Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/61

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

S< II.M.I DES ANGES. SCIENCE Si RNATl RELLE

! 62 '.

connaissance des choses extérieures. Tolet, In /"" pari. Sum. s. Thomte., q. iv. a. 3 ; L. Janssens, <>p. cit.. p. 615. Ce dernier autour estime qu’en plus du moyen des espèces Intelligibles infusées par Dieu, les anges doivent pouvoir connaître par des espèces intelligibles acquises les choses extérieures eu elles-mêmes. Id.. p, 626, 655. Voir la discussion de cette opinion dans Gonet, Clypeus, Deangelis, disp. VII, n. 24-36.

v i Mais, dans l’explication thomiste, comment les espèces intelligibles, infusées par Dieu aux esprits dès leur origine, peuvent-elles représenter les événements à venir ? Il faut bien admettre que, si les espèces, dès l’origine, contiennent la représentation des événements futurs, cette représentation ne se développe devant l’intelligence angélique qu’au fur et à mesure de la réalisation de ces événements. Certains thomistes concèdent qu’alors se produit dans les espèces intelligibles elles-mêmes une certaine modification tout au moins modale ; mais plus communément on estime que la modification se lient tout entière dans l’objet : « Quand quelque chose commence à être présent, l’ange a une nouvelle connaissance de cette réalité, non pas qu’une modification se produise en lui, mais parce qu’elle se produit dans l’objet, en lequel se trouve désormais une réalité qui n’existait pas auparavant. < S. Thomas, QuodL, vu. a. 3. Cf. Hugon, op. cit., p. 605-606 ; Gonet, toc. cil., n. 95. Saint Thomas opine que l'élément nouveau qui intervient ici pour manifester le changement survenu comporte une lumière nouvelle permettant à l’ange de s'élever, avec les mêmes espèces infuses, à une connaissance plus parfaite. Loc. cil.

La conclusion de ces considérations générales, c’est donc qu’il n’est pas nécessaire aux anges d’avoir autant d’espèces infuses que d’objets à connaître. Plus l’ange est élevé dans la hiérarchie céleste, et moins nombreuses sont les espèces intelligibles à lui infuser parce qu’elles représentent d’une manière plus universelle les objets de sa connaissance. Voir ici t. i, col. 1233 ; Hugon, op. cit., p. 607-600. Les objets singuliers lui sont cependant connus dans leur individualité même. Il ne semble pas nécessaire, en effet, de recourir à l’explication proposée par Scot, In II'"" Sent., dist. III, q. ult. ; dist. IX, q. ii, d’espèces intelligibles particulières distinctes des espèces générales. Voir aussi dans le même sens, quant à la représentation des accidents communs, S. Bonaventure, In II um Sent., dist. VII, q. n. La thèse de saint Thomas, q. lvii, a. 2, est que l’ange connaît les particularités des êtres par les espèces générales elles-mêmes qui représentent non seulement leur nature commune, mais même leurs caractères individuels. Cf. Janssens, op. cit., p. 646656.

()n conçoit par là que l’espèce infuse ne puisse représenter les futurs contingents : l’ange n’en aura donc, comme on l’a dit plus haut, qu’une connaissance plus ou moins conjecturale, selon que les déterminations libres des créatures, objet de la connaissance angélique, seront plus ou moins déjà indiquées dans les manières d’agir habituelles des dites créatures. S. Thomas, //>, <L. a. 3.

On voit dès lors la différence qui existe entre la manière dont Dieu, dont l’ange, dont l’homme connais seul les choses singulières. Lu Dieu, les idées sont à la fois principes de la connaissance et causes exemplaires des choses ; chez l’ange et chez l’homme, les idées sont simplement principe de connaissance. L’idée divine, cause exemplaire, ne saurait dépendre des êtres eux mêmes ; la représentation Infuse que l’ange possède des

elles inférieurs ne lui vient pas non plus de ces élres, mais de Dieu ; l’homme, au contraire, est tributaire de l’objet de sa connaissance. Enfin Dieu connaît toutes choses d’un seul acte, en se connaissant lui-même ; l’homme a besoin d’autant d’actes de connaissance

qu’il y a d’objets à connaître ; l’ange, pour connaître

les natures Spécifiques et leurs individualités, a besoin d’espèces d’autant moins nombreuses qu’il est luimême plus élevé dans la hiérarchie angélique. S. Thomas, Quodl., vii, a. 3.

IL Science surnaturelle dis anges, 1° Exis tenec. - Cette science surnaturelle est celle que les théologiens appellent la connaissance des mystères de la grâce, concernant la béatitude surnaturelle soit des anges eux-mêmes, soit des hommes. Ces mystères de la grâce dépendent uniquement de la volonté divine et. par conséquent ; il faut poser ce principe que d’une connaissance naturelle, il n’est pas possible aux anges d’y parvenir. Il faut, au principe de cette connaissance. une manifestation divine. Voir Ici Mystère, t. x. col. 2587-2588. La science surnaturelle des anges peut être envisagée dans leur état <le voie et dans leur étal de gloire.

1. Science surnaturelle dans l'état de t’oie. L'état de voie, pour les anges, n’a duré qu' « un instant », Tins tant de l'épreuve et du choix qui devait déterminer leur bonheur ou leur malheur éternel.

Créés ou du moins constitués en l'état de grâce, les anges n'étaient pas encore admis à la vision béatiflque. En conséquence, leur connaissance, dans l’ordre sur naturel, ne pouvait procéder que de la vertu de foi qui accompagne nécessairement la grâce sanctifiante. Dieu que l’enseignement de l'Église n’apporte sur ce point aucune précision, on doit tenir que les anges ont connu par la foi tout au moins les vérités surnaturelles, dont la connaissance est requise pour toute justification, à savoir que Dieu est auteur de la grâce et rémunérateur dans l’ordre surnaturel. N’ombre de théologiens, à la suite de saint Augustin, De Genesi ad Utteram, t. V, C. xix, P. L., t. xxxiv, col. 331, de saint Thomas, Sum. theol., I q. lxiv, a. 1. ad l uni ; cf. II » II a >, q. ii, a. 7, et In epist. ad Ephesios, c. iii, lect. iii, pensent que le mystère de l’incarnation et le mystère de la Trinité, que suppose l’incarnation, ont été révélés aux anges. Il était convenable, en effet, que le mystère du Christ, futur chef des anges et des hommes persévérant dans la grâce, futur juge des anges et des hommes déchus et réprouvés, fût révélé aux anges avant l’instant de leur épreuve. Plus convenable encore peutêtre était la révélation du mystère de la Trinité, la Trinité constituant la vie intime de Dieu, dont la vision doit faire la béatitude des anges et des hommes admis à la gloire.

2. Science surnaturelle dans l'état de gloire. - L'état de gloire ajoute aux anges restés fidèles la science surnaturelle de la vision bienheureuse. Toutefois la vision bienheureuse ne saurait supprimer le jeu de la science infuse, même quant à certains mystères. On devra donc appliquer à la science angélique des mystères de la grâce ce qui a été dit de la gloire des élus et de la vision intuitive. Voir ici t. vi. col. 1 1(18 ; t. vu. col. 2386. La foi n’existe plus chez les anges bienheureux. voir Gloire, t. vi, col. 1122, mais la science infuse demeure.

On peut donc admettre d’une part que, si dans la science de vision intuitive, immuable et sans progrès possible, les anges n’ont pas la connaissance de Ions les mystères, bien que leur science dépasse celle des pro phètes, d’autre part, dans la science infuse, il peut J avoir progrès non par des révélations, mais par des illuminations nouvelles. Cf. Hugon, Tractatus dogma liii.'l. i. p. 62 1 : Lépicier, De angelis (il. p. 170-185. Les théologiens exceptent communément de la con naissance angélique, soit bienheureuse soit infuse, le dernier jour, conformément à Marc, XIII, 32. Cf. S Thomas, Sum. theol.. I a, q. LVII, a. 5.

2° Moyen dans lequel les ani/es uni la connaissance des

mi stt r : x. S il s agit de la s( imce de isi ;  ; n hi itlfiquc