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silvère (saint ; — silvestre I er (saint)

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t ion comme évêque de Rome serait maintenue, mais il garderait la dignité épiscopale ; au cas contraire, il serait remis en possession du siège romain. Le diacre Pelage, apocrisiaire romain à Constantinople, mandaté par Théodora, essaya bien d’empêcher l’exécution de l’ordre impérial. Voir art. Pelage I er, t.xii, col. 660. Ce fut en vain ; Silvère fut ramené en Italie. Effrayé, Vigile s’entendit avec Bélisaire qui, sitôt Silvère arrivé, le livra aux « défenseurs > de Vigile et à ses esclaves. Le malheureux fut prestement interné dans l'île de Palmaria (Palmarola, une des îles Ponza) ; il paraît bien qu’il y aurait donné sa démission le Il novembre 537 ; c’est du moins ce que permettent de conjecturer les données fournies par le Liber pontiftealis sur la durée de son pontificat. Durement traité, à peine nourri, il ne tarda pas à mourir (2 décembre 537?). L'Église romaine l’honore comme martyr le 20 juin, ayant voulu voir dans ses malheurs la conséquence de sa fidélité à la foi chalcédonienne. Cf. le martyrologe à ce jour. Un sentiment de pudeur, bien compréhensible, a fait supprimer le nom de Vigile dans la notice ; seul Bélisaire est mis en cause et, derrière lui, Théodora. Au fait, ce serait bien aux agissements de la basilissa, fervente protectrice des monophysites, qu’auraient été dus, en dernière analyse, les malheurs de saint Silvère.

I. Sources.

Le Liber pontiftealis, édit. Duchesne, t. i, p. 290-295 ; Libératus, Breviarium causes nestorianorum et eutychianorum, c. xxii, P. L., t. lxviii, col. 1039-1011 ; Victor de Tunnumim, Chronicon, ad ami. 543, P. L., ibid., col. 956 ; Marcellini Chronici continuatio, ad ann. 537, P. L., t. li, col. 943 ; Procope, De bello gothieo, t. I, c. xxv ; du même, Iiistoria arcana, I, 2 et 7, édit. Isambert, p. 8 et 14 ; voir aussi Jallé, Hegesta, t. i, p. 115-116.

La notice du Liber pontiftealis est formée de deux morceaux assez maladroitement cousus et qui ne peuvent avoir le même auteur, cf. édit. Duchesne, Introduction, t. i, p, xxxix sq. La première partie, qui est d’un contemporain, est très hostile à Silvère, dont elle dépeint l'élection comme viciée par la simonie et la violence, puis elle raconte, non sans quelques erreurs, les débuts de la guerre gothique et les malheurs du siège de 537-538 ; sur quoi un autre narrateur, tout à fait sympathique à Silvère, revient sur les événements politiques déjà racontés, puis expose les malheurs du pape ; c’est une véritable Passio stxiicti Siloeri, au sens hagiographique du mot. Le détail peut en être suspect, mais le fait que Libératus, dans l’ensemble, est d’accord avec ce récit, sauf pour la finale, est de nature à donner des garanties pour l’un et l’autre ; la brève mention de Victor de Tunnumim est aussi un conflrmatur de la réalité des faits racontés. Procope lui-même, encore cpi’il ne dise rien du rôle suspect joué par Vigile, n’ose pas affirmer que les accusaI ions portées contre Silvère soient exactes et, dans V Iiistoria arcana, parle, comme le Liber pontiftealis, de l’action de Théodora ; c’est là un témoignage dont il ne faudrait pas se débarrasser trop prestement ; seule la Chronique de Mareellin accepte comme vrais les griefs articulés contre Silvère.

IL Travaux. — Ils seront énumérés plus utilement à l’art. Vigile, mentionnons seulement ici P. I Iild<l>rand, /)iY Absetzung des Papstes Sllverius, dans Historisches Jahrbuch, t. xlii, 1922, p. 213-249 ; cette étude fournit sur la question de 'laies de très heureuses précisions, mais nous paraît trop prompte à rejeter dans le domaine de la légende les collusions de Vigile avec Théodora et le rôle joué par cette dernière <l ; ins la déposition de Silvère : « Silvère n’a point été une victime de sa fidélité ; i la foi (chalcédonienne) ; il demeure suffisamment « ligne de compassion, si nous le considérons pour ce qu’il fut en effet, une victime de la guerre. »

Voir aussi E. Caspar, Geschichle des Papsttums, t. ii, Tublngue, 1933, p. 22K sq., qui n’accepte pas les démonstrations de i'. Hildebrand.

É. Amwn. SILVESTRANUS BRENZONUS Christophe, canne italien originaire de Vérone, professeur de

théologie, a Venise, Florence et Pise. Mort dans cette dernière ville le 20 mai 1608. Il a laissé In librum I um … II am … /// um … / ' um Sententicwum coinnientaria, Vérone, 159 1-1598, 2 vol. in-fol. Examen theologicuin in y// um Sententiarum cum suis lectionibus « </

seriem distinctionum Magistri, Sixto V dicatnm, Vérone, 1590 ('?), in-fol. — Examen theologicum in 7' um Sententiarum… Clementi VIII dicatum, Vérone, 1594 (?), in-fol. ; Montfaucon, Bibliotheca bibliothecaruin numuscriptorum nova, t. i, Paris, 1739, p. 290, indique un Examen theologicum in I I am Sententiarum, ms. à la Laurentienne de Florence. — Spéculum clarissimum in quo summi Poniificis romani imago expressaque sedes utriusque gladii, etc., Ferrare, 1007, in-4°.

Bibliotheca carmelitana, Orléans, 17.">2, t. i, col. 342-345 ; Ilurter, Somenclator, 3° éd., t. [II, col. :  ! 7 : i ; Richard et Giraud, Iiibliotliè<iue sacrée, t. XXIV, p. 69-70 ; Hoskovany, B. V. M. in suo conceptu immacutata ex monumentis omnium sœculornm demonstrata, Budapest, 187 : 5, t. i, p. 343 et 364 ; t. iii, p. 1 1 ; Études carmélitaines, 1922, p. 113.

J. MliRCIlilt.

1. SILVESTRE I" (SAINT), pape du 31 janvier 314, au 31 décembre 335. — I. Données historiques. II. Données légendaires (col. 2070).

I. Données historiques. — Le pontificat de saint Silvestre, un des plus longs (près de 22 ans) et se situant à une des époques les plus importantes de la vie de l'Église, est malheureusement très mal connu. Silvestre remplaça Miltiade qui avait été témoin de la victoire remportée sur Maxence par Constantin et bénéficiaire des premières mesures gracieuses prises par le souverain à l’endroit des chrétiens. Le nouvel élu jouit de la même situation. Mais il se trouva que les initiatives bientôt prises par l’empereur en matière religieuse reléguèrent quelque peu dans l’ombre la personne du pape.

La chose est visible dans la solution donnée par Constantin à l’affaire donatiste. Celle-ci, en 313, a été jugée, à la demande du souverain, par le pape Miltiade, voir t. x, col. 1275. Mécontents de la sentence, les donatistes en appellent à l’empereur, qui avec une promptitude extrême se hâte de convoquer, pour connaître de cette affaire, jugée par Miltiade, un concile d'évêques occidentaux ; celui-ci doit se rassembler dans la ville d’Arles le 1 er août 314. Le pape Silvestre avait sans doute été invité à y paraître ; il se contenta d’y envoyer deux prêtres et deux diacres, cf. P. L., t. viii, col. 816 B, ce qui était d’une heureuse politique. Plus respectueux que Constantin des droits traditionnels du Saint-Siège, le concile, après avoir terminé ses travaux — jugement conforme au premier dans l’affaire donatiste, règlement de diverses questions disciplinaires — en écrivit au pape, regrettant que sa présence ne fut pas venue donner plus de poids à ses décisions. Ibid., col. 818. Il transmit à Silvestre la série des mesures arrêtées, en le priant, étant donnée sa situation particulière, de les faire connaître partout : Placuit antequam a te. qui majores diœceses tencs per le potissimum omnibus insinuari. Col. 819. Ce n'était peut-être pas tout à fait ainsi qu’au siècle précédent des papes comme Victor ou Etienne I or concevaient leur rôle.

La même intervention impériale éclipse scmblablement, à Nicée, l’autorité du Siège apostolique. Lors des controverses trinit aires orientales dans la seconde moitié du ni 1 e siècle, qu 'il s’agisse de l’affaire de Deny s d’Alexandrie ou de celle de Paul de Samosate, le pape n’y était pas resté étranger et l’on avait pris soin de le tenir au courant. Le pape Dcnys était même intervenu de façon tics personnelle en ce qui concernait les doctrines reprochées, à tort ou à raison, à son homonyme d' Alexandrie. Voir t. tv, col. 126. Au premier éclat de la controverse arienne, l'évêque Alexandre mit aussi le pape Silvestre au fait des doctrines enseignées par Arius et des condamnations prononcées contre lui. Voir à ce sujet une lettre du pape Libère de 354, 7'. L., t. viii, col. 1353. De même lit le synode d’An-