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SEMI-PÉLAGIENS. LES DIFFICULTÉS

1840

niers, qui se rapportent ; i la sotériologie, condamnent Pelage, Célestius et ceux qui leur ressemblent : ilrappellent aussi les actes déjà posés par l'Église et spé cialement par le Siège apostolique à l’endroit de ces hérétiques ; c'était une Invitation non dissimulée à procéder contre Fauste.

La manière dont les Scythes se comportèrent à Rome n'était pas « le nature à amener le pape 1 Iormisdas ; i une telle démarche. Son Irritation fut au comble quand il apprit, par une lel tre de l'évêque africain Possessor, réfugié à Constantinople, que Us Scythes demeurés à Constantinople c'était une délégation seulement qui était venue : ï Romecontinuaient leur ramage autour <lu livre <le Fauste. Possessor, incapable de jug(r par lui même du bien fondé de ces disputes dont on voulait le faire arbitre, avait déclaré que les divers un-, uns qui tint lient « le ces matières n engageaient qu’eux-mêmes. Devant de nouvelles insistances, il demandait au Siège apostolique ce qu’il fallait répondre sur le fond même de la doctrine. Lettre dans la Collectif) Aoellana, Epist., ccxxx, Corpus de Vienne, t. xxxv b, p. 695 ; cf. /'.L., t. i.xin, col. 189. La réponse d’Hormisdas â Possessor n’est pas tendre pour les Scythes et décrit sous les couleurs les plus défavorables leur altitude à Rome dans l’a liai ri' nestorienne. Epist., c.xxxi. p. 296 ; cf. P. /-., ibid., col. 190 sq. Quant à la question de Fauste, elle était des plus simples. L'évêque de Riez n'était pas compté comme l’un des docleurs reçus par l'Église romaine. Ce qui, dans les écrits de ceux ((ne la foi catholique ne reçoit pas in auctoritate Palrum, est d’accord avec l’orthodoxie peut être admis ; le reste ne compte pas. Il peut y avoir sans doute intérêt â lire de ces textes plus ou moins douteux et l’on ne saurait blâmer ceux qui lisent des choses incongrues, mais ceux-là seuls qui s’y attachent. Quant à ce qui concerne les questions mèmesdu libre arbitre et de la grâce, le mieux pour qui veut connaître le sentiment de l'Église romaine, est de se référer aux expressa capitula conservés aux archives de la Curie, encore que l’on puisse se renseigner aussi dans les livres d’Augustin, spécialement dans ceux qui sont adressés à Ililaire et à Prosper (cf. ci dessus, COl. 1812 sq.), 1 Iormisdas fera tenir à Possessor ces Capitula s’il le désire. ()n remarquera que, tout en indiquant son approbation générale pour les livres d’Augustin et sa très spéciale recommandation des deux traites les plus topiques dans l’affaire semi-pélagienne. le pape ne considère comme engageant vraiment l'Église romaine que les Capitula conservés aux archives. Il ne saurait guère faire de doute qu’il ne s’agisse ici des Prateritorum Sedis apostolica auctoritates, ci-dessus, col. 1818 sq.

Possessor crut devoir faire à cette lettre la plus large publicité : cf. art. HoRMISDAS, t. vii, col. 171. Les Scythes en furent irrités et la colère de Jean Maxence. leur chef, s’exhala en un long pamphlet contre le pape I Iormisdas. Ci dessus, col. 1752. Lu particulier il lit des gorges chaudes de la réponse soi (lisant fournie

par le pape au sujet des ouvrages (le Fauste. oui ou

non, ces livres étaient-ils catholiques ? C'était toute la question et non pas de savoir si on les pouvait lire ou non. Or, la comparaison entre (les extraits bien choisis

di Fauste et d’Augustin puisque le pape donnait ce dernier comme l’un des témoins de la croyance romaine confondait ceux qui voulaient tenir Pauste pour catholique et en toute première ligne Possessor,

qui avait recommandé la lecture de ces ouvrages.

i" Retentissement de la querelle parmi hs évêques africains : saint Fulgence. Abandonnés par Rome, les Scythes se tournèrent vers le groupe des évêques

africains déportés en Sardaignc par les Vandales cl dont l’oracle élail saint Fulgence de ltuspe. Voir leur lel In- (lins la correspondance de ce dernier, Epist.,

xvi, /'. /… t. i.x. col. 142-451. La réponse des Africains fut rédigée, en effet, par l'évêque de Ruspe. Epist.,

xvii, ibid., col. 150-493. Les idées développées par les Scythes, dont le porte-parole était le diacre Pierre, se recouvrent très exact » ment, pour ce qui est des questions de la grâce, avec celles que Maxence avait énoncées dès le début dans son Libellas fldei. l'.n particulier on y fait le procès de la théorie de l’initium fidei, n. 1 <S et Pi : la loi elle même est un don de Dieu, qui accorde aux uns de croire, parce qu’il est bon. et abandonne les autres dans son jugement mystérieux, mais toujours juste. Et de railler ceux qui, voulant expliquer la volonté salviliquc universelle, aboutissent à vider le christianisme de tout mystère. La lettre des Scythes se terminait par l’analhèine prononcé contre Pelage. Célestius, Julien et ceux qui pensent comme eux ; elle réprouvait en particulier les livres de l’auste.

expressément diriges contre la doctrine de la prédestination, et dans lesquels humano labori subjungit <jrulise adjutorium, atque… Christi évacuons gratiam, antiquos sanctos ni n en gratia quu et nus… sed naturst pussibilitate salvatos impie profitetur. Les Africains ne pouvaient que faire écho à ces doctrines et a ces condamnations qui répondaient à leur augustinisme foncier. Sans nommer Fauste, leur lettre abondait, au moins sur ce point, dans le sens des moines Scythes.

Soit que les Scythes lui eussent envoyé le livre de Fauste avec leur lettre, soit qu’il l’eût tenu d’une autre source. Fulgence prit connaissance de façon plus détaillée de la doctrine de l'évêque de Riez et rédigea une réfutation en sept livres du De gratia Dei. Ce travail est perdu, mais de ses conclusions il est aisé de se rendre compte par deux autres écrits adressés à des personnages dont l’identité n’est pas établie : c’est d’une part VEpistola tul Joannem et Venerium (souvent appelée, quoique par abus, VEpistola synodica), texte dans 1'. L., t. i.xv, col. 435-442 ; d’autre part un petit traité en trois livres. De verilale pnrdestinatinnis el gratia Dei ad Joannem et Venerium, ibid.. col. 603 672, la lettre n'étant, somme toute, qu’un résumé du traité. On a jadis identifié le Jean dont il est ici ques lion avec Jean Maxence. le chef des moines scythes. Celte solution se heurte à d’assez, sérieuses difficultés ; il semble plus indiqué de faire de Jean et Yénérius les porte-parole d’un groupe distinct de celui des moines scythes et de les chercher ailleurs qu'à Constantinople. Tous deux avaient expliqué aux confesseurs africains que certains frères, dans la question de la grâce de Dieu et du libre arbitre, ne gardaient pas la voie droite, mais voulaient élever contre Dieu la liberté de VarbiIrinm humain ». C’est â leur consultation que répon dent nos deux documents dont le second e-l certainement de la plume de Fulgence, et se date d’après la mort du pape 1 Iormisdas i de bonne mémoire (7 août yi’A). Entre autres arguments auxquels se réfère l’JJpi’stola synodica, il est fait état de la Ici Ire de ce pap ! a l'évêque Possessor et de la recommandation faite par I Iormisdas de chercher dans les deux livres d’Augustin â Ililaire el à Prosper la doctrine orthodoxe. N. 18.

col. 112. Ou remarquera d’autre part que, tout en se maintenant dans le ton irénique, nos deux pièces mettent vivement en garde Jean. Yénérius et leurs commettants contre la doctrine de l-'ailste dont les explications sont opposées à la foi catholique.

lai résumé, si l’action des moines scythes n’avait pas obtenu tout le résultat escompté par ceux-ci. c’est à-dire une condamnation en règle de l’auste par le Siège apostolique, du moins avait « Ile attiré l’attention de la Curie sur le danger des formules préconisées à Pic/, et suscité, (le la part des Africains, une vigoureuse réfutation. Tout cela préparait le dénouement d’un procès qui, depuis trop d’années, troublait

l'Église gauloise.