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SIMON I)F. TOURNAI

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les questions controversées, même à l'égard d’un saint Augustin, et les solutions neuves aussi que lui suggère l’application dos principes philosophiques d’Aristote aux notions traditionnelles do la théologie catholique. Cette Influence aristotélicienne jointe à celle des porrétaius le rapproche de Raoul Ardent et d’Alain de Lille, ses contemporains, et les oppose tous à l’autre couranl dont Pierre de Poitiers est alors le représentant et qui s’inspire d* Augustin et de Pierre Lombard.

Sur quelques points précis, la place qu’il occupe dans le mouvement théologique à cette époque a fait l’objet d'études. (Test ainsi que, pour sa doctrine relative à la grâce, avec la distinction qu’il apporte entre les data naturels et les ilona surnaturels, surérogatoires, entre la gratia purgans et la gratia ornons, la première indépendante de l’homme, l’autre réclamant son concours, on pourra consulter A. Landgraf, Studien tur Erkenntniss des Uebernatûr lichen in der Frahseholastik, dans Scholastik, 1929, p. 1-37 ; sur le triple aspect des vertus, entité, habitus, exercice, avec la connexion qui en résulte entre elles, O. Lottin, La connexion des vertus avant suint Thomas d’Aquin, dans Recherches de théol. anc. et méd., 1930, p. 26 sq. ; sur la division des vertus en vertus politiques et vertus religieuses, et sur le rôle de la charité, cause formelle et finale de toutes les autres : O. Lottin, Les premières définitions et classifications des vertus au Mouen Age, dans lier, sciences phil. et théol., 1929, p. 370 ; sur la distinction qu’il établit entre la libertas libéra et la libertas liberata, O. Lottin, Les définitions du libre arbitre au XII 9 siècle, dans Revue thomiste, 1927. p. 227 ; sur le degré de culpabilité des mouvements de l’appétit sensitif. id., La doctrine morale des mouvements premiers de l’appétit sensitif, dans Archives d’hist. doctrin. et littéraire du M. A., 1931, p. 64 sq. ; pour sa doctrine trinitaire, M. Schmaus, Die Trinilâlslehre des Simon von Tournai, dans Rech. théol. anc. méd., 1931, p. 373-396 ; pour sa doctrine sur la pénitence, vertu et sacrement, H. Weisweiler, Die Busslehre Simons von Tournai, dans Zeitschr. fur kathol. Theol., 1932, p. 190-230.

Son influence, sans être capitale comme celle d’un Guillaume d’Auxerre ou d’un Philippe le Chancelier, se fait sentir néanmoins à la fin du xii c et au début du xiiie siècle. Alain de Lille déjà est tributaire de lui dans ses Régulée theologicæ ; maître.Martin de Fougères, quelques années plus tard, marche nettement dans son sillage ; de même telle Somme anonyme de théologie du Vatie, lai. 10 754. Guillaume d’Auxerre, Albert le Grand le connaissent et le citent également. Comme le dit fort bien J. Warichez, dans son étude sur Simon, op. cit., p. xxxi : Il appartient à cette pléiade de maîtres actifs qui, entre 1180 et 1230, composèrent les premières équipes de la jeune université de Paris et lui assurèrent son crédit mondial. Pour la philosophie et la théologie, on entre alors dans une période de recherche technique, grâce à laquelle seraient unifiés et systématisés les immenses matériaux brassés par le xii c siècle. Ce seront les magistri antiqui auxquels se réfèrent si souvent Albert le Grand et. plus tard, I Son aven turc et Thomas d’Aquin. Leur rôle aura consisté à créer un vocabulaire technique, a élaborer des débilitions proprement dites par de la les définitions innombrables et disparates, a produire des divisions et des distinctions où se cristallise le fruit îles analyses spéculatives. Simon de Tournai fut de cette équipe. »

Petit-Radel, Simon, chanoine do Tournoi, dans llist. littér. dp la France, t. iii, p. 388-394 ; is. Hauréau, Hist. de la philos, seul., t. n o, p..">.s-r> : > ; du même, Notices et extraits de quelques manuscrits, t. iii, p. 250-259 ; M. De Wulf, Hist. de lu philosophie en Belgique, 1910, p. ">'> sq. ; M. Grabmann, Die Geschichle der tchol. Méthode, t. ii, p. 535-552 ; J. Wari DICT. DE IIH.nl.. CATHOL,

chez, Simon de Tournât, dans Biogr. notion, de Belgique, t. wii. p..") i i-.v> ; i ; du même, Les Disputationes de Simon de Tournai, Louvain, 1932,

P. ( iLORIEI.

    1. SIMON LE MAGICIEN##


SIMON LE MAGICIEN. — Il n’est guère de

question d’histoire ancienne de l'Église qui soit plus complexe que celle de Simon, dit le Magicien, et de ses rapports avec la secte des simoniens que les divers hérésiologues placent en tête des sectes hérétiques chrétiennes. Le plus sûr est de commencer par une revue chronologique des divers renseignements fournis par les sources. Après cela seulement il sera possible d’esquisser une synthèse, plus ou moins conjecturale, de l’histoire de Simon et de la secte qui a porté son nom.

I. TÉMOIGNAGES DIVERS RELATIFS A SlMON. —

1° Les Actes des apôtres (vm, 9-13 ; 18-24). — Lors de l'évangélisation de la Samarie par le diacre Philippe, celui-ci rencontre, dans la capitale du pays, « un homme, nommé Simon qui y exerçait la magie et frappait d'étonnement les habitants, se disant quelqu’un de grand. Tous s’attachaient à lui du plus petit au plus grand et l’on disait de lui : « Celui-ci est la « puissance de Dieu, celle qu’on appelle la grande. » Et l’on était attaché à lui, parce que, depuis longtemps, il étonnait le monde par ses enchantements. » Convertis par la prédication de Philippe, les Samaritains se font baptiser. Soit conviction profonde, soit surprise de voir dans le diacre une puissance (magique) supérieure à la sienne, Simon se convertit lui aussi et reçoit le baptême. A quelque temps de là, les deux apôtres Pierre et Jean viennent en Samarie pour imposer les mains aux néophytes et leur donner le Saint-Esprit. Témoin des prodiges qui accompagnent, comme au jour de la Pentecôte, l’effusion de l’Esprit, Simon, plus encore qu’il ne l’avait fait dans le cas de Philippe, voit dans les apôtres des magiciens plus forts que lui, dans le geste de l’imposition des mains une « passe » beaucoup plus efficace que ses secrets. II offre de l’argent aux apôtres, afin qu’ils lui cèdent à lui aussi le pouvoir de donner le Saint-Esprit par l’imposition des mains. On sait la sévère réponse de Pierre. Encore que l’apôtre ne prononce pas contre Simon une malédiction définitive, encore qu’il invite le magicien au repentir, encore que celui-ci paraisse touché par les paroles de Pierre, l’impression que laisse l'épisode c’est que Simon n’est pas resté du nombre des vrais fidèles et qu’il est revenu à ses pratiques antérieures et aux idées plus ou moins consistantes par lesquelles il les justifiait. Il n’y a pas à s’attarder à discuter ici l’authenticité de ce passage des Actes, que nous considérons comme faisant partie de la rédaction primitive. Quoi qu’il en soit, d’ailleurs, le portrait qui est ici tracé de Simon est celui d’un magicien, d’un enchanteur, de haut ou de bas étage, peu importe, qui, en possession de certaines recettes, de certaines formules, ou même, si l’on veut, d’une vraie science astrologique, est capable de produire certains effets, bienfaisants ou malfaisants, ou de prédire l’avenir avec un pouvoir qui dépasse les forces ordinaires de la nature. De ce chef il peut prétendre à n'être pas un homme comme les autres. Il se donne pour quelqu’un de grand. Qu’il ait accrédité lui-même le bruit, ou qu’il l’ait simplement laissé circuler, il passe non pas seulement pour détenir une parcelle de la vertu d’en haut, mais pour être cette vertu même, cette puissance divine, r, Sûvau, l< ; TOÛ 8eoû, r, XOcXonfiévir] iz- ; -/'/ : r r On a voulu opposer ces ivu concepts : du charlatan qui accomplit des tours ou, si l’on préfère, du mage oriental. appliqué aux spéculations ast raies, et de l’inspiré qui se présente comme une sorte d’incarnation de la divinité. Dans un milieu syncrétique comme était celui de la Samarie, les deux idées ne sont pas absolument

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