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SIMON (RICHARD)


Pères grecs sur les questions de la grâce ; il fait trop l'éloge d’un certain nombre d’hérétiques des premiers siècles et des temps modernes. Ce n’est pas sans raison ciue la plupart de ses ouvrages ont été condamnés à Rome. La loi de l’Index n'était pas alors reçue en France ; il ne paraît pas s’en être préoccupé, il n’en parle nulle part. Voir B. de La Broise, S. J., Bossuet et la Bible, p. 364 sq.

A" Derniers ouvrages. — Le bombardement qui avait détruit la ville de Dieppe en 1694 obligea Simon à venir à Paris où il resta désormais la plus grande partie du temps.

1. Arnauld l’entreprit rudement, à propos de l’Avis important… dans ses Difficultés ù M. Steuært…sur l’avis donné par lui à M. l’arch. de Cambrai, Cologne, 1691, in-12. Simon composa une Lettre pour lui répondre, mais ne l’imprima point ; il se défendit seulement contre lui d’avoir parlé trop favorablement de Mahomet : la lettre composée en 1696 est au t. ni des Lettres choisies, lettre xxxii, p. 243. — 2. On lui attribue des Lettres critiques où l’on voit les sentiments de M. Simon sur plusieurs ouvrages nouveaux, publiées par un gentilhomme allemand, Bàle, 1699, in-12 de 346 pages. Ces lettres roulent sur l'édition de saint Jérôme par les bénédictins, qu’il attaque vivement. Comme il était mal avec eux, on a jugé qu’il en était l’auteur et qu’il avait écrit par la plume de. son neveu. Lettres choisies, t. iv, p. 32, 34, 44. — 3. Quelques-uns de ses amis crurent rendre service au public, en recueillant ses lettres les plus intéressantes sous ce titre : Lettres choisies de M. Simon où l’on trouve un grand nombre de faits anecdotes de littérature, 4 vol. in-12 ; l'édition porte le nom d’Amsterdam, quoique faite à Trévoux. Un t. i parut en 1700, il était si défiguré que l’auteur crut devoir avertir qu’il ne s’y reconnaissait pas ; on le réimprima en 1702 avec des augmentations ; un t. il parut en 1704, un t. ni en 1705. Une 2e édition parut, à Amsterdam, cette fois, en 1730, augmentée d’un t. îv qui avait été malencontreusement ajouté à la Bibliothèque critique. Le t. i est précédé de V liloqe historique de Richard Simon, prêtre, par Bruzen La Martinière. son neveu à la mode de Bretagne. On y trouve racontées un grand nombre d’anecdotes intéressantes et l’auteur y donne des preuves des nombreuses recherches qu’il a faites dans les bibliothèques ; ces lettres n’ont pas toujours été adressées aux personnes dont elles portent le nom ; le plus souvent, l’auteur s’en sert comme d’un moyen pour apprendre au public ce qu’il veut lui faire savoir. Il s’y occupe, en dehors de celles qu’il a traitées dans ses ouvrages, des questions discutées alors : des preadamites ; du mouvement de la terre ; de publications, comme les Annales ecclésiastiques du 1'. Le Coin te ; des éditions de saint Augustin, de saint Jérôme par les bénédictins, de celles de Lactance, de saint Jean Chrysostome, d’Origène, de Gerson ; des ouvrages de Maldonat, de Petau, de Thomassin ; de la traduction de Plularque par Amyot ; du bréviaire de Quignonez ; de l’habitude conservée par les chanoines de Lyon de ne pas fléchir complètement le genou à l'élévation ; de la bibliothèque des Ihres défendus après la révocation de l'édit de Nantes ; de la Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques de Du Pin, t. i, p. 338 ; de la question de la Pflque telle que l’a envisagée le P. Jean l.aruy. Voir la table chronologique au commencement du t. i qui manifeste en Richard Simon un esprit universel, ennemi de la simple spéculation.

4. A la même époque, il fut engagé dans une nouvelle querelle : Basnage de Bauval et Eiuet avaient entrepris de faire en 1 Inllande une nouvelle édition du Dictionnaire de Furet ière ; Simon fut invité, par les libraires de Trévoux qui avaient dessein de donner un dictionnaire pour le même usage, à étudier l'édition

de Hollande ; il composa donc Remarques critiques de M. Simon sur le Dictionnaire universel, publié par M. Basnage de Battrai et par M. Huet ministre, qui furent imprimées dans les Mémoires de Trévoux, mars 1701. Les éditeurs répondirent chacun par une lettre insérée dans le Journal des savants ; Simon répliqua par de Nouvelles remarques publiées aussi dans les Mémoires de Trévoux, suppl. de septembre 1701.

5. Lui qui avait tant critiqué les traductions des autres voulut y aller de la sienne : Le Nouveau Testament de N.-S. J.-C. traduit sur l’ancienne édition latine avec des remarques littérales et critiques sur les principales difficultés, Trévoux, 1702, 4 vol. in-8° ; 2e éd., 1703. Dans la préface, il fait cette déclaration : « Le décret du concile de Trente n’a été fait que pour le bon ordre et pour empêcher les brouilleries qu’auraient pu apporter les différentes versions… Notre version latine étant obscure et équivoque en quelques endroits, il n’y a point d’autre remède pour ôter ces obscurités que d’avoir recours aux originaux… Ce n’est pas que je blâme ceux qui publient des réflexions morales sur l'Écriture ; mais je souhaiterais qu’elles fussent toujours jointes à des interprétations littérales. »

Plusieurs partis se réunirent pour le condamner et lui faire payer cher sa critique de la Bible de Mons. Par une Ordonnance du 15 septembre 1702, le cardinal de Noailles interdit la lecture de cet ouvrage de Simon. Texte dans Lettres choisies, t. ii, p. 333. Le 12 octobre, Simon qui, trente ans plus tôt, lui avait donné des leçons d’hébreu, fait paraître une Remontrance, ibid., p. 346, où il accuse d’ignorance et de mauvaise foi les théologiens qui l’ont jugé ; il a demandé, sans l’obtenir, de n'être pas condamné avant d'être entendu, il prie le P. de La Tour d’intervenir ; il explique les passages incriminés où les dogmes de la prédestination, de la grâce, du péché originel, etc. ne sont pas du tout niés. Bossuet, qui, à la première lecture du livre, avait souhaité que l’auteur, en corrigeant l’Histoire critique du V. T., fit une traduction de toute la Bible, change de sen liment et condamne le Nouveau Testament. Il écrit à M. de Noailles le 19 mai 1702 : « Je trouve presque partout des erreurs, des vérités affaiblies… les pensées des hommes au lieu de celles de Dieu. » A l’abbé Bertin, également le 19 mai : » Je ne veux que du bien à cet auteur et rendre utiles à l'Église ses beaux talents qu’il a luimême rendus suspects par la hardiesse et les nouveautés de ses critiques. » A quoi l’abbé répond avec plus de modération : « J’ai peine à croire qu’il se soit jamais formé aucun système suspect… Je croirais plutôt qu’il n’a pensé qu'à faire des recherches et des remarques dont il laissait le jugement au lecteur. »

Se conformant « à la docte et juste censure donnée à Paris, le 15 septembre », Bossuet défend sous peine d’excommunication ipso facto « de lire ou retenir le livre nommé ci-dessus, sa préface, sa traduction et ses remarques comme étant respectivement la traduction infidèle, téméraire, scandaleuse. » (29 septembre 1702.) Il écrit en 1702 et 1703 deux Instructions, une sur le dessein et le caractère du traducteur, l’autre sur les passages particuliers : Il semble dans toutes les notes, dit-il, que l’auteur n’ait eu dans l’esprit que le dessein de ravilir les idées de l'Écriture. » 7 rc Inst., 12e passage. Il trouve des sentences sociniennes, des allinités avec Grotius, Crellius, avec les pélagiens parce que Simon traduit : Sine me nihil » olestis facere par : Vous ne pouvez rien taire étant séparés de moi. « Les faux critiques, dit-il, qui sont ordinairement des grammairiens outrés, mettent toute la délicatesse de leur esprit à examiner les paroles, peu sensibles à l’exactitude des mœurs, » Remarques sur les explications tirées de Grotius, xv. Il lui reproche d’attaquer du même coup saint Augustin, saint Thomas, Fstius, Sahneron