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S M RAGDE — SMITH (JOSEPH

commence ex abrupto et se présente plutôt comme un extrait. Les doux documents doivent naturellement être lus ensemble : la lettre d’abord, le dialogue en

suite. Mansi, t. juv, col. 17 sq.. 2 : * sq. : P. L., t. jccviii, col. 923 sq. ; t. en. col. 971. On distingue tout de suite que le problème est double : il est théologique et disciplinaire. l>u point de vue théologique, le concile franc affirme que l’Esprit Saint est Esprit du l'ère et Esprit du Fils, consubstantiel à l’un et à l’autre : les textes scripturaires nous le montrent envoyé tantôt par le Père et tantôt par le Fils, e’est doue qu’il procède aussi bien de l’un que de l’autre. Il semble que la question n’aurait même pas dû se poser, depuis que le concile de Constantinople avait défini la consubstantialité de l’Esprit, mais, remarque le début de la lettre de C.harlemagne, il n’est pas mauvais, pour empêcher la torpeur des esprits, que des problèmes surgissent mettant en cause sous une forme nouvelle des questions déjà résolues : ainsi la foi s’approfondit. Quoi qu’il en soit. sur le terrain doctrinal, il n’y avait pas de difficulté réelle ; le pape condamnait comme bérétiques ceux qui nieraient cette procession de l’Esprit à l'égard du Fils comme du Père : il engagea les missi à défendre, à propager cette doctrine par tous les moyens à leur disposition, sermons, (liants, professions de foi et le reste. Mais vient ensuite la question disciplinaire. A Rome, on chantait le symbole sans le Filioque ; Charlemagne pressait le pape d’adopter l’usage des Francs pour qu’il ne pût plus y avoir d’hésitation à travers la chrétienté Ici le pape se récuse : il n’est pas expédient, dit-il, de faire des additions aux symboles que nous a légués la tradition : il est évident que bien des vérités doctrinales ne sont pas exprimées dans les symboles et personne ne songe à les contester : les symboles ne prétendent pas être complets et exprimer absolument toute la doctrine, il faut donc les respecter dans leur teneur vénérable parce que, si l’on commence à ajouter, à modifier, le résultai final sera plus déroutant qu’ef fieace pour la foi des fidèles ; le pape, pour conclure, tout en donnant raison aux Francs pour le fond des choses, les invite à renoncer à leur usage, simplement autorisé d’ailleurs, de chanter le symbole à la messe solennelle.

On serait tenté de penser que, dans la circonstance, le pape cède un peu trop à l’opportunisme ; peut-être n’est-il pas fâché de montrer au tout-puissant empereur d’Occident qu’en matière doctrinale il est seul maître, lui le pape. Mais il y a plus : au fond, le pape ne désire pas du tout froisser les Orientaux, toujours si sensibles : n’ont-ils pas. eux aussi, une formule qui. bien expliquée, est acceptable : qui ex Paire per Filium… ; c’est la formule de saint Jean Damascène ; il y a là une nuance à laquelle leur esprit subtil attache de l’importance tandis qu’elle paraît négligeable aux théologiens d’Aix-la-Chapelle. Raison sérieuse qui empêche le pape d’innover en matière de liturgie. Pourtant l’usage des Francs finira par prévaloir et, à Rome même, au xie siècle, on chantera le Credo avec l’addition Filioque.

Dans cette circonstance du Filioque, Smaragde a fait figure de théologien, sa connaissance de l'Écriture et des Pères lui a servi à argumenter avec justesse dans l’expression du dogme trinitaire. Le reste de son ceuvre nous le montre comme un abbé particulièrement cultivé et désireux d’inculquer a ses moines les notions nécessaires de doctrine et de vie spirituelle puisées aux bonnes sources. Smaragde n’est pas un polygraphe comme sera un peu plus tard Raban Maur, mais sa méthode de travail est la même : choisir et mettre à la disposition des esprits plus ordinaires ce que la tradition nous a légué de meilleur ; ce genre d’ouvrage devait plaire et les œuvres de Smaragde seront très répandues dans les bibliothèques médiévales.

Smaragdi opéra, P. L., t.cn. Ouvrages généraux :

Mahillon, Vetera analecta, Paris. 1 72 : * ; llisl. littér. de la France, t. tv, Paris, 17 IS ; dora Ceillier, Hist. génér. des auteurs sacrés et ecclés., édit. Vives, t. mi. Parts, 1862 ; Ébert, llisl. génér, de la littér. du Moyen Age en Occident. trad. Aymeric-Condamln, Paris, 1884 ; Hefele-Leclercq, Hist. des conciles, t. iii, Paris, 1909 ; Maintins. Geschickte des lateinischen Literaiur des Mitlelalters, t. i, Munich, 1911 ; Tixeront, llisl. des dogmes, t. iii, Paris, 1919 ; dora Berlière, L’ascèse bénédictine des origines à la fin du XIIe siècle, Maredsous, 1<I27 ; M.-L.-W. Laistner, l’hought and lelters. In western Europe A. I). 500-1)00, Londres, 1931 ; É. Aeiiann, L'époque carolingienne, Paris, ni : 17 ; Mgr Lesne, Hist. de la propriété ecclés. en France, t. iv : Les livres, scriptoria et bibliothèques, Lille, 1938.

Études particulières. — Léon Aubineau, Smaragde, dans Le Correspondant, t. xxii, 1818, p. 311 ; Hauréau, Singularités historiques, Paris, 1861.

FI. Peltier. SMIGLECKI Martin, jésuite polonais (15641618). — Il fut pendant de longues années professeur de philosophie et de théologie, avant d'être appelé au gouvernement de quelques-unes des maisons de son ordre en Pologne, Un certain nombre d'écrits de controverse, la plupart en langue polonaise, témoignent de son zèle à combattre le protestantisme.

Sommervogfl, ISibl. de la Comp. <le Jésus, t. vii, col. 1320-1327.

J. DE BlIC. SMISING ou SCHMISING Théodore,

frère-mineur de l’Observance (xvie -xviie siècle). — Né en Westphalie, de famille noble, en 1580, il entra jeune dans l’ordre des frères mineurs de l’Observance de la province de l’AllemagneInférieure, au couvent de Saint-Trond. et exerça la charge de lecteur de théologie au couvent de Louvain depuis 1(>10 jusqu'à sa mort (2 1 octobre 1626). De tout temps, le P. Smising fut considéré comme une gloire de son ordre à cause de la sainteté de sa vie et de la profondeur de sa science théologique. Il a laissé des Disputation.es theologicse en deux volumes : t. I, De Deo uno, in quo de natura Dei divinisque perjeelionibux, de visione Dei, de divina Providentiel æ prirserlim de prsedestinatione sanctorum cl reprobatione impiorum disseritur, ac Subtilis Doctoris Scoti sententin data occasione. explieantur et defenduntur. Anvers, 1624, in-fol., qui parut ensuite avec le t. ii. De Deo trino. à Anvers, en 1626. D’après S. Dirks. O. 1-*. M., le P. Smising aurait emprunté la méthode et le plan de cet ouvrage à saint Thomas d’Aquin et dépendrait de Duns Scot pour la doctrine. 1 >e plus, il éviterait avec soin les questions irritantes de cette époque sur la nature de la grâce efficace et la prémotion physique et adopterait, sur la prédestination, comme plus conforme à la sainte Écriture et à la tradition patristique, l’ancienne doctrine de l’université de Louvain, qui serait aussi celle de Duns Scot. à savoir que le premier décret absolu, par lequel Dieu prédestine quelqu’un à la gloire, est anle pnrnisa mwi'/ff. Au moment de sa mort, le P. Smising prépa rait le. troisième volume de cet ouvrage, qui devait traiter des anges.

A. Chiappini, Annales minorum continuali, t. xxvi, Quaracchi, 1933, an. 1626, n. Lxxiv, p. 181-482 ; L. Wadding, Scrtptores O. M., 3 « éd., Rome, 1906, p. 21 l ; Nicolaus Vernulseus, Academia Lovaniensis, revue par Chr. de Langendonck, Louvain, 1667, ». 132 ; A. Sanderus, Chorographiu sacra lirubantiir, t. III, La Haye, 1 727, p. 131, 1°>1, L>7 ; S. Diiks, Histoire littéraire et bibliographique des jr. mineurs de l’Observance en Belgique, Anvers, 1886, ». 148-150 ; I'. Bergmans, Smising (Théodore), dans Biogr.nat.de Belgi que, t. XXII, col. 839.

A. Il ETA] R I.

SMITH Joseph (1805-1844), fondateur des mormons. I. Vie. Il Doctrine (col. 2254), III. Influence posthume, par l'Église mormone (col. 22

I. Vie. l.a vie et l'œuvre de Joseph Smith peu