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2015

SFONDRATI (CÉLESTIN

lidlii

quelle qu’elle --oit. ttiam efpcacissimam. l™ paît., $ 2, a. 2, p. 123. Cette définition quelque peu Inattendue de la grâce efficace, ne fait qu’embrouiller la question. La grâce sauvegarde notre liberté : Cujus ratio est, quia Deus aliter cum causis necessariis, aliter cum liberis agit… Cum liberis vero agit libère, et ideo, lieei ex parte sua salutem efficaciter relit, ac média de se potentissima suggérât eam obtinendi, relinquii tamen, ut ex Augustino vidimus, homini libertatem ea recusandi, si malit, I" part., S l, n. 18, p. 60. Sfondrati, en somme, n’a rien compris à saint Augustin ; il se contente d’accumuler les arguments, parfois les plus inattendus, en faveur de la munificence divine. Cf. p. 22-27, p. 340311. Qu’entend-il par grâce suffisante ? Nous lui faisons, nous aussi, une place. Mais ce n’est pas la grâce suffisante enseignée par Jansénius et condamnée par les souverains pontifes, cette grâce qui est de telle nature qu’elle n’obtient jamais son effet achevé. Nous admettons une grâce suffisante qui tantôt obtient, tantôt n’obtient pas son but, par la répugnance du libre arbitre, celle qui fut enseignée par saint Augustin et qui est admise par toute la Compagnie de Jésus et de très graves docteurs », I re part., §2, n. 2, p. 129. En somme, Sfondrati ne parle jamais d’une différence intrinsèque entre grâce suffisante et grâce efficace, au sens des théologiens thomistes.

Une position si nette devait susciter de toutes parts des contradicteurs. Les plus en vue étaient les évoques de France ; cinq d’entre eux : Le Tellier de Reims, Noailles de Paris, Bossuet tic Meaux, de Sève d’Arles et de Brou d’Amiens, signèrent une lettre au pape, rédigée en latin par Bossuet, et expédiée à Rome le 23 février 1697. Innocent XII leur répondit le 6 mai, que les discussions autour du Xodus prædestinationis allaient leur train, « même à Rome », et qu’il renvoyait le livre à l’examen d’une commission ; mais la condamnation ne vint pas et Bossuet, tout occupé alors de la question du quiétisme, demanda lui-même qu’on laissât à Rome dormir cette affaire. Lettres xcvi, cxiii, cxiv, clxxxv, ccix et cccxlii, relatives au quiétisme, Œuvres de Bossuet, t. vi, 1870, p. 338, 401, 418, 542. Lorsque, l’année suivante, Hennebel publia un opuscule demandant la censure de 40 propositions du livre de Sfondrati. ce fut le cardinal Gabrielli, approbateur du livre, qui prit, à la demande du pape, dit-on, la défense du cardinal défunt : Dispunclio notarum quadraginta, (puis scriptor anonymus… libro : Satins prssd, inussit, Cologne, 1699 ; 1705. Sfondrati trouva encore un défenseur dans l’auteur anonyme d’un Appendix ad nodum Slondralianum, sive litterit parvulorum scriptæe limbis ad suie quietis perturbatores, Cologne, 1698. Contre la documentation scripturaire et patristique du livre, l’attaque vint du janséniste Du Vancel, attaque si violente qu’elle fut désapprouvée par l’assemblée du clergé de France. Cf. Animadversion.es in Nodum prsed., Cologne, 1707, et Fleury, Histoire ecclés., continuation, c. ccxii, n. 37. Sur la doctrine de la grâce, contenue dans le livre, Quesnel lança un libelle fort habile : Augustiniana Ecclesiæ romaniv doclrina, a card. Sjoiulrali nodû cxlricata, per varias s. Augustini discipulos, Cologne, 1700, auquel le bénédictin Henoît Bac.chini, dans une dissertation restée inédite, ne put répondre qu’en attribuant le caractère de remarques de détail à certaines assertions risquées par l’auteur ou peut être par son éditeur. Cf. M. Ziegelbauer, Historia rri litterarim O, s. / ;.. 1754, t. iv, c. i, s. 3, p. 1 16, et I. ii, c. i, ii, p. 103 s ( |.

De toutes ces attaques, la pins équitable et la plus habile, parce qu’elle ne s’en prend que de biais au molinisme foncier de l’auteur — c’est celle de Bossuet dans la lettre des cinq évêques au pape. Cf. Œuvres de Bossuet, édit. 1870, lettre cclvi, t. xi,

p. 179-184, ou dans Correspondance (éd. des Grands écrivains), n. 1464, t. vin. p. 151. Bossuet ne s’j attache qu'à deux points de détails : la question des enfants morts sans baptême et celle du salut des infidèles.

Pour ce qui est de ces enfants, disait Sfondrati, bien qu’exclus du ciel, ils ne sont pas privés d’une béatitude naturelle : c'était la thèse de Lessius. Le cas de ces enfants avait, en effet, le don de choquer non pas la sensibilité du bon cardinal, comme l’insinue Bossuet. mais son solide optimisme fonde sur la bonté de Dieu. Il y revenait par deux fois, à propos de la prédestination, I rc part., § 1, n. 13, p. 48, et n. 23, p. 120, et une autre fois à propos de la grâce sutlisante, § 2, n. 16-17, p. 164. Mais cela le conduisait à affirmer que l’immunité de tout péché actuel, non seulement exemptait ces enfants de « toute peine du sens », ce qui était l’avis de saint Thomas, De malo, q. v, a. 2, de saint Bonaventure, Breviloq., p. III, c. v, et de presque tous les théologiens modernes, mais aussi les plaçait dans une situation privilégiée, mullo majori beneficio aflecisse, l'état « d’innocence personnelle. », expression vraiment surprenante, après que le concile de Trente, sess. vi, c. 3, avait enseigné qu' « en raison de la propagation par Adam, les hommes contractent, dès leur conception, leur propre injustice ». Sfondrati ajoutait que cette a innocence personnelle » était préférable à la vie éternelle après un péché commis et pardonné, comparaison pour le moins étrange, et que cet arrachement préventif à tout péché mortel était un bene/icium longe præstantius [quam gratin suffleiens], p. 164. Enfin, pour trancher le cas de la prédestination de ces enfants, l’auteur renonçait à les sauver malgré tout, par la solution reprochée jadis à Cajélan. comme par l’hypothèse imaginée plus tard par Klee, d’une, illumination de l'âme de l’enfant ; mais il en venait à supposer que l’admission de cette âme à la béatitude naturelle appartenait à un ordre de providence spécial : Fatendum est tamen quia nunquam parvulis aide baptismum sublatis Deus vilain u’ternnni volait, istos ad alium finem classemque providentiæ pertinere, I re part., § 1, n. 12, p. 48. Mais, pour ne pas contredire à l’universalité de la rédemption, il maintenait que la providence de Dieu sur ces enfants ad Christ i mérita et redemptionem perlinet, p. 364 ; ceci scandalisait Bossuet : Quo quid absurdius, et in Redemplorem ipsum contumeiiosius dici possit nos non videmus. Lettre cit., p. 180 (Corresp., p. 157).

2. Le deuxième cas embarrassant était celui des infidèles, que Sfondrati résolvait en les admettant libéralement à la connaissance de Dieu, ou bien en les excusant par leur ignorance invincible : At demus ita ignorasse (Deum, hoc est invincibililcr], id quoque magna bene/icii et gratiie pars est. Cum enim peccatum sit essentialiter ofjensio Dei, sublata Dei cognitione, necessario sequitur nec injuriam. tue peccatum, nec œlernam pœnam esse. Ergo, cum hac ignorunlm impeccabiles redderentur, alioquin certissimo peccaturi, si agnoscerent Deum sequitur hoc ipsum bene/icium esse, I™ part., s 2, n. 11, p. 152. Il y avait, dans une propo sition ainsi libellée, de quoi faire sortir de son calme le grave Bossuet, qui y voyait, non sans raison, île comble de l’erreur ». Il avait même raison d’y voir une reprise pure et simple de la thèse du péché philosophique telle qu’elle avait été condamnée par Alexandre X' 1Il en 1690. Au surplus, Sfondrati ne supposait pas normale el Invincible celle Ignorance des païens ; mais il reconnaissait à la connaissance embryonnaire qu’ils pou valent avoir de Dieu un caractère surnaturel : Sedquia hujusmodi notifia, prsesertim apud barbaros et rudes, est nimis vaga, proplerea a Deo, supplenU dejectum itulunc. ea per gratininjusioncm mugis complctur ad ipsum Creatorem. relut rerum humanarnm principinm, et bono-