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SIRMOND NTOl N R — SIR MONO JACQUES


les œuvres qui témoignent ilu véritable amour, selon le texte de saint Jean Qui garde ma parole, c’est celui-là qui m’aime. (Joa., xi. 21). Dieu, par son commandement ilil’amour, en toute rigueur de précepte, a prétendu obliger tout homme uniquement à l’amour effectif, c’est à-dire à l’observation de la i<>i. Pourquoi dès lors ce commandement d’aimer Dieu de tout notre cœur, de toute notre âme et de toutes nos forces ? i Le commandement d’aimer Dieu, répond le P. Sirmond, n’est l’ait que pour les autres commande meiits, parée que Dieu ne nous a absolument obligés à lui témoigner de l’affection qu’en lui rendant obéissance. (P. 1 ! ’.) Autrement dit, le précepte de l’amour est négatif, puisque il ne nous est pas tant commandé d’aimer que de ne haïr point, soit formellement par haiæ actuelle, ce qui serait diabolique, soit matériellement par transgression de la loi. ilbid.)

Il est clair que tout ce système implique la valeur morale de la contrition imparfaite. Très conscient de ce lien logique, Antoine Sirmond se range sans hésiter dans le camp des attritionnistes. Je ne serais pas d’opinion, dit-il, à croire qu’en chaque réception ou collation de sacrements, il fallut, de nécessite, exciter en nous cette sainte flamme d’amour pour y consumer le pèche dont nous serions coupables, l.’atlrition y est suffisante avec effort pour la contrition, ou avec la confession pour qui en a la commodité. »

1. Les positions du P. Sirmond quant a la charité et quant à l’attrition ne pouvaient manquer de soulever contre lui de vives oppositions. Dès 1641, Antoine Arnauld lançait son Extrait de quelques erreurs cl impiétés contenues dans un livre intitulé : La défense de la rertu, 1641 (dans Œuvres, t. xxix. 1779, p. 1-15), attaque qu’il appuierait dans la suite par une Dissertation théologique sur le commandement d’aimer Dieu (ibid., p. 16-73). Pour parer les coups qui lui étaient portés. Sirmond écrivit rapidement sa Réponse à un libelle diffamatoire publie contre l’auteur île la Défense de la vertu. A cet écrit Arnauld ne riposta pas, mais lans la Théologie morale des jésuites, qui parut en 16 13. , 1 dénonçait à nouveau les erreurs de la Défense, dont le malheureux auteur venait au reste de mourir (10 janvier 1643). Peu avant sa mort, Antoine Sirmond s’était vu [iris a partie par un autre adversaire encore. l.e célèbre évêque de Belley, Camus, se croyant, à tort ou a raison, visé par le jésuite, avait lui-même publié en 1642 des Animadversions sur la préface d’un livre intitulé : Défense île la vertu, et il allait revenir à la charge avec ses Notes sur un livre intitulé : Défense de la vertu, 1 ô 13.

En dépit de tout le bruit fait autour de l’ouvrage par cette polémique (à laquelle nu nouveau retentissement devait être donné par la Dixième Provinciale : Pascal. Œuvres, édition des Grands écrivains, t. v, p. J70 ; cf. p. 225), la éfense ne fut ni mise à l’Index ni censurée par la Faculté de théologie. Et ce n’est pas non plus de son texte qu’ont été tirées les diverses propositions relatives a l’amour de Mien, condamnées par Rome durant la seconde moitié duxvir siècle. oir Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1101, 1156, 1289 : et plus haut, les art. ALEXANDRE VII, t. i, col. 731 ; Innoceni XI, t. vu. col. 2009 ; Alexandre VIII, t. i. col. 749. Il s’en faut, certes, que le livre d’Antoine Sirmond s., it de tout point défendable. Fâcheuse for mule que celle qui a été relevée plus haut : Il ne nous est pas tant commandé d’aimer que’le ne haïr point. Mais l’idée que cherche a rendre cette formule maladroite autant que malsonnante, l’idée que l’obligation (rigoureuse et ^r.ivei du précepte de la charité (entendue comme pur amour de Dieu) serait a rattacher a l’obligation des divers préceptes moraux, cette idée la, qui est celle de tout le traite, continue aujourd’hui encore de retenir l’attention des théologiens.

Abbé Mavnaid. Les Provinciales et leur réfutation, Paris, 1851 ; Dœllinger et Reusch, Geschichte der Moralstreitigkeiten in der rômisch-katholischen Kirche, Noerdlingen, 1889 ; Sommervogel. Bibl. de In Comp. de.Jésus, t. vii,

col. 1236-1237 ; A. De Mcye, Les premières controverses jansénistes en France, Louvain, 1917 ; II. Bremond, Une querelle du par amour au temps de Louis XIII, Jean-Pierre Camus et Antoine Sirmond. dans Colliers de la nouvelle journée, t. wii, 1932 ; G..loppin. Une querelle autour de

l’amour pur. Jean-Pierre Camus, Paris, 1938.

G. Joppin.

2. SIRMOND Jacques (1559-1651), né à Hiom en Auvergne, étudia au collège de Billom, le premier fondé par les jésuites en France, entra dans la Compagnie de Jésus à l’âge de dix-sept ans et y devint un des plus savants hommes (m’aient possédés la France et l’Église pendant la première moitié du xvii 8 siècle. Singulare illud gallicanse Ecchesise decus et arnanu ntum. écrit de lui Baluze, préface à l’édition des œuvres de Réginon de Prùm, P. L., t. cxxxii, < ol. 17ô H. D’abord professeur de belles-lettres à Pontà-Mousson et à Paris, il passa ensuite dix-huit ans à Rome comme secrétaire du général de la Compagnie (1590-1608) et mit à profit les loisirs de son emploi pour se livrer à des recherches dans les bibliothèques, Très estimé du cardinal Baronius, dont il prononcera l’éloge funèbre, il lui communiqua des documents pour l’histoire grecque et fut chargé de composer la préface de la Collection des conciles publiée à Rome sous le pontiticat de Paul Y. Rentré à Paris en 1608, le reste de sa vie se passa au Collège de Clermont, dont il fut plusieurs fois recteur ; avec les PP. Fronton-du-Duc et Petau, il y constitua la première équipe de ces scriptores, qui en firent un foyer de science pendant tout le xviie siècle. Choisi par Richelieu comme confesseur de Louis Xll I après le renvoi du P. Caussin, il le resta jusqu’en 1643, mais sans interrompre ses travaux.

Ses publications consistent surtout en éditions de textes ou documents accompagnés d’introductions ou de dissertations, toutes extrêmement personnelles et érudites. Plusieurs ont passé depuis dans les éditions générales soit des conciles par Labbe et Mansi. soit des Pères grecs et latins par Migne. Certaines se trouvent aussi dans les recueils théologiques tels que celui de Zæcaria : Thésaurus theolo g icus. A quelques exceptions pr^s. cil sont été recueillies dans l’édition publiée en 1696 à Paris par le P. de La Baune :.la cobi Sirmondi Soc. Jesu presbyteri opéra omnia, > vol. in-fol. ; réimpression à Venise, 1728.

I)e ses œuvres, quelques-unes intéressent plus particulièrement l’histoire de l’Église de France. Telles : l. l’édition des œuvres de Geoffroy de Vendôme : Goffridi, abbatis Vindocinensis, S. Priscse cardinalis, opuscula, semaines. Paris. 1610, dédié à César de Yen dôme ; dans Opéra, t. m (éd. de Venise), p. 405-658 ; reproduite dans P. L., t. c.lvii, col. 27-294. 2. L’édition de l’histoire de l’Église de Reims par Flodoard : Flodoardi presbyteri, Ecclesise Remensis canonici, historise Ecclesise Hemensis libri IV, Paris, 1611. « Le P. de l.a Baune, note à ce propos Niceron, n’a point inséré cette histoire dans [les Opéra], parce que [cette] édition est fort imparfaite, en comparaison de celle qui a paru six ans après, par les soins de Georges Colvenerius, qui s’est servi de meilleurs manuscrits ».

3. L’édition de Sidoine Apollinaire : C. Solii Apolll nans Sidonii. Arvcrnorum episcopi, opéra, Paris, 161 I ; Opéra, t. ;. p. 471-801, reproduite dans P. /… t. LVIII, col. 441 800. 1. La vie du pape saint Léon IX :

ila S. I. coins /A. papse, Leucorum antea episcopi, Wiberto archidiacono cosetaneo auctore, Paris, 1615 ; n’est pas dans les Operu. parce qu’insérée dans les Acla sanctor., april. t. ii, p. 648 665. 5. La vie de saint Charles, comte de Flandre : Vita s. Carolicomitis Flandrise, martyris, ab auctore cosetaneo l < iual,