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SOMMES. CLASSIFICATION


Richard de Leicester, voir Grabmann, Geseh. der scholasliclu-n Méthode, t. ii, p. 490-491 ; ou encore la Summa de articulis fldei de Jean de La Rochelle ; enfin près d’un siècle plus tôt vers 1120, mais répondant déjà à semblable préoccupation. VElucidarium sive Dialogus de summa totius christiante theologiic d’Honorius d’Anton.

Entre ces écrits et les écrits voisins, de teneur doctrinale un peu plus poussée, il n’y a f^uère qu’une différence de degré. Mais, dans ces derniers, l’allure est moins catéehétique : encore qu’ils soient des résumés, ils supposent déjà une certaine initiation théologique : le Compendium theologuv ad fralrem Reginaldum de saint Thomas, bien qu’il ne porte pas généralement le nom de somme, fournirait un assez bon exemple de ce genre. On pourrait ainsi relever le Compendium theologicæ veritatis d’Hugues Ripelin († 1268), voir L. Pfleger. Der Dominikaner Hugo von Strassburg und das Compendium iheologicir veritatis, dans Zeitschr. fur kath. Theol., t. xxvin. 1004. p. 420-440 et Grabmann, Studien liber Ulrich l’on Strassburg, ibid., 1905, p. 312-330 ; le Compendium studii theologiæ de Roger Bacon ; le Breviloquium de saint Bonaventure ; le Compendium théologie anonyme du ms. de Saint-Omer, 347. L’idée dominante est toujours celle de résumé assez complet, d’une somme précise mais brève du savoir théologique.

Sommes de eontenu divers.

Parallèlement à ces

résumés doctrinaux, se rencontrent les résumés complémentaires d'Écriture sainte ou d’histoire. L’ouvrage déjà mentionné d’Honorius d’Autun, la Summa totius, est un exemple de somme historique ; lui-même prétend bien n’y donner qu’un compendium rapide de toute l’histoire ecclésiastique. Le Compendium historiæ in genealogia Christi, de Pierre de Poitiers, intitulé aussi parfois Summa historia Biblise, résume pour le lecteur que la prolixité des Livres saints épouvante ou déconcerte, les grands traits de l’histoire sainte. Voir P. Moore, The works oj Peter of Poitiers (1936), p. 96-117. C’est dans cette catégorie et à cette place qu’on pourrait faire rentrer également la dernière des sommes de Pierre le Chantre que mentionnait sa notice citée plus haut : Summa de contrarietatibus theologiæ. identique à son De tropis loquendi. où il est question des principales contradictions apparentes du texte biblique.

Cette pratique des sommes-résumés n’est point particulière au domaine théologique ; on en trouverait facilement des exemples dans toutes les autres branches du savoir médiéval.

/II. SOMMES systématiques. — Les divisions et subdivisions qui précèdent n’ont rien d’absolu, c’est évident. On ne s’en rend que trop compte quand on essaie précisément de répartir entre elles les œuvres diverses auxquelles auteurs ou manuscrits appliquent le nom de sommes. A côté de cas nettement tranchés, il se trouve un bon nombre de cas-frontières qui pourraient relever également de l’une ou l’autre de ces catégories. Le classement ne peut s'établir qu’en tenant compte de la prédominance de tel ou tel élément.

Ceci est particulièrement vrai de la troisième catégorie qu’il nous reste à examiner et que, faute d’expression meilleure, nous désignons par le terme de sommes systématiques. Elle emprunte quelque chose à chacune de celles qui précèdent : à la première, le désir de fournir un exposé complet ; à la seconde, celui d'être aussi concis que le permet la clarté de l’exposé. Llle ajoute à l’une et â l’autre, comme élément nouveau qui ira se développant, l’effort personnel d’une présentation organique. Trois traits la caractérisent donc : systématisation, concision, tendance à être complet.

Ce sens attaché au mot somme apparaît déjà chez

Abélard qui, dans son Introriuctio ad theotogiam (1125), expose ainsi son intention : Scholarium nostrorum pétition i satisfacientes, aliquam sacræ eruditionis summum quasi riivinæ Seripturæ introriuctionem conscripsimus, P. L., t. clxxviii, col. 079 ; et de même dans le prologue que Hugues de Saint-Victor met en tête de son De særamentis : Hanc enim quasi brevem quamriam summum omnium in unam seriem compegi, ut animus aliquid certnm haberel cui intentionem ajjigere et confirmare valeret ne per varia Scripturarum votumina et leetionum divortia sine ordine et directione raperetur. P. L., t. clxxvi, col. 183.

Parce qu’exposés organiques, ils se diversifient donc suivant les branches du savoir humain ; d’où premières classifications par facultés et matières. Il y aura des sommes en dehors de la faculté de théologie tout comme en son sein. Parce qu’exposés personnels, chaque auteur agencera lui-même à son gré les matières qu’il présente. A l’intérieur d’une même discipline, les sommes se subdiviseront donc encore suivant le but que se propose l’auteur et les limites que plus ou moins arbitrairement il se fixe ; de même, parmi les sommes de théologie, si certaines envisagent tout l’ensemble du champ théologique, d’autres s’en tiennent à une partie seulement. Ces sommes partielles pourront à leur tour avoir la préoccupation et revêtir l’aspect de sommes théologico-morales ; de sommes théologico-canoniques ; ou plus simplement n’avoir aucune prétention spéciale. On voit ainsi se dessiner des subdivisions multiples. Seules, on le comprend, les sommes qui tendront à fournir un exposé organique de toute la théologie, mériteront, en toute sa richesse, le nom de sommes théologiques. Avant de les étudier spécialement, quelques mots des autres.

Les sommes extra-théologiques.

Il sufïit de prendre un catalogue de bibliothèque ou une liste ofïicielle

quelconque des écrits du Moyen Age pour constater combien fréquemment revient l’appellation de somme entendue au sens qu’on vient de préciser. Dans les listes des slationarii (libraires) de l’université de Paris, dressées l’une vers 1275-1286, l’autre en 1304, éditées par Denifle-Chatelain, Cartularium univers. Parisiensis, t. i, p. 644-650 ; t. ii, p. 107-112, on peut relever par exemple les indications suivantes : Summa fratris Remundi cum apparatu. Summa magistri Lumbardi. Summa fratris Thome supra theologiam. Summa jratris Thome contra gentiles. Summa Gofjridi. Summa Hugonis. Summa magistri Pétri Salviensis. Summa Egidii de advocationibus. Summa Monaldi. Summa Thome super Metaphysicam. Summa Thome super Physicam. Summa de causis. Summa Elhicorum. Summa Periermenias. Summa Posteriorum Egidii (il s’agit de Gilles de Rome). Summa Physicorum. Summa de generatione. Summa de anima. Summa Elenchorum. Summa posteriorum. Six d’entre elles relèvent de la faculté de droit : celles de Raymond de Penafort, de Geoffroy de Trano, du maître Pierre de Salinis, de Gilles, de Monaldo. Onze relèvent de la faculté des arts, encore qu’elles indiquent plutôt des commentaires que de véritables sommes originales, séparées d’un texte. Il n’en resterait que trois pour la faculté de théologie ; encore y a-t-il là l'œuvre de Pierre Lombard. On ne peut s’appuyer sur ces listes, indiquant surtout les ouvrages d’usage plus courant, pour établir des proportions exactes entre ces diverses sommes. Il est évident tout au moins que la faculté de théologie n’a pas le monopole de ces sortes d'écrits.

1. Sommes de droit.

De fait, les sommes de droit sont alors extraordinairement multipliées et abondantes ; les essais de codification depuis Gratien surtout, les succès des études juridiques de Bologne expliquent en partie cette floraison. Sans vouloir empiéter sur d’autres domaines il peut être utile d’en signa-