimali, de Sermoni et d’autres ouvrages homilétiques. Le Calechismus utilissimus in commodum parochorum pro erudiendo populo mentionné par Bernard de Bologne, op. cit., p. 41, doit probablement s’identifier avec la Dottrina cristiana. Ces ouvrages autographes ont été conservés longtemps au couvent délia Concezione des capucins à Naples.

G.-C. Scarfo, Elogio (tel 1'. Benedetto Lconi da Seminara, Naples, 171 1 ; Bernard de Bologne, Btbliotheca scriptorum O. M. cap., Venise, 1747, p. 40-41 ; Apollinaire de Valence, Bibliotlicca /r. min. cap. prov. Neapolitanæ, Rome-Naples, 1886, p. 51-52 ; Francesco da Vieenza, Gli scritlori capuccini calabresi, Catanzaro, 1914, p. 13-16 ; A. Teetært, Benoit de Seminara, dans Dict. hist. ijéoiir. ecclis., t. VIII, Paris, 1935, col. 261.

A. Teetært. SEMI-PÉLAGIENS. Employé pour dési gner des personnes qui, sans aller jusqu’au pélagianisme, faisaient trop grande la part de l’homme, trop petite l’initiative de Dieu dans l'œuvre du salut, le vocable de semi-pélagien est relativement récent. la différence du mot.semi-arien qui eut droit de cité dès la fm du iv c siècle, celui-ci ne se rencontre jamais dans la littérature théologique de l’antiquité chrétienne. Au dire de F. Loofs, le terme ne se trouve pas dans les scolasliques médiévaux. Art. Scmipelagianismus. dans Protest. Realencyclopâdie, t. xviii. p. 102. Noris pense que le mot est de l’invention des scolastici recenliorrs, Histor. pelagiana. t. i. p. 225, entendons par là les scolastiques contemporains de l’auteur. Quand Molina public en 158Il sa Concordia, on lui reproche, en bien des milieux, de penser comme la séquelle de Pelage, pelagianorum reliqaise, et il s’agit proprement de nos semi-pélagiens. C’est. semble-t-il, durant les dis eussions de la Congrégation de auxiliis que le terme a fait son apparition. Un des COnsulteurs signale l’existance, chez Molina. de l’erreur de Cassien et des autres Gaulois, qu’il appelle un peu plus loin I i sententia semipelagianorum. Cf. Lievin « le Meyer, Histor. controversise de divinis auxiliis, Anvers. 1705, p. 260 ". 263 l>. Quand il parle du groupe en question, .lanscnius emploie de préférence le mot de Massilienses, encore qu’il n’ignore pas celui desemi pélagiens. Quoi qu’il en soit,

les discussions ultérieures, celles autour de i’Augustmus tout spécialement, ont vulgarisé le mol que l’on a trouvé commode. Il se rencontre comme adjectif, dans la rédaction de la I' et de la 5* proposition de .lanscnius. I)cnI. liannvv.. n. H)'.i. r >. 1096.

l’our nous, le senii-péla.Liianisnic est essentiellement

un antiaugustlnisme exacerbé, qui, s’effrayanl à tort