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SILVESTRE II

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Voir Thietmar de Mersebourg, Chronieon, 1. IN’, c. xxviii, />. /… t. < xi. col. I2(i.">. Même attitude de Silvestre à l’endroit des évêques trançais. Sous Grégoire V aussi, Etienne qui chut arrive par violence au siège épiscopal du Puy, avait été déposé et ses consécrateurs excommuniés. Jaffé, post n. 3896. lui novembre 999, Sihestre confirme la nomination du successeur qui a été donne à Etienne..Jalïé. n. 3906. Il y a mieux : Arnoul de Reims, à la déposition de qui Gerbert avait pris un si grand intérêt, est venu à Home à la fin de 999. Sihestre donne a eette affaire la solution la plus convenable. Sans innocenter l’archevêque contre lequel avait si violemment requis le concile de Saint-Basic, le pape considérant que la sentence de ce concile n’avait pas de approuvée par le Saint-Siège », autorisa Arnoul à reprendre toutes ses fonctions, a Nul ne devra à l’avenir, lui opposer le fait de sa déposition et lui en faire griel de quelque façon. > Jaffé, n. 3908. L’année suivante, l’évêque de l.aon. Adalbéron (ou Ascelin), accusé par son souverain Robert le Pieux de multiples félonies, reçoit de Silvestre une des plus sévères mercuriales qui soient jamais parties de la chancellerie pontificale. Jaffé, n. 3914. Tout au début de 1001, le synode tenu à Saint-Sébastien de Home, en présence d’Otton, casse le jugement rendu par Willigis de Mayence, qui enlevait à l’évêque de Hildeshcim ses droits sur le monastère de Gandersheim. Jalïé. post n. 3915. Tous ces actes montrent de quelle manière Silvestre concevait son rôle de chef de l’Église.

L’autorité qu’il revendiquait, il entendait la faire servir au bien général. De plus en plus, dans l’Église, il était question de reforme. En attendant de plus amples projets, il était un abus auquel il fallait d’abord s’attaquer, c’était la simonie dont les conciliaires de Saint-Basle s’étaient plaints avec tant d’amertume. A Ravenne déjà, Gerbert lui avait déclaré la guerre ; devenu pape, il continua. Même si l’on n’admet pas l’authenticité du Sermo de informutione episcoporum, où ce crime est durement repris, il reste, pour juger des idées de Silvestre, une consultation donnée par lui à un abbé de monastère qui, se sentant coupable, avait demandé au pape de quelle manière il pouvait le mieux expier sa faute. Jafîé, n. 3930.

Sur ces divers points, le pape était en parfait accord avec le jeune empereur qui, ayant fixé à Rome sa résidence, ne s’écartait guère de la capitale que pour des voyages de piété ou d’affaires. Silvestre était devenu son plus intime confident. Il voyait avec joie, s’il ne suggérait pas lui-même, les grandioses projets que le souverain, demi-grec par sa mère Théophano, nourrissait et commençait à réaliser. L’idée que l’Empire, récemment relevé par Otton I pr, n’était point chose germanique, que c’était une puissance universelle, la chrétienté envisagée sous son aspect de Cité de Dieu, cette idée, Silvestre l’avait souillée au jeune Otton. Elle s’étale dans l’exorde de cette discussion dialectique De mtionali et ratione uti, où Gerbert s’écriait : La Grèce n’est pas seule à se vanter de posséder la puissance romaine. Notre, vraiment nôtre, est l’empire romain. Sa force, elle est dans la fertilité de l’Italie, dans les qualités guerrières de la Gaule et de la Germanie, dans l’appui que lui fournissent les royaumes des Slaves. P. L., t. cxxxix. col. 159 C. Faire a nouveau de Rome la capitale de l’Empire, C’était a quoi tendait de plus en [dus Otton III qui, dans son palais de l’Aventin, copiait tout le pompeux cérémonial, tout le fastueux appareil de la cour byzantine. Encore que les plans qui s’ébauchaient ne fussent pas sans danger pour l’indépendance du Saint. Silvestre évitait de les contrecarrer, mais il s’efforçait de faire dévier dans une autre direction les intentions impériales. En toutes ces vues plus ou moins

chimériques, une chose surtout lui souriait : le fait que l’Empire se dénationalisait et prenait dans la chrétienté allure plus catholique. Maintenant que le christianisme d. passait largement, dans la direction de l’Est. les frontières de la Germanie, il s’agissait de détacher l’un de l’autre christianisme et germanisme, de donner aux jeunes Églises que l’Allemagne avait essaimées le sentiment de leur indépendance. Ainsi fut lait et les conseils de Silvestre n’ont pas élé sans contribuer à ce grand résultat.

C’est par l’intermédiaire de la cour impériale qu’Etienne, roi de Hongrie, demande au pape Silvestre les pouvoirs nécessaires pour établir en son pays, qui commence à se convertir, les évêchés nécessaires ; peut-être sollicite-t-il en même temps la reconnaissance par le Saint-Siège de la jeune monarchie. Cf. Thietmar de Mersebourg. Chronieon, t. IV, C. XXXVIII, P. L., t. cxxxix, col. 1272 (". : Imperatoris gratia et hortatu, Waic (c’est le nom magyar d’Etienne) in regno suimet episcopales cathedras faciens, coronam et benediclionem uccepit (mais la pièce, Jalïé, n. 3909, est un faux qui ne remonterait qu’au XVIIe siècle). Les paroles de Thietmar laissent entendre qu’il y eut d’importantes concessions faites au nouveau royaume.

Même spectacle en Pologne, où se constituait un État considérable sous le gouvernement de Bolestas le Vaillant. Encore que les ambitions de celui-ci aient pu sembler menaçantes pour la Germanie, Otton III ne laissait pas de lui faire des avances. l’n lien d’ailleurs unissait les deux souverains, une vénération commune pour la mémoire de saint Adalbert, tombé en 997 sous les coups des Prussiens. A Gniezno, Bolestas, qui avait racheté son corps, avait donné au martyr une magnifique sépulture. Otton III, en 990, avait connu Adalbert à Rome, s’était mis sous sa direction, avait conçu pour ce père spirituel une juvénile affection. En l’an 1000 il voulut aller sur son tombeau, désireux de voir de ses yeux les miracles qui s’y accomplissaient. C’est dans le sanctuaire que se rencontrèrent le duc et l’empereur, et c’est sur la châsse du martyr que fut décidée l’organisation en Pologne d’une hiérarchie qui serait indépendante de l’Église d’Allemagne. Gniezno deviendrait un siège archiépiscopal, avec comme suffragants, les évêchés de Kolberg, en Poméranie, de Brestau, en Silésie, de Cracovie en Petite-Pologne. Bien qu’il ne reste pas de traces d’une participation de Silvestre II à cet arrangement, il n’est pas vraisemblable que la Curie y soit demeurée étrangère. Parti de Rome au début de l’an mille, Otton y était rentré en octobre. Soit avant son départ, soit à son retour, il a dû mettre le pape au courant de ce qu’il méditait ou de ce qu’il avait réalisé en Pologne.

Cet an mille, que l’empereur passa presque entièrement en dehors de Rome, avait donné quelques émotions à Silvestre, qui se sentait plutôt toléré qu’accepté par les Romains. Cf. Jalïé, n. 3913. Il se passa néanmoins sans trop d’encombre. Le retour d’Otton III, en octobre, rassura pleinement le pape. Mais bien vite il dut déchanter. En février de l’année suivante, 1(101, une échauffourée assez grave contraignit le pape et l’empereur à quitter Rome où ils ne se sentaient plus en sûreté. Voir Thangmar, Vita S. Bernwardi, n. 23 sq., P. L., t. cxl, col. 412 sq. Durant toute cette année, Sihestre paraît bien avoir suivi Otton, parcourant l’Italie dans toutes les directions, s’installant quelques semaines à Ravenne, puis, à l’été, circulanl aux alen tours de Rome qui ne paraissait pas décidée à ouvrir ses portes. Apres avoir passe- à Todi les fêtes de Noël, le quartier général alla s’installer au pied du Soracte, au château de Pateruo. C’est la qu’Otton fut atteint d’une fièvre maligne qui l’emporta en quelques jouis. Il mourut le 23 janvier 1002, assiste dans son agonie par Sihestre 1 I. Tandis que la dépouille de l’empereur