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n. 19, tandis qu’au contraire il admet que puissent être naturels des phénomènes comme les pleurs de sang les sueurs de sang. Ibid., c. xxvi, n. 5. Et c’est à peu près tout ce que l’on peut trouver sur la stigmatisation en cet énorme ouvrage où sont discutées par le menu les diverses espèces de miracles attribués à l’intercession des saints.
Enfin la prudence que mettent depuis quelques années les autorités ecclésiastiques, quand il s’agit d’afflrmer le caractère préternaturel de diverses manifestations extérieures, y compris les stigmates — voir cidessus, col. 2618, les avertissements du Saint-Office sur le cas du capucin Pio Petralcina, et cf. le décret de la même congrégation sur le cas de Th. Neumann, 4 août 1937 — cette prudence est bien de nature à donner aux critiques catholiques la plus grande latitude. La question n’est pas de savoir si Dieu peut produire certains miracles, physiques ou psycho-physiologiques, la question est de savoir si tel fait, que le croyant serait porté à considérer de prime abord comme un miracle au sens le plus strict du mot. ne reconnaît pas d’explications naturelles.
2° Explications naturelles.
Le premier travail qui
s’impose à la critique, c’est de s’assurer de la matérialité du fait et d’exclure tout soupçon de supercherie provenant du stigmatisé lui-même ou de son entourage habituel. Il n’est pas inouï qu’il y ait eu des tentatives de simulation. L’Inquisition romaine en a dépisté quelques-unes au xvie et au xviie siècle. Voir quelques exemples dans l’art. Stigmatisierte de Religion in Gesch. und Gegenwart., t. v, col. 810. Le P. Thurston a étudié, avec beaucoup de critique, plusieurs cas de stigmatisation et en a relevé un certain nombre où la bonne foi des stigmatisées était suspecte, dans The Monlh, t. cxxxiv, 1919 ; t. clii, 1928 ; t. clvii, 1931 ; et dans Sludies, juin 1933. L’attention de tous les observateurs doit être attirée sur la mythomanie qui est un des symptômes caractéristiques de l’hystérie dont nous avons dit qu’ont été souvent atteintes des stigmatisées. Peut-être écarte-t-on un peu trop facilement ce soupçon en faisant état du désintéressement dont font preuve et la stigmatisée et son entourage. On raisonne comme si la supercherie, la fraude plus ou moins consciente n’avaient pour mobile que l’intérêt matériel ; c’est oublier que, même chez des sujets sains, à plus forte raison chez les hystériques, il y a d’autres mobiles possibles, tout spécialement un désir maladif de se rendre intéressant. C’est avec raison qu’en ces derniers temps le Saint-Office ou des autorités ecclésiastiques moindres ont prohibé les visites à des stigmatisés, surtout quand ceux-ci ne voulaient pas, eux ou leur entourage, se soumettre à certaines conditions. Arrêter le flot des curieux peut être, en certains cas, le moyen d’arrêter le phénomène luimême.
Écartés tout soupçon de fraude ou de supercherie, tout soupçon encore que la stigmatisée ait pu se faire à elle-même ces blessures dans un accès de somnambulisme, il reste à se demander si le phénomène de stigmatisation peut s’expliquer naturellement ? Ce ne sont pas seulement des incroyants », des « esprits forts », des « libres-penseurs qui ont proposé de l’expliquer par « la force de l’imagination », comme on disait encore au xviiie siècle, par la « suggestion », comme l’on dit aujourd’hui. Au temps même de saint François cette interprétation a été donnée ; et il ne s’agit pas de formuler contre elle des exclusives à priori. Affirmer sans plus « que le pouvoir de l’imagination n’a jamais produit un stigmate », que « les stigmates naturels, si vainement cherchés de tous côtés, sont introuvables », que « la suggestion ne va jamais jusque là », c’est dépasser les limites de la prudence, s’exposer à des démentis que l’expérience peut appor ter. L'étude des phénomènes psychologiques extraordinaires n’en est encore qu'à ses débuts. Il faut appliquer la méthode scientifique à des faits d’apparence merveilleuse, que l’on s’efforcera de rattacher à des propriétés de l'être humain insoupçonnées jusqu’ici, mais que des faits dûment constatés obligent peu à peu à admettre, qu’il s’agisse de télépathie, c’est-à-dire de l’action sur le psychisme conscient ou subconscient, d’objets éloignés, ou au rebours d’un influx centrifuge du psychisme permettant de produire des effets soit à distance, soit dans le corps même du sujet. Voir D r J. Pinel, Essai d’interprétation physiologique des stigmates, dans Et. carmél., 20e année, t. ii, oct. 1936, p. 93-97.
Mais, quoi qu’il en soit des mécanismes qui entrent ici en jeu et qui, à vrai dire, demeurent fort hypothétiques, c’est l’expérience qui doit fournir en dernier lieu la réponse. Et il faut bien dire que, à l’heure présente, il est au moins permis d’hésiter. « Les uns affirment, les autres nient la possibilité de produire par suggestion des plaies dont la forme et la localisation sont sous la dépendance des représentations. J’estime qu'à l’heure présente la question est insoluble. Dans l'état présent de nos connaissances, nous ne réussissons pas à produire par suggestion des plaies à forme et à localisation idéoplastique : voilà la seule chose certaine. Mais cette impuissance est-elle définitive ? ou ne tient-elle qu'à l’insuffisance de notre technique ? Voilà ce que nous ignorons absolument. » Ainsi s’exprime R. Dalbiez au IVe congrès de psychologie religieuse, dans Et. carmél., 23e année, t. ii, oct. 1938, p. 223. Et un peu plus loin : « En ce qui concerne ce que je me permettrai d’appeler l’aspect psychologique des stigmates de M. -Th. Noblet, il me paraît qu’il constitue à lui seul un argument d’un certain poids en faveur de la thèse qui admet la possibilité de la stigmatisation auto-suggestive. La multiplicité des faits stigmatiques, les processus de transformation de stigmates en dépendance d’un symbolisme élémentaire, pour ne pas dire rudimentaire, tout cela ne fait guère songer au miracle, tout cela donne l’impression d'être commandé par une idéation inconsciente qui n’a rien de transcendant. » Ibid., p. 224.
En somme, sur ce point, les auteurs compétents ne sont pas d’accord. Comme on l’a rappelé à ce même congrès, tandis que le professeur Lhermitte nie la possibilité d’une stigmatisation d’origine subjective, le professeur Van Gehuchten l’admet. Voir l’exposé de ces deux opinions dans Et. carmél., 20e année, t. ii, oct. 1936, p. 72-73, 91-92. On fera donc bien de n’accepter que sous réserve les démonstrations du D r Van der Elst, selon qui le simple fait d’une exsudation sanguine ou d’une formation de pustules à un endroit déterminé du corps est déjà un miracle incontestable. Voir Reo. pral. d’apol., t. xiii, 1911-1912, p. 423-448 ; Diclionn. apol., t. iv, col. 1492-1507 ; Et. carmél, , 17e année, t. ii, oct. 1932, p. 87-122 (aspect biologique et psychologique du prodige de Konnersreuth). En fait, R. Schindler aurait fourni la preuve clinique de la possibilité de provoquer par l’hypnose, chez des personnes spécialement disposées, à tels endroits du corps que l’on désire, des stigmates avec exsudations sanglantes et ampoules sanguinolentes, qui résistent pendant des années au traitement normal et disparaissent au contraire par suggestion hypnotique. D’après cet auteur, la production de petites hémorragies spontanées par le seul influx du système nerveux est démontrée. Dans l’hystérie en particulier, on arrive très fréquemment à de petites ecchymoses de la peau. En des cas qui ne sont pas tout à fait rares, il se produit des extravasa sanguins anormaux, se manifestant avec une certaine périodicité et qui peuvent donner l’impression d'être sons la dépendance d’un processus psychique. R. Schindler, Nervensyslem und spontané