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    1. SIGER DE BRABANT##


SIGER DE BRABANT. DOCTRINE

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mais ces paraphrases ne présentent guère de développements originaux ; elles ne font que reproduire la pensée d’Aristote. L’intérêt se concentre donc dans les questions elles-mêmes. Elles sont contenues dans le même ms., fol. 93-118 ; mais ici il y a en outre l’attribution explicite à Siger. Description dans van Steenberghen, p. '291-332. Deux questions ont été éditées par M. Grabmann, t. ii, q. vin ; t. IV, q. xx, Neuaufgefundene Qusestionen…, p. 140-145. Inc. : (. » //i in otnni scientia debeal esse aliquid supposition…

17° Quwstiones in libnun III De anima. — Elles se distinguent et des questions De anima iniellecliva (n. 5) et de l’autre commentaire In libros De anima (n. 10). Siger s'écarte Ici, davantage encore que dans ce dernier traité de Munich, du commentaire littéral d’Aristote. Il y introduit une division en chapitres, étrangère au texte original, et il donne en fait à son écrit l’allure d’un petit traité de l’intellect. On le trouve dans un seul manuscrit : Oxford, Merton coll. 292, fol. 357 v°364. Son édition est en préparation par A. Pelzer. Description dans van Steenberghen, p. 164-177. Inc. : De parle autem animæ qua cognoscit… Circa islum lertium librum contingit…

18° Compendium super librum De generalione et corruplione. — Le texte conservé dans le ms. de Lilienfeld 206, fol. 139 6-141, est malheureusement très fragmentaire : 16 colonnes sur 24 ont disparu. C’est un bref commentaire littéral du traité d’Aristote, où Siger souligne surtout l’enchaînement des idées, résume l’argumentation du Philosophe et ajoute parfois quelques remarques personnelles. Description dans van Steenberghen, p. 292-294. Inc. : De generalione autem et corruptione… In hoc primo libro dat Aristotcles.

19° Sophisma : Omnis homo de necessilale est animal. — Exercice scolaire analogue à celui des Impossibilia. Jadis aux archives Vaticanes, il est passé maintenant à la bibliothèque Vaticane (ꝟ. 6) ; description dans van Steenberghen, p. 333.

20° Rescriptum (de universalibus ?). — Cet ouvrage dont on ne connaît aucun exemplaire est mentionné par Siger dans ses Qmestiones logicales, éd. Mandonnet, t. ii, p. 57. Inc. : Significatum est nobis nonnullos doctores.

21° Commentarium in libros Polilicorum. — Aucun ms. n’en est connu, (l’est Pierre Dubois qui l’attribue à Siger dans son De recuperatione Terræ sanctæ, éd. Langlois, p. 121-122.

Il est impossible, dans l'état de nos connaissances, d'établir de façon précise la chronologie de toutes ces œuvres, non seulement d’assigner à chacune sa date, mais même de déterminer leur ordre de succession. Il n’y a que très peu de renvois de l’une à l’autre. Quant à la critique interne, si elle témoigne d’une évolution dans la pensée de Siger, en particulier dans les divers écrits qui traitent de l’intellect, agent ou possible, et du problème de son unité, elle ne peut à elle seule indiquer dans quel sens s’est effectuée cette évolution. Le nœud du problème réside dans les relations que présentent ces écrits de Siger avec les traités correspondants de saint Thomas pris comme termes de comparaison sûrs et datés ; particulièrement son De unilate intellect us, qui est très certainement une réponse à Siger et qui provoqua à son tour de nouvelles répliques. L’on peut pourtant, en se basant sur divers indices, tenir pour assuré que les Quirstioncs in III um De anima (n. 17) précèdent dans le temps les Quirstioncs de anima iniellecliva (n. 5) et celles-ci à leur tour les QuæsL in libros I-III De anima (n. 10). De même les QuafSt. in libros Metaphysicee (n. 16) sont non seulement postérieures à la traduction de VElementalio theologica de Proclus (1211K) niais aussi au Commentaire sur la Meta physique de saint Thomas (sept. 1270-janv. 1272) et à ses Questions disputées De anima. Les Quwst. in libros

Physicorum (n. 11) doivent être, elles aussi, de la seconde partie de la carrière de Siger. Ces conclusions rejoignent celles auxquelles aboutit F. van Steenberghen, Les œuvres et la doctrine de Siger de Brabanl, 1938, où l’on trouvera, p. 62-82, les arguments qui justifient les dates proposées et un tableau chronologique des ouvrages.

III. Doctrine et influence.

Jusqu'à Siger de Bfabant, l’influence d’Averroës au sein de la faculté des arts de Paris est incontestable. Il est déjà « le Commentateur », de préférence à Alexandre ou Avioenne. Son influence toutefois n’est pas exclusive ; elle demeure comme noyée dans tout un ensemble d’autres influences doctrinales assez confuses et les thèses qu’on lui emprunte ne sont pas encore reliées entre elles. C’est l'œuvre propre de Siger, précisément, d’avoir érigé en système cohérent, logiquement agencé et complet, cet enseignement d’Averroës ; d’avoir construit cette synthèse à laquelle on peut donner le nom d’averroïsme latin : application du système péripatéticien à tous les grands problèmes agités dans le monde latin, mais suivant les vues et les solutions du Commentateur.

La métaphysique de Siger pose, au sommet, Dieu, distinct substantiellement du monde, premier moteur et cause première. Dieu existe, il est nécessaire ; cette vérité est même évidente pour les philosophes. Impossibilia, éd. Mandonnet, t. ii, p. 74. D’elle-même, immédiatement et nécessairement, cette cause première produit la première intelligence. Mais, comme d’une nature simple un seul être peut procéder immédiatement, cette intelligence coéternelle à Dieu est son seul effet immédiat. C’est elle qui, à son tour, et par une série d’intermédiaires, produira les intelligences séparées, les sphères célestes et leurs mouvements, et tout ce qui est soustrait à la génération.

Les intelligences séparées, nécessaires en soi ainsi que le rapport qui les lie à la cause première, ne peuvent pas ne pas être. De necessilate, éd. Mandonnet, t. ii, p. 77. Si l’on peut cependant parler de contingence, c’est que les causalités intermédiaires qui président ainsi à la réalisation des êtres inférieurs peuvent entrer elles-mêmes en conflit et se contrarier, c’est qu’elles se heurtent aussi à l’indisposition de la matière. De necessilate, t. ii, p. 115-119. Le monde corporel toutefois, étant soustrait à l’influx immédiat de Dieu, ne se trouve donc pas soumis à sa providence. D’ailleurs, Dieu ne peut avoir la connaissance de ces futurs contingents ; car une connaissance de ce genre rendrait ces futurs nécessaires.

Les espèces corruptibles qui constituent le monde inférieur, tout comme les substances spirituelles, sont éternelles. II n’y a pas de raison, en effet, d’après le Philosophe, pour que le monde commence à être s’il n’a pas toujours existé. De anima intell., t. ii, p. 159, Cette affirmation est vraie de l'âme qui est éternelle pour le passé comme pour l’avenir. Elle l’est également des diverses espèces à individus transitoires, car il est impossible de placer en tête île la série un premier générateur qui n’ait été aussi engendré. Il s’ensuit que la matière première, clic aussi, le mouvement et le temps sont éternels ; seuls les individus sont instables et passagers. De œternitatc, t. ii, p. 139-141. Combinée avec la thèse de l’influence des corps célestes et de leurs conjonctions diverses, celle doctrine aboutit logiquement à la loi du retour éternel des choses, à

la théorie cyclique, qui commande aussi bien les arts et les sciences qui naissent et périssent pour renaître encore (De trtcrml.. toc. cit.), que les idées, les lois et même les religions.

Il n’y a dans la nature que îles singuliers. L’universel est seulement dans l’intelligence, et est postérieur à l’existence des singuliers. De œternit., t. ii, p. 135-