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SCHOLARIOS. TRAITÉS A.POLOGÉTIOI ES

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fluence de la théologie latine, spécialement pour ce qui regarde l’analogie de la trinité dos personnes tirée de l’âme humaine et do ses facultés d’intelligence et de volonté. De là vient enfin qu’un grand nombre ont voulu faire de ce bref exposé un livre symbolique de l’Église gréco-russe, ce qui est inexact. Sou contenu, en effet, fait abstraction de toutes les divergences dogmatiques entre les Églises, et cela intentionnellement, car il s’agit d’exposer à des infidèles les dogmes distinctifs du christianisme et de les amener à le professer.

La pièce donne bien la substance de l’opuscule précèdent sur l’unique voie du salut ; mais elle passe le développement historique sur les trois lois successives : naturelle, écrite et évangélique. Quoique plus court, l’exposé des mystères île la Trinité et de l’incarnation est plus clair, grâce aux comparaisons qui sont développées. La doctrine des fins dernières est mise plus en relief, et l’article 12 sur les preuves de la vérité du christianisme, où certains ont voulu voir un horsd’œuvre, rainasse en une énumération impressionnante des idées éparses dans la première rédaction.

Comme le premier opuscule, cet abrégé fut traduit en langue turco-arabe. Il semble que la traduction primitive ait été exécutée par des Grecs connaissant la langue turque et écrite en caractères de cette langue, mais telle que nous la possédons, en arabe transcrit en caractères grecs, la traduction est fort défectueuse et a exercé la sagacité des turquisants et arabisants qui ont essayé de reconstituer son texte en caractères arabes. Sur les diverses éditions de ce petit écrit, voir (Euvres, t. iii, p. xli-xlii.

c) Demandes et réponses sur la divinité de Jésus-Christ (p. 458-475). —

Sous ce titre est pour la première fois édité, d’après deux autographes, un dialogue entre Gennade et deux pachas turcs. L’entretien roule sur la divinité de Jésus-Christ et le mystère de l’incarnation. Gennade expose les principaux motifs de crédibilité à ces vérités aux deux infidèles, qui le quittent en lui demandant de leur communiquer ce qu’il avait écrit sur la foi chrétienne après ses entretiens avec le sultan et lui promettent de revenir. Pour une analyse détaillée, voir l’introduction au t. iii, p. xlii-xlv.

5° Tome IV. Polémique contre Pléthon. Œuvres pastorales, ascétiques, liturgiques, poétiques. Correspondance. Chronographie. —

Comme on le voit, le contenu du t. iv est particulièrement varié. On y trouvera réunies les pièces relatives à la polémique contre Gémistos Pléthon (p. 1-189). La théologie dogmatique, morale et ascétique, la liturgie, la philosophie, la littérature, l’histoire surtout, ont beaucoup à puiser dans le recueil.

1. La polémique contre Pléthon. —

Les morceaux donnés sous cette rubrique sont au nombre de six, d étendue très inégale, de contenu philosophico-théologique.

a) Contre les difficultés de Pléthon au sujet d’Aristote : Kortà tôv IlÀrOcovoç iiropuâv è-’Aç, <.n-’j-i’Lz’. (p. 1116). —

De cet ouvrage, divisé en deux livres, le premier seul avait été édité par Minoïde Mynas, Georges Scholarios, Paris, 1858, d’après deux mss du xix c siècle, dont le texte est médiocre. La nouvelle édition repose sur deux mss en partie autographes, en partie re visés pur l’auteur.

L’ouvrage a pour but de réfuter l’opuscule de’orges Pléthon intitulé : Hepl d>v’Ap’.TTo-réLr, * ; Trpoç ll>.7.70jva iuupéçercu. Cf. P. G., t. CLX, col. 889-932. Le t. I, de beaucoup le plus Important, répond aux quatre premiers chapitres de Pléthon ; le second s’attaque aux autres griefs formulés contre le Stagyrite par l’ami de Platon. D’après son propre témoignage,

Scholarios entreprit cette défense d’Aristote non pas tant pour l’amour du philosophe que pour la défense de la religion chrétienne, (.eue fut point, de son côté, désir d’exalter Aristole au dessus de Platon. Contre Platon lui-même il ne nourrit aucune animosité et sait reconnaître ses mérites. Il ne s’occupe, du reste, (le lui qu’en passant. Mais il a remarqué dans l’écrit de Pléthon un parti-pris de dénigrer le philosophe dont la doctrine, quoique non exemple de graves erreurs, s’adapte le mieux aux dogmes chrétiens. Le ton général de cette défense manque totalement d’aménité. Déjà le bruit circulait que le détracteur du Stagyrite avait composé un ouvrage injurieux pour le christianisme et ne tendait à rien moins qu’à ressusciter le vieux paganisme gréco-romain, à substituer au Christ les dieux de l’Olympe. Cf. art. Pléthon, t. xii, col. 2396, 2400.

De toute cette apologie en faveur d’Aristote la partie la plus importante est celle qui répond au premier grief formulé par Pléthon : le Stagyrite fait le monde éternel et ne lui donne aucune cause efficiente ; il ne s’est pas élevé à la notion d’un Dieu créateur ; son Dieu n’est que cause finale et motrice de l’univers. Scholarios s’inscrit en faux contre cette interprétation de la pensée du philosophe. Étudiant la signification technique de certains mots, comme S7jji.toupY£Ïv, xiveïv, tcoieïv, il s’efforce de démontrer qu’Aristote a fait de Dieu la véritable cause efficiente du monde, bien que celui-ci soit contemporain de Dieu, c’est-à-dire éternel I Qui a raison, de Pléthon ou de Scholarios ? Les historiens modernes de la philosophie sont plutôt de l’avis de Pléthon. Nous croyons qu’une lecture attentive du défenseur d’Aristote est capable d’amener une revision du procès.

D’après les renseignements fournis par la lettre-dédicace adressée à Constantin Paléologue, le futur Constantin XII, la composition de l’ouvrage est à placer dans la seconde moitié de l’année 1443 ou au début de 1444, sûrement avant le 23 juin 1444, date de la mort de Marc d’Éphèse, au jugement duquel l’ouvrage fut soumis. A la réponse de Scholarios, Pléthon opposa une réplique, où il maintint ses positions et rendit à son adversaire, en fait d’aménités, la monnaie de sa pièce. Cette réplique est dans P. G., t. clx, col. 743-746.

b) Lettre d’envoi de l’ouvrage précédent à Marc d’Éphèse. Cette lettre, déjà éditée dans P. G., t. clx, col. 743-746, et de nouveau par Lombros, Ila-XaioXôyEioc xal neXo7rovv7]cnaj « x, t. ii, p. 241-243, est courte mais fort intéressante. Elle nous montre Georges pleinement réconcilié avec Marc, et nous apprend que celui-ci fut le premier maître et éducateur de celui-là.

cj Lettre à Gémistos Pléthon à propos de son ouvrage contre les Latins (p. 118-151). — Déjà publiée par V.-Cl. -D. Alexandre, Traité des lois, Paris, 1858, p. 313369, et reproduite par P. G., t. clx, col. 599-630, cette lettre fut écrite en 1450, au moment où l’auteur s’apprêtait à revêtir l’habit monastique. Elle a pour but de féliciter Pléthon de son opuscule sur la procession du Saint-Esprit contre les Latins (cf. P. G., t. clx, col. 975980). En s’attaquant au dogme latin, Pléthon s’est lavé de l’accusation qui pesait sur lui de vouloir ressusciter le paganisme. Et là-dessus Scholarios déclenche une attaque en règle contre le néopaganisme et ses adhérents cachés ou déclarés. Il montre la supériorité du christianisme sur le polythéisme, des Pères de l’Église sur Platon et Aristote. On est un peu étonné de cette sortie à propos d’un opuscule sur la procession du Suint-Esprit, et l’on voit qu’ici encore Scholarios polémique contre Pléthon tout en le couvrant de fleurs. C’est que, comme il l’écrira plus tard, il savait di longtemps que le philosophe (le Mistra était l’auteur du fameux Traité des lois. Vprès quoi viennent des considérations polémiques sur le dogme des Latins. Scho larios reproche à Pléthon d’avoir fait aux Latins une dangereuse concession en attribuant au Fils une sorte de supériorité sur le Saint Esprit, du fait que le lila la propriété éternelle d’envoyer le Saint-Esprit