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SI HOLARIOS. TRAITÉS APOLOGÉTIQUES

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Ces chapitres, le très savant Georges Scholarios les réfuta à Constantinople, à la demande du défunt Grégoire le patriarche ! alors grand protosyncelle..Mais il en restait d’autres qui] négligea d’exécuter. Aussi, le défunt patriarche, étant venu a Rome, pria le liés savant cardinal évèquc de Nieee d’y répondre. Celui-ci. accédant à sa demande, en lit justice en peu de mots, afin que, disait-il, ces syllogismes de l’évéque d’Éphèse ne restassent pas sans réfutation et que les gens simples et ignorants ne les considérassent pas comme irréfutables, parce qu’on les a laissés sans réponse.

Ce fut donc à Constantinople, à la demande de Grégoire Mammas, alors grand protosyncelle, que Scholarioa écrivit sa Réponse. Comme Grégoire resta protosyncelle jusqu’au milieu de l’année 1444, époque où il fut nommé patriarche de Constantinople, cette Réponse est donc antérieure à cette date ; mais il est évident qu’elle est de trois ou quatre ans plus ancienne. En 1444, en effet, Scholarios s’est déjà déclaré contre l’union, et c’est cette année-là même qu’il promet à Marc d’Éphèse mourant de lui succéder dans la luttecontre le latinisme. Selon toute vraisemblance, ce fut aussitôt après le retour de Florence, dans les premiers mois de 1440, que Grégoire fit auprès de Georges la démarche dont parle Jean Plusiadenus. Notre théologien se mit sans retard au travail. Après avoir parcouru attentivement les xsoàÀata ouXXoYiaTi.xà de l’archevêque d’Éphèse — on peut croire qu’il les a eus tous en main, cf. l’art. Marc Eugenikos, t. ix, col. 1984 — il s’aperçut qu’il y avait là beaucoup de répétitions, et dix-sept seulement sur cinquante-six lui parurent mériter l’honneur d’une réponse ; il passa les autres. Cela ne faisait point l’affaire de Grégoire Mammas, qui aurait voulu qu’on n’épargnât aucun des syllogismes de Marc. Voilà pourquoi, ne pouvant plus s’adresser à Scholarios, passé au camp des antiunionistes, il supplia plus tard Bessarion, de parfaire l’œuvre si bien commencée. La réfutation de Scholarios, unie à celle de Bessarion, avait été publiée par Hergenrôther dans P. G., t. clxi, col. Il sq. La nouvelle édition amende le texte en plusieurs endroits.

Ceux qui éprouvent tant de difficulté à admettre l’authenticité de cet écrit de Scholarios n’ont peut-être pas remarqué que ce dernier y vise moins à nous livrer sa pensée personnelle sur la procession du Saint-Esprit. bien qu’à plusieurs reprises il se déclare assez ouvertement pour la doctrine catholique, qu’à ruiner les arguments de Marc, à montrer qu’ils sont inefficaces, à dire à l’archevêque d’Éphèse : « Voilà ce que vont te répondre les Latins. »

2. Questions scripturaires et théologiques (p. 315-443).

Scholarios a laissé un certain nombre de questions quodlibétiques sur des textes scripturaires ou des sujets de théologie. Le t. m des Œuvres en contient dix-sept de cette sorte, parmi lesquelles six se rapportent à des sujets scripturaires, les autres à des sujets de théologie scolastique.

Les six questions scripturaires, représentent tout ce que notre Byzantin a légué à la postérité en fait d’exégèse biblique :
a) Le délaissement de Jésus sur lu croix : explication des paroles : Deus meus, Deus meus, quare derelequisli me ? prononcées par le Sauveur sur la croix. —
b) Sur l’apparition de Jésus à Marie-Madeleine et ù Thomas.
c) Sur le reniement de saint Pierre et le chant du coq. -
d) L’heure de la crucifixion de Jésus. —
e) Sur le second avènement du Sauveur et la résurrection des corps : Scholarios soutient que ceux qui vivront à la parousie, les pécheurs comme les justes, ne passeront pas par la mort. —
f) Sur l’arbre de vie et l’arbre de lu connaissance.

Les onze questions théologiques sont d’étendue et d’importance inégales et ont trait à divers points de dogme et de morale :
a) Sur i incarnation du Fils de Dieu, œuvre de jeunesse avant pour but de montrer comment le Fils de Dieu seul s’est incarné, et non le Père et L’Esprit, maigre l’unité d’essence dans la Trinité.
b) I Sur le titre de serviteur donné ù Jésus-Christ. (écrite en 1464), terme à proscrire en théologie.
c) Sur la rareté des miracles au temps présent, œuvre de la vieillesse, où l’on trouve un tableau sévère des mœurs du clergé byzantin sous la domination turque et où Scholarios exhale son pessimisme en annonçant la fin du monde comme toute prochaine. —
d) Sur l’humanité île Jésus-Christ, déjà publiée dans P. (i., t. ci.x, col. 1 157-1 162, traite de l’extension de l’œuvre rédemptrice à toute l’humanité parce que Jésus-Christ est le nouvel Adam. -
e) Sur les progrès des anges dans la béatitude, opuscule bâti sur le modèle de saint Thomas, Sum. theol., I", q. lxii, a. 0, avec conclusion identique ; l’auteur rappelle en passant les idées maîtresses de l’angélologie thomiste. —
f) Sur la double connaissance des anges, autre réminiscence thomiste sur la connaissance matutinale et la vespérale. —
g) Sur la liberté des méchants quand ils commettent le péché, leçon de théologie morale sur les actes humains empruntée à saint Thomas. —
h) Stérilité de la foi sans les bonnes œuvres, énumération curieuse des bonnes œuvres que doit pratiquer un chrétien, une quarantaine. —
i) Marie plus glorieuse que les séraphins, commentaire de cette assertion du mélotle saint Cosmas. —
j) Supériorité de saint Paul sur les autres saints, après la sainte Théotocos, morceau dont l’authenticité n’est pas absolument certaine ; c’est peut-être un simple extrait d’un panégyrique de saint Paul. —
k) Sur la distinction des personnes divines, de l’année 1464, simple note écrite à la suite d’un rêve, que Scholarios a pris pour une communication surnaturelle. La solution est dirigée contre la thèse thomiste : le Saint-Esprit peut se distinguer du Fils sans procéder de lui.

3. Apologétique à l’adresse des musulmans (p. 434475). —

a) De la seule voie qui mène les hommes au salut. —

Quelque temps après la prise de Constantinople, Mahomet II voulut se renseigner sur la religion de ses sujets chrétiens. Accompagné des hommes les plus instruits de son entourage, il alla trouver le patriarche Gennade et le questionna longuement sur le christianisme. Après le second entretien — car il y en eut trois — Mahomet II demanda au patriarche de donner par écrit la substance de ce qu’il avait dit. De là sortit le premier opuscule en question. Le morceau est d’une belle venue, approprié aux lecteurs auxquels il est destiné. En voici la marche générale. Toute chose est ordonnée à une fin. La fin de l’homme est d’atteindre Dieu, de jouir de lui. C’est par l’exercice de ses facultés supérieures d’intelligence et de volonté qu’il y tend ; et comme le moteur de toute cette activité est la volonté libre, il était nécessaire que le Créateur donnât à l’homme une loi pour diriger sa marche. La première loi donnée fut la loi naturelle. Mais la chute originelle a corrompu, quoique non complètement (p. 437, 4), la nature humaine ; les hommes sont tombés dans l’idolâtrie la plus avilissante. C’est alors qu’a été donnée à un petit peuple la loi écrite pour préparer l’avènement d’une économie plus parfaite. Au temps marqué. Dieu voulut réaliser par lui-même la restauration de l’humanité et lui apporter la loi définitive, la loi de grâce, après laquelle il n’y a pas à en attendre une autre différente ou plus parfaite. Pour cela, il était nécessaire en quelque façon que Dieu se fît homme. Aucune contradiction, aucune impossibilité dans l’incarnation d’un Dieu, puisque Dieu est tout-puissant. C’est le fils de Dieu, le Verbe, qui a pris une nature humaine dans l’unité de sa personne et en a lait son instrument pour opérer notre salut. La l"i donnée par lui ne contredit pas, mais perfectionne la loi île Moïse. Elle a été annoncée par les prophéties de l’Ancien Testament, par les oracles païens et les sibylles, et pressentie par