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SPIRITALIS (GILLKS) — SPIRITISME


tes et rebelles sanctæ Romanæ Ecclesiæ ac summo pontiflci. Cette œuvre de circonstance, la seule qui nous reste de lui, est remarquable par la manière dont l’auteur y pose et défend le droit du pape en matière politique. Summus Pontifex in loto orbe lerrarum non solnm in spiritualibus sed in temporalibus oblinet jurisdictioneni plenariam, licet ul suo vicario illam imperatori commiltai et aliis regibus et principibus qui ab eo recipiunt immédiate gladii poiestatem. Édit. Scholz, p. 106. On trouverait difficilement formule plus complète et plus ramassée du pouvoir direct ». Gilles dirige toute sa thèse contre ce qu’il appelle les « erreurs » des Jean le Tculonique et des lluguccio de Pise, c’est-à-dire des plus grands canonistes du xiir siècle, qui s’en tenaient à la coordination des deux puissances. Pourlui, ledroit canonique et le droit civil, l'Écriture et la raison, qu’il invoque successivement, lui paraissent exiger la pleine subordination du temporel au spirituel. L’Hosticnsis lui-même lui semble, un moment, suspect de minimisme, ibid., p.. 111, pour avoir enseigné que la juridiction du pape ne s'étend pas régulièrement en matière temporelle, mais seulement nisi in casibus. Une de ses principales autorités est la bulle Unam Sanctam et son témoignage peut servir à montrer comment les contemporains interprétèrent les déclarations de Bonifacc VIII.

Analyse littéraire et théologique dans R. Scholz, Vnbekannte kirchenpolitische Streilsclirilten aus der Zeit Ludwigs des Basera, t. l, Rome, 1911, p. 43-49. Le texte est publié par le même auteur au t. II, Rome, 1914, p. 105-129 (avec quelques coupures), d’après le m. lut. 4~29 de la Riblioth. nat., fol. 114-122.

.1. RlVIÈKE.

    1. SPIRITISME##


SPIRITISME. — I. Les antécédents. IL Les faits modernes (col. 2514). III. Les doctrines (col. 2517).

IV. Le spiritisme et l’Esprit mauvais (col. 2519).

V. L'Église catholique et le spiritisme (col. 2520).

I. Les antécédents.

Par spiritisme on entend proprement le commerce avec les esprits, l'évocation des esprits. Les Anglo-Saxons disent tantôt spiritism, tantôt spiritualism. Ces esprits appartiennent aux désincarnés ; ce sont les désincarnés eux-mêmes, ou ce par quoi les désincarnés peuvent se manifester aux vivants. Selon la doctrine spirite, les vivants ont le pouvoir d’entrer en relation ordinaire avec les désincarnés. Il peut s'établir des uns avec les autres des communications régulières, organisées, que les vivants soient des professionnels, appelés médiums, ou des profanes appliquant certains procédés.

Les Perses, les Crées, les Latins rendaient un culte aux âmes « les morts. C'étaient les mânes. Aux mânes se rattachaient — ou se confondaient avec eux — des esprits familiers, lares familiares, esprits bienfaisants, et des esprits malfaisants, larvæ, lémures. On demandait la protection des uns ; on s’efforçait de se rendre favorables les autres. De même, les peuples de culture inférieure, par exemple en Afrique, admettent que, si les corps se décomposent, quelque chose du mort subsiste. Ce sont des influences, îles forces qui gardent quelque chose de personnel, qui habitent un monde invisible, coexistant au nôtre, d’où elles se mêlent à notre existence et se manifestent de multiples manières. Ces mânes, il s’agit de s’en faire des aides, sur lout de les rendre Indifférents. Car, essentiellement,

On craint les âmes des morls ; ce que l’on cherche c’est de ne pas les laisse]- Intervenir dans ses affaires. Et par les régions de l’air s’agitent aussi des esprits méchants, âmes de sorciers à mal. lices, de criminels, d’ennemis anciens. Par des pratiques magiques, on neutralisera leurs pouvoirs ou bien on les captera à « le

certaines Uns.

Dans ces diverses pratiques, il y a commerce avec les

esprits. Il n’y a pas, au moins habituellement, évoca tion. Encore ce commerce est-il moins une évocation que l’emploi de certains rites propres à les contenter et à les tenir en paix.

Ces évocations paraissent avoir été en plus fréquent usaLie parmi les nations avec lesquelles le peuple d’Israël se trouvait en contact. Et Dieu l’avertit de se garder de la contagion : Quando ingressus fueris terram quam Dominus Deus tuus dabil tibi, cave ne irnilari velis abominaiiones illarum gentium ; nec inveniatur in le… qui pythones consulat, nec divinos, ul quærat a morluis veritatem ; omnia enim hsec abominatur Dominus. Deut., xviii, 9-12. Et en Isaïe : « Quand ils vous diront : « Consultez ceux qui évoquent les morts, « et les devins qui murmurent et chuchotent « , répondez : « Un peuple ne doit-il pas consulter son Dieu ? « Consultera-t-il les morts pour les vivants ? » Ou selon la traduction du P. Condamin : « Et cependant on vous dira : Consultez les revenants et les devins qui murmurent et chuchotent. Un peuple ne doit-il pas consulter ses dieux, et les morts au sujet des vivants, pour recevoir une instruction et un témoignage ? Sûrement, c’est ce qu’on dira. » Is., viii, 19.

Et au I er Livre des Rois, xxviii, 3-25, l'évocation des morts est mise en scène. Pris de peur à la vue du camp des Philistins, Saiil dit à ses serviteurs : « Cherchez-moi une femme possédée de l’esprit Python, et j’irai vers elle et je la consulterai. » Ses serviteurs lui dirent : « Il y a à Endor une femme possédée de « l’esprit Python. » Saiil prit d’autres vêtements et partit accompagné de deux hommes. Ils arrivèrent de nuit chez la femme. Saiil lui dit : « Prophétise-moi dans « le Python, et fais monter devant moi celui que je te » dirai… Et la femme dit : » Qui te ferai-je monter ? » Il répondit : « Fais-moi monter Samuel. » A la vue de Samuel, la femme poussa un grand cri. et elle dit à Saiil : « Pourquoi as-tu voulu me tromper ? Tu es Saiil. » Le roi lui dit : « Ne crains pas ; mais qu’as-tu vu ? » Et la femme dit à Saiil : « Je vois un Elohim (une forme préternaturelle), qui monte de la terre. » Il lui dit : « Quelle figure a-t-il ? » — « C’est un vieillard qui monte, « et il est enveloppé dans sa tunique. « Saiil comprit que c'était Samuel. Il se jeta la face à terre, prosterné. Et Samuel dit à Saiil : « Pourquoi m’as-tu troublé pour « me faire monter ? « Saiil dit : « Ma détresse est.mande ; « les Philistins me font la guerre. Dieu s’est retiré de « moi ; et il ne m’a répondu ni par les devins ni par les « songes. » Alors Samuel dit : « Jahvé s’est retiré de toi, « parce que tu n’as pas traité Amalech selon l’ardeur « de sa colère… Il livrera Israël avec, toi aux mains des « Philistins. Demain, toi et tes Bis, vous serez avec moi, « et Jahvé livrera le camp d’Israël aux mains des Phi « listins. » Et Saiil s'écroula d’effroi. »

Est-ce réalité? Est-ce prestige ? Saint Augustin incline pour cette deuxième interprétation : ('/ non vere spiritum Samuelis excitation a requie sua credamus, sed aliquod phantasma et imayinariam illusionem diaboli machinationibus facteun. De div. quæst. ad Simplicianum, P. L., t. xl, col. 1 42-1 43 ; De oclo Dulcilii qinr. st., ibid., col. 163 ; cf.Origène, //i IReg.,-xxviii, 7, 6, 12, 17. La prédiction s’accomplit par la suite. La connaissance ou la conjecture de l'événement dépassait elle

les capacités de la femme au courant des vicissitudes de cette guerre ? Elle ne dépassait pas, semble-t-il, celles de l’Esprit mauvais. Dieu a pu vouloir se servir de l’intermédiaire de la pylhonisse pour avertir Saiil cl lui montrer dans la catastrophe fulure le châtiment de sa désobéissance. On peut noter que Saiil ne voit pas l’ombre de Samuel. Seule, la femme dit la voir. Seule aussi, la femme converse aec l’ombre. De ce récit, il est intéressa ni de rapprocher la célèbre évocation faite par Ulysse, selon les Instructions de Clrcé. Nous allons à l’endroit, raconte Ulysse, que m’avait « lit Circé. Là, pendant qu’Euryloque, aide de