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SOTO (PIERRE DE). DOCTRINE

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tura aofcls communkan justitrini (lui : H ?t a aobis partietpvi Inglmin Non quldem quia In i » si> solo sit, sed quia a Dm ilatur. Igitur justitiam QOStiam constltuimus in occulta illa communicationo et participatione Splrltus C.hr pt i et meritoruiu ejus quam sequitur imitatio. lla-c onlm duo ita coujuucta siiiit, ut quanta magls illi occulta communlca tiouc uniiiiur, tanto inagis iniilannir, et quo inagis fuci iinus Imitât], magis uiiiaimir. Ibid., lect. 11, fol. 128.

Supposée cette justice inhérente, il n’y a aucun besoin d’une autre justice imputée, puisque, outre qu’il n’y a pas de raison pour la défendre, elle sérail inutile et ne suppléerait pas, quoi qu’en disent ses partisans, ce qui ferait défaut en l’autre. Au même endroit Soto écrit :

Itaque quod mulli etiain catholicorum, ut in Coloniensium Antididagmate et Pighio (ce fut aussi l’opinion du cardinal Contarini à la diète de Ratisboiuie en 15 1 1 I videre licet. volontés ad concordiam reducere hoc dissidium, inharentem quidem justitiam fatentur, sed cura, inquiunt, irnperfectam et inchoatani qua salvari non possumus nisi rursus imputetur nobis justitia Christi.

O.eterum qui volunt ultra banc inhrerentem Justitiam imputari etiain nobis eam quæ Cbristi est, considèrent primo an ista inruerens nobis justitia sit in nobis a Cluisto, an per eam efficiamur participes ejus an non. Si enim a Christo pendet, si ejus meritorum eflicimur participes per eam, suflicit ad saluteni : quandoquidem in Christo omnes viviticantur et omiiia in illo reconciliantur. Ad quid ergo alia imputatio postea ? Quod si dicant illam a Cluisto non pendere, necesse est nullam omnino esse, sed confictam.

4. Causalité divine et prédestination.

La doctrine sur la « race et le libre arbitre avec les questions connexes, outre les raisons particulières à chaque problème, a ses racines dans d’autres problèmes fondamentaux, comme celui de la science de Dieu, de la causalité divine dans l’ordre naturel et surnaturel et dans le problème de la prédestination. Soto n’a pas traité directement la première question bien que ses raisonnements supposent toujours la solution de saint Thomas, mais il s’occupe largement des autres et occupe une place importante dans l’histoire de ces problèmes. Pour Soto, Dieu agit et meut nos puissances en chacun de nos actes comme cause première et sans porter atteinte à notre liberté. Cette motion divine, qui précède, d’une priorité de nature, notre agir, est nécessaire et est donnée dans l’ordre naturel et dans l’ordre surnaturel. Mais c’est une motion intime, intrinsèque et pas seulement extrinsèque, comme certains auteurs anciens et modernes se l’imaginent, et qui ne porte pas préjudice à notre condition d'êtres libres. Dans VEpistola II, n. 26, après avoir affirmé que ni la prescience, ni la providence, ni la motion divine n’oient la liberté, il ajoute :

Ita etiam de auxilio ejus pari ratione probatur esse verum. Necesse enim est quod ille vult et ordinat, esse : atque ita quod operatur per créât uras suas non solum esse, sed ita esse ut ordinat et vult. Unde etiam B. Thomas, I », q. xix, a. 8, primam causam contingentiæ rerum et radicem, efficaciam et virtutem divinam dicit, quoniam quidquid Deus vult, ita ut vult e>se oportet. Usque adeo ergo credimus ex divina cooperatione et auxilio non auferri libertatem arbitrii, ut potius dicamus maxime stabilire… Et sicut Deo ut primo molore et auctore aliquid opérante in causa et per eam, omnino sequitur effoctus, nec tamen libertas aufertur a liberis causis : ita ut gratis distributure opérante per gratiam, non deerit effectus ipse, nec libertas auferetur.

De quelle condition est cette motion divine, nécessaire en l’ordre naturel et en l’ordre surnaturel, cette action de Dieu auteur de la nature ou de la grâce, Soto l’expose ensuite dans la même épître, n. 27 :

Ex qua etiam gimllitudine hoc quod sequitur ut certum

semper habuimu-, quia cum Deus, ul universale agens, ad naturalia opéra ellicaciter moveal voluntatem, non propo n<-ns vci madens tantam, sed in eam Imprimens, ipsamque

effective inclinans, ut li. Thomas multis locls, iiiaxiinc in 1*-II", q. ix, ut proprium Dei esse quod nec angélus, nec

creatura alia posstt, Ibid., et in I*, q. cvn et exi, asserit ; ita per onmia. ut gratis distribu tor, ad opéra giatianon minus voluntatem movet. Sicut enim lumen intellectul pnebere, Ipsumque ad actum Intelligendl confortare, soins Deus potest, cum et angell et homlnes qute Intelligenda sunt proponere tantum et ostendere possunt, … ita etiam voluntatem movere, vires prsebere ad volendum quæcumque vel ad natuiani, vol ad gratiam peitincntia vult, ot cum ipsa et in ipsa operari, solus Deus potest.

Et (pue l’on ne dise pas, fait-il remarquer un peu auparavant à Tapper, ibid., n. 2(i, que Dieu meut déjà par le concours gênerai et comme auteur de la nature ; non ; une autre motion est nécessaire qui est de l’ordre surnaturel et que Dieu donne comme auteur de la grâce.

Outre ceci, la doctrine de la prédestination gratuite, selon saint Augustin et saint Thomas, a trouvé dans Soto un énergique défenseur. Dans VEpistola I, n. 7, il confesse, en parlant de Pighi, qu’il ne lit pas sans horreur ses ouvrages, sine horrore non lego, précisément à cause de sa théorie de la prédestination fondée sur la prescience des mérites et il ajoute : et si ad manus tuas libri Calharini de prædestinatione venerunt, multo puto horribiliora potuisti légère in illis et in allero de providenlia et pnescientia. On sait que Catharin, autodidacte en théologie, puisque entré chez les dominicains alors qu’il était déjà professeur de droit, fut attaqué pour ses erreurs par divers théologiens dominicains de première importance, ainsi Dominique de Soto, Carranza, Spina et Pierre de Soto. Voir ci-dessus, col. 2431, ce qu’en dit le premier de ceux-ci. Pierre de Soto, lui, ne pouvait lire sans scandale sa théorie de la double prédestination ; contre lui, comme contre tous ceux qui, d’une manière ou de l’autre, fondaient la prédestination sur la prévision des mérites, il expose la vraie doctrine de saint Augustin et de saint Thomas, dans VEpistola ii, pour conclure sur ce seul mot vraiment digne d'être noté : Dolui quod talia in scholis permiltantur disputari tanquam probabilia et puto valde perlinere ad Ecclesiam ul illa et similia damnentur in concilio et quamdiunon fil, non video quomodo gravissimum scandalum aiiferatur hwreticis. Loc. cit., n. 83. De ces erreurs de quelques catholiques, les hérétiques profit aient pour attribuer à l'Église des doctrines qui n'étaient pas les siennes, ni celles de ses plus éminents théologiens ou des docteurs de l'Église. En écrivant cela en 1551, Soto, comme nous l’avons fait remarquer, démontre la continuité de la pensée thomiste. Voir notre article, De Soto à Banez dans La ciencia tomista, t. xxxvii, lf » 2X. p. 145-178.

5. Autres points de théologie.

Pour terminer, disons enfin que P. de Soto est aussi disciple de saint Thomas dans les doctrines relatives aux sacrements. Notons en particulier que Soto soutient que l'épiscopat est ordo et sacramentum, et, pensons-nous, avec raison. Cf. Instit. sacerd., De ordine, lect. 4, fol. 259. Ajoutons encore que, dans sa charge de confesseur de Charles-Quint, encore qu’il n’ait pas pu approuver toujours l’attitude de Home, souvent influencée par des raisons politiques, quand il s’agissait du concile, Soto a toujours défendu le point de vue que, seul, le pape pouvait le convoquer et que son autorité était supérieure à celle du concile. Quand il pril part aux sessions de l’assemblée, il défendit constamment h' droit divin de l'épiscopat, quoique soumis au pape, chef suprême et indiscutable de l'Église ; de même défendit il le point de VUe du droit divin dans la question de la résidence des

éveques. Il travailla à le faire définir, comme d’autres théologiens et prélats espagnols, qui y voyaient l’unique remède à tant d’abus qui s'étalaient alors dans l'Église. Par la. on éviterait que les évéchés fussent Conférés à des gens qui de fait étaient toujours absents et ne songeaient point à visiter leurs diocèses de toute