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SERVITES. KTl DES THÉOLOG [OU ES


vers la fm du June siècle on enseignait la métaphysique

d’Avicenne dans le cours du couvent de Bologne, chose qui ne doit pas surprendre si l’on considère que c’est sur cette métaphysique « pie s’appuient l’augustinisme et le scotisme.

Mais en 1304, à peine les servîtes furent-ils certains de leur existence, que leur première pensée fut d’envoyer des étudiants à Paris, dans le dessein de prendre leurs grades. L’ordre conserve, en effet, le souvenir du fait que, dès 1304, saint Alexis, le dernier des sept saints fondateurs, ramassait des aumônes pour l’entretien de ces jeunes gens ; au chapitre général de 1318, on fit pour eux un règlement intérieur, après leur avoir acquis une maison où ils demeurèrent pendant presque tout le xive siècle. Plus tard, lorsque la faculté de théologie fut instituée à Bologne, puis aux autres universités d’Italie, bon nombre des étudiants de l’ordre s’y inscrivirent, et par le fait même laissèrent presque complètement Paris.

Le meilleur représentant des études théologiques de ce temps-là, dans l’ordre des servites, c’est frère Laurent de Bologne, dit depuis le xv » siècle Laurentius Opimus. En 1374, il prit la licence à Paris, devint lecteur de son couvent de Bologne et finalement, en 1387, évêque de Traiï, en Dalmatie. Il a laissé un C.ommenttirius in quatuor libros sententiarum imprimé à Venise en 1532. Sa doctrine est conforme aux bonnes traditions de l'École et laisse voir une connaissance approfondie tant des sciences naturelles que des auteurs de son temps, qu’il critique et corrige dans leurs fausses conclusions.

Le système des études théologiques et la méthode ordinaire que les servites suivaient dans leurs couvents au cours du xv siècle nous sont connus par les décrets du chapitre général de l’an 1494 : In quolibet conventu habeatur unus qui juvenes noslros tloceat gramaticam et, ubi propter paupertatem conventus non potest in conventu retineri, detur licentia idoneis ad gramaticam, ut possint extra conventum illam addiscere. Item quod nullus permittatur ad gramaticam nisi prius sciât divinum officium et cantum /irmum. Item quod quilibet magister ordinis tenratur educare aliquem juvenem studentem iiu ipiendo a gramatica usque ad alias bonas arles. — Item quod in quolibet coiwentu sit unus qui doceat cantum firmum. — Item quod nullus dans operam lugiese pra-sumat audire pliilosophiam nisi per triennium vacaveril logica'. — Item quod nullus dans operam philosophiæ præsumut audire theologiam, nisi per triennium vacaverit philosophiæ. - - Item quod nemo promoveatur ad baccalaurcatum in (heologia nisi prius uudieril quatuor libros sententiarum vel per triennium sluduerit in theologia. — Item quod studentes in qualibet facultate utantur doctoribus ordinis nostri ; similiter régentes eorum doctrinam legant, scil., in theologia magistrum I.aurenlium de Hononia, in philosophia magistrum t’rbanum avcrroislam ; in logica magistrum Philippum de Caslellalio et logichettam magistri Stephani de Flandria… — Item quod régentes careant omni subsidio si quotidie non legerint aut disputaverint.

Parmi ces auteurs de l’ordre qui furent choisis comme textes scolaires, Urbain de Bologne est digne d’attention. Il écrivit In Commenta Averroys super librum physicorum Aristotelis interpretalio, imprimé à Venise, 1 192 (et Gracssc. Trésor, t. vi, p. 228) ; E. Renan s’est mépris sur lui, dans son ouvrage, Averroès et l’averroïsme, et avant lui les Annales de Giani, t. i, p. 270, en le disant antérieur à Marsile de Padoue. En réalité, t’rbain était lecteur à Pérouse en 1396, fut reçu docteur en 1405 à l’université de Bologne, nous le trouvons encore vivant en 1 123. Dans son gros volume in-folio, il Interprète pas a pas le commentaire d’Averroès sur la physique d’Aristote, avec une argumentation serrée et abondante ; mais là où le « Com mentateur est contraire à l’enseignement de la foi, il s’en éloigne avec pleine liberté. Ainsi, au t. VIII, d’accord avec Averroès pour admettre l'éternité du inonde, dans la question Utrum mundus sit œternus tali modo quod lion habueril causam productivam sui esse, il répond que sicut patet ex dictis in isto octavo (libro), opinio falsa Commentatoris fuit ; sicut patet per rationes suas sophysticas ; et après avoir apporté sept raisons pour en démontrer la fausseté, il en ajoute sept autres déduites des écrits même d’Averroès, de manière que le lecteur puisse les confronter avec les siennes ; puis il conclut : Istx sunt illæ jrivolic responsiones quas Commentator daret ad dictas rationes. Et videte quod quia ego expono Commentatorem, non esset conveniens occultarc suam intentionem, quia tune non esset eum exponere sed occultare. Fol. 231.

Philippe Moncagatta da Castellazzo (Alexandrie), grand partisan de l’albertisme en Italie, publia les Cummentaria et quæsliones super prædicabilibus, preedicamentis, etc.et omnia opéra excellentissimi philosophi Alberti Magni super tota logica Aristotelis, Venise, 1494. Il écrivit aussi divers traités sur la pénitence, une Invectiva in empiricum quemdam medicum, un Quadragesimale qui ne furent pas imprimés.

En 1462, Etienne de Nicase de Flandre avait écrit, dès son jeune âge, quelques Sludia logicalia, ouvrage qui est resté inédit ; plus tard, en 1497, il publia une Qiuvstio de subjecto et de propria passione ad mentem Scoti, disputata in almo Bononiensi studio, où l’on peut voir qu’il a enseigné la métaphysique à l’université de Bologne.

En plus de ces auteurs, plus ou moins suivis dans l’enseignement, notons Ambroise Spiera, de Trévise, religieux remarquable par la sainteté de sa vie et par son apostolat, auteur d’un Quadragesimale de floribus sapientise, imprimé en 1477, et par la suite plusieurs fois réimprimé, et d’un bon (Jommentarius in II am librum Sententiarum, qui ne fut pas édité. Comme presque tous les écrivains de l’ordre aux xve et xvie siècles, il incline ordinairement en faveur de la doctrine de Scot. Notons encore Paul Attavanti, florentin († 1499), qui prêcha dans les chaires de Florence, en même temps que frère Jérôme Savonarole, et qui, outre deux volumes de sermons très intéressants et deux volumes de droit canonique, publia aussi un petit livre Modo utile di confessione a Dio, et une Logica qui ne fut jamais imprimée.

Parmi les nombreux théologiens de l’ordre au xvie siècle, qui par leurs écrits ont exercé une certaine influence sur les études de leurs confrères, il faut noter : Jérôme de Lucques, général de l’ordre, qui publia en 1523 les Solutioncs apparent ium rationum Martini Lutheri, ex sacro evangelii textu excerplæ ; Augustin Bonucci, général (tl556), qui, le 8 avril 1546, tint un discours remarquable au concile de Trente, cf. Mai tène et Durand, Vet. mon. coll., t. viii, col. 1075 sq., et écrivit une Exquisitio super formalitates Aristotelis super universalia, et des Quastiones super librum tertium de anima selon la pensée de Scot. Ajoutons aussi Nicolas de Permise qui enseignait la philosophie à la Sapientia » de Borne et publia à Borne, en 1512, une Logica selon Aristote ; plus tard, Félicien Aurucci de Capitone (Naine), archevêque d’Avignon en 1566, qui écrivit des Explicationes catholicæ locorum fere omnium Veteris et Novi Testamenti quib : is ad stabiliendas hæreses nostra lempestate abuluntur hæretici, Venise, 1579.

Vers le milieu du même siècle, commença à circuler la légende selon laquelle Henri de ('.and aurait clé religieux de l’ordre. Cette légende s’explique par une confusion de nom avec un certain frère Henri Allemand, lecteur et prédicateur, qui mourut en L324, et que l’on appelle aussi Henri de Flandre, qualifié du nom de magna dans les registres du temps (probable-