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1633 SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST EXPLICATIONS DES PÈRES 1634

M.iitli.. xxvi, 64 : …Je vous (le) déclare, désoimais uis verrez le Ris de l’homme assis à la droite de la l’uisiance t-t venant sur les nuées du ciel.

Maie. i, 62 : … El vous verrei le Fils de l’homm i~m~ a la droite de la Puissance et venant avec les nuées du ciel.

Ces deux textes laisseraient entendre que Gaïphe et les membres du sanhédrin devaient eux-mêmes être prochainement les témoins de la gloire du Fils de l’homme revenant sur les nuées. Mais il faut bien comprendre le sens de la réponse faite par Jésus au grand prêtre. D’après les termes (de cette réponse), Jésus décrit une vision : le Fils de l’homme c’est lui avec sa nature humaine — est assis à la droite de la Puissance, c’est-à-dire de Dieu il se lève et vient avec

les nuées du ciel. Cette vision est empruntée à Dan., vu. 13 (Théodotion), mais elle est complétée. Daniel avait parle de troncs (vu. 9), sans dire si le Fils de l’homme devait y être assis. Jésus l’affirme et. de ce chef, met le Fils de l’homme sur le mémo rang que la divinité. Ce trait se trouvait dans IV. ex. 1, à propos du Messie. Le sens est donc que les sanhédrites, qui maintenant ne veulent pas reconnaître le Messie, y seront contraints un jour lorsqu’ils le verront dans sa gloire… Jésus n’annonce donc pas que les sanhédrites, avant leur mort, auront une vision de la gloire du Christ, ou que la parousie est imminente : il affirme simplement que sa dignité s’imposera à eux dans tout l'éclat décrit par Daniel. Le terme « vous verrez ne signifie pas toujours -vous verrez de vos yeux > (cf. Deut., xxviii, 10 ; l’s., xlix. 11 ; Ps., lxxxix, 49)… Jésus affirme donc, par une allusion au texte de Daniel qu’il complète, qu’il est le Messie, et le Messie investi d’un rang divin. Sûr de ce que Dieu lui réserve, il donne rendez-vous à ses juges : il ne les assigne pas devant le tribunal de Dieu, mais il leur déclare qu’ils seront obligés de reconnaître sa gloire et son rang unique auprès de Dieu. Lagrange, Evangile selon saint Marc, 1° éd., p. 376-377.

L'évangile de saint Luc évite la difficulté : Désormais le Fils de l’homme sera assis à la droite de la puis sance de Dieu », xxii, 69. Marc et Matthieu groupaient deux textes. Ps., ex, 1 et Dan., vii, 13, pour donner par deux images une idée du triomphe du Messie. Luc ne retient que la première et par éarw. au lieu de r.ÇtfjQs j| en rend la réalité indépendante des sanhédrites : qu’ils voient ou ne voient pas, le triomphe de Jésus aura lieu, le plaçant à côté de Dieu. Sur les raisons de cette divergence, voir Lagrange. Évangile srh’ii saint Lue. p. 572-573.

3. Le discours eschatologique : Jésus annonce a ses auditeurs les événements qui précéderont immédiatement le jugement dernier et marqueront la fin du inonde : Matth., xxiv, Marc., xiii, Luc., xxi : la conclusion des trois récits est identique :

Matth.. xxiv, 34 : < Je vous dis en vérité que cette gênération ne passera pas que tout ne soit arrivé. (Voir aussi x, 23.)

Marc, xiii, : S0 :.Je vous dis en vérité que cette génération ne passera pas, que tout cela ne soit arrivé. »

Luc., xxi, 32 : Kn vérité, je vous dis que cette génération ne passera pas, avant que tout ne soit arrivé. »

En étudiant le contexte, on peut y distinguer deux questions se superposant, l’une relative à la ruine de Jérusalem, laquelle peut être prévue en raison de signes certains et évitée d’une certaine manière par la fuite, l’autre relative au dernier avènement du Fils de l’homme. Le sens exact des textes a été rétabli à Parousie, t. xi, col. 2049-2050. Voir aussi Billot, La parousie, Paris, 1930, p. 15-191 ; Galtier, op. ctf., n. 340.

II. Interprétation des Pères.

1° Les textes scripturaires relatifs à la science parfaite du Christ. Ces textes n’amènent ordinairement, sous la plume des Pères, aucune remarque bien précise : la plu part du teinp., en effet, les Pères ne parlent pas explicitement de la science bienheureuse « lu Christ ; el l’on ne sail si la science parfaite dont ils parlent doit elle rapportée à la nature humaine comme une propriété, ou en vertu de la communication des idiomes. Cepsndanl il y a des exceptions, soit que certains en visagent explicitement la science parfaite du Christ comme la science de vision béatifique que son humanité possède comme suite de l’union hypostatique, soit que cette science parfaite soit invoquée pour réfuter la thèse de l’ignorance au sujet du jour et de l’heure du jugement. N’ous suivons ici l’ordre chronologique :

Saint Justin a une assertion générale sur « la doctrine pure et vraie de Jésus-Christ ». Dial., xxxv, /' G., t. vi, col. 549 C.

Saint lréncc. — Selon lui le Verbe, paru visiblem ni comme homme, possède le gouvernement et la direction de toutes choses, lui-même récapitulant en soi toute l’universalité des êtres. Contra hier., I. V, c. xviii, n. 3. On trouve également une allusion explicite à Joa., iii, 11, 13, 18 dans le t. III, c. xxx, n. <), P. G., t. vii, col. 1174, 822.

Clément d’Alexandrie. — « Celui qui est notre pédagogue et maître nous appelle ses enfants et ses pitits (parvulos) parce qu’ainsi nous sommes plus aptes au salut, le Christ révélant aux enfants ce qu’il cache aux superbes (allusion à Luc, x, 21). » Pied., t. I, c. vi, n. 32. 33, P. G., t. viii, col. 282 A. Pour montrer que l’Esprit-Saint et non une doctrine humaine est à la source de la prédication de saint Paul, cf. I Cor., ii, 13, Clément cite la parole du Christ, Joa., vii, 16 : « Ma doctrine n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. » Strom., t. I, c. xvii, n. 87, ibid., col. 801 C.

Urigène. — Dans le Contra Celsum, il exalte la doctrine admirable du Christ, laquelle doit être prêchée dans le monde entier par l'évangile, t. II, c.xin, P. G., t. xi, col. 821-824 ; doctrine pleine de sagesse, source des mystères, t. III, c. xxxiii, col. 961 C ; car Jésus était non seulement doué de sagesse, mais participant à la divinité et ce fut la volonté de Dieu que la doctrine de Jésus s’affirmât victorieuse parmi les hommes et rendît vains tous les elïorts des démons. L. IV, c. xxxii, col. 1076 C-1077 A.

Tertullien. — Dans le portrait qu’on peut tracer du Verbe incarné d’après Tertullien, « le Christ est l’Emmanuel, l’illuminateur des nations, le conquérant des âmes, le prêtre catholique, le pontife authentique de Dieu le Père, le médiateur entre l’humanité et Dieu, le nouvel Adam, le Principe en qui Dieu récapitula toutes choses, l'Époux de l'Église. » A. d’Alès, La théologie de Tertullien, p. 199 ; cf. Tertullien, Adv. Marcione.m, t. IV, c. ix, c. xxxv ; De resurreclione carnis, c. li, P. L., t. ii, édit. de 1866, col. 403 sq. ; 476 sq. ; 916 sq. Toutes app ?llations qui impliquent dans le Christ une science puisée en Dieu lui-même.

Saint Athanase. — C’est surtout en parlant de 1' « ignorance » du Christ, que le témoignage de saint Athanase doit être invoqué. Sur la perfection avec laquelle il est l’expression du Père, voir Contra arianos, orat. i, n. 24 ; iii, n. 37, P. G., t. xxvi, col. 24, 401 C. Cette expression est, dans la psnséc d’Athanase, relative à une science humaine. Cf. De inc.arnatione et contra arianos, n. 7, col. &93 C.

La plupart des Pères désormais parleront expressément de la science parfaite du Christ, précisément dans le but d’expliquer l’ignorance que semblent indiquer certains textes. Aussi les retrouverons-nous plus loin. Toutefois une place spéciale est à faire ici à ceux qui, voulant donner la raison dernière de la science parfaite du Christ, affirment explicitement el éqaivalemment en lui une science venant de la vision de Dieu.