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L639 SCIENCE DE JÉSUS-CHRIST. EXPLICATIONS DES PÈRES 1640

il 65, /'. /… I. x, col. 594 A ; S.Ambroisc, In Luc. I.. 11. 127, /'. L., t.xv, col. 1929A ; NicétasdeRemésiana, De symbolo, c. xiii, /'. /… i. xvii, cul. 525. Sur la pensée de cet auteur, voir I, . Janssens, ! » Deo-ho mine, t. ii, p. 838 839.

Pour Grégoire de Nazianze, c’est en notre nom que Jésus s’adresse au Père, Oral., xxx, n. 5. 1'. (', .. I XXXVI, col. 108. La prière : Que ce calice, s’il est possible, s'éloigne de moi : paroles « le l’humanité, déclare saint Damascène, et non de la divinité. De duabus voluntatibus, n. 38, P. ('., t. xcv, col. 177 B. Plus simplement, saint Grégoire de Nazianze expli quait cette prière du Sauveur, tout en maintenant la parfaite connaissance qu’il avait de tout ce qui arriverait à la passion. Orcd., xxx, n. 15, P. G., t. xxxvi, col. 117 C. Saint Jérôme ne trouve aucune ignorance réelle dans ces sentiments exprimés par le Christ : ils doivent simplement être une occasion de manifester notre foi. Dial. adv. pelagianos, t. II, n. 17, P. I… I. XXHI (édit. de 1865), col. 575.

4° Les interprétations patristiqu.es d<i Marc, xiii, 32 et Matth., xxiv, : if>. L’article Agnoètes a étudié spécialement l’interprétation de ces textes par les Pères, t. I, col. 589-59 : 5, on fonction des négations agnoètes. On ne reprendra donc la question que partiellement, dans la mesure où il est nécessaire de coin pléter un sujet qui déborde l’agnoétisme et de tenir compte des travaux plus récents et plus étendus, parus depuis le décret du Saint-Office du 5 juin 191 H, de Sehulte, de.1. Marié et surtout de l'étude presque exhaustive de J. Lebreton, Histoire du dogme de la Trinité, (>' édit., t. i, Paris, 1927, note C : I.' ignorance du jour du jugement, dont on s’inspirera ici.

L'élude des interprétations patristiques de.Marc, m, 82 doit être répartie sur cinq périodes : 1. avant la controverse arienne ; 2. la controverse arienne et apollinariste ; 3. la controverse christologique au ve siècle ; 1. Saint Augustin : 5. les controverses christologiques du VIe au vin 1, siècle. C’est à peu près la division adoptée par.(. Lebreton.

1. Avant lu controverse arienne. L’interprétation d’Irénée est strictement littérale : le Fils n’a pas eu honte de rapporter la connaissance du dernier jour au seul Père pour nous apprendre à ne pas rougir de rapporter à Dieu ce qui est au-dessus île nous. Contra luvr., t. II, c. xxviii. n. 0-8, /'. G., t. vii, col. 808-811.

Origine présente plusieurs interprétations. L’anéan tissement (quia se exinaniuerat, jormam servi accipiens, et. Phil., iii, 7) explique que Jésus se soit dépouillé de sa science : ce qui est loin d'être une imperfection ; car, si Dieu n’est pas imparfait en ignorant le pécheur, le Christ n’est pas imparfait en taisant les choses humaines pour magnifier la gloire de Dieu. In Jerent., hom. i, 7-8, /'. < ;., t. xiii, col. 264-265. Rien d'étonnant donc que, sur le jour du jugement, le Seigneur se joigne aux ignorants, puisque, en tant qu’homme, le Christ progressait en science et en sagesse. Voir ci-dessus. col. 1636. Sur ce fondement se greffent deux explica lions, l’une littérale : jusqu'à sa résurrection, la science du Christ fut imparfaite, ce n’est qu’après la résurrection que Dieu l’a exallée et que le Fils a reçu du Père la science complète ; l’autre mystique : l'Église ne faisant qu’une avec le Christ, tant qu’elle ignore, le Christ est dit ignorer lui-même. In Matth. cemmen lar. séries, xiii, /'. <-'., t. xiii, col. 1686 A-1687C ; cf. In Lucam, hom. xix, col. 1819 ; hom. xx, col. 1853 H.

2. Controverse arienne et apidlinarisle. a) Pères grecs. Les Pères réfutent les ariens qui veulent attribuer l’ignorance au Verbe de 1 Mcii.ct d’autre pari, ils invoquent Marc., xiii, 32 pour prouver aux apolll naristes la réalité d’une science humaine, et par cou séquent d’une âme humaine dans le Christ. Les Intérêts immédiats de cet le double controverse semblaient

recommander un.' interprétation littérale du texte évangélique ; admettre une ignorance humaine réelle dans le Christ, n'était-ce pas établir une fois de plus une distinction devenue traditionnelle dans l’exégèse catholique ?.1. Lebreton, p. 561. Cependant l’exégèse littérale, largement répandue, n’est p.is la plus univer sellement acceptée.

Ainsi Eustathe d’Antioche explique l’ignorance du Christ par un dessein miséricordieux de Dieu en vue du salut des hommes : /"' forte ineflabilia mgsleria similis generis hominibus homo indicans et diem secundi adventus ostenderet. Fragm., dans Théodoret, /'. G., t. xviii. col. (177 H, 691 C (ou dans l’acundus d’IIer miane, Pro defensione trium cap., xi, 1. /'. L., t. lxvii, col. 795).

Saint Athanase discute longuement ce texte contre les ariens et fournit plusieurs répanses à l’objection qu’on en tire. Contra arianos, orat. m. n. 42-49, /'. C, t. xxvi, col. 112-128. Déjà, au n. 37, il pose le principe de sa solution : l’ignorance appartient à la chair (l’humanité), mais le Verbe, par qui toutes choses oui été faites, connaissait toutes choses. Col. 401 C. Le Verbe, qui connaît le Père et qui a tout créé, connaît donc le jour du jugement et il le montre en décrivant les signes avant-coureurs. N. 42, col. 412. Il le connaissait donc en tant que Verbe, mais il l’ignorait en tant qu’homme. N. 43, col. 413. Kn n’exceptant pas le Saint-Esprit, le Christ a montré que, comme Verbe, il connaît cette heure puisque c’est de lui que le Saint-Esprit reçoit ; de plus, il connaît le Père, il est dans le Père, donc il connaît cette heure, n. 44, col. 410 ; il connaît en tant que Verbe, mais ignore en tant qu’homme. N. 45, col. 417… Si le Christ se dit ignorant, il fait comme Paul qui, sachant qu’il a été ravi en corps au ciel, déclare par modestie qu’il l’ignore (II Cor., xii, 2). N. 47, col. 421. S’il a répondu ainsi en tant qu’homme, c’est afin d’arrêter les interrogations des apôtres ; mais, après la résurrection, le Christ ne dit plus : « Le Fils ne sait pas. mais : « Il ne vous appartient pas de savoir » (Act.. i. 7). N. 48, col. 12 1. Ainsi le sens des paroles est : èyco oTSx, iXX' oùx ërsTiv OU.&V yvcôvai. N. 49, col. 125.

Dans la deuxième lettre à Sérapion, n. 9, P. G., t. xxvi, col. 021-021, Athanase ne retient qu’une idée : l’ignorance est le propre de l’homme et comme le Verbe a voulu être homme, il en a pris l’ignorance comme d’autres infirmités, précisément pour en purger et libérer l’humanité, col. 021 ; cf. De incarnatione et contra arianos, n. 7, col. 993.

Ainsi, conclut.1. Lebreton, tout l’effort de saint Athanase tend à établir que le Verbe divin n’ignore rien ; en comparaison de cette affirmation capitale, le reste est pour lui de peu d’importance, et il propose plusieurs interprétations différentes du texte évangélique : l’ignorance, écartée de la divinité du Christ et attribuée à son humanité, est présentée tantôt comme apparente, tantôt comme réelle. A cette occasion, il formule ce principe sotériologique qui sera dans la suite si souvent invoqué en divers sens : « Le Christ a voulu se charger de toutes nos infirmités pour les guérir toutes. » Op. cit., p. 503.

Saint Basile. - Dans la lettre viii au p 'iiple de Ce saréc (en supposant que cette lettre soit de Basile et non d'Évagre le Politique, cf. H. Meleber, Dcr 8. Ifricf des Basiliusein Werkdes Eoagrius Ponticus ? Munster en-W., 1923), l’auteur donne une double Interpréta lion : dans l’ignorance du jour du jugement, il voit d’abord une disposition providentielle ; cf. Act., i, 7. Mais à cette Interprétation grossière (7Toc/ÛTepov) se superpose une Interprétation allégorique : Dieu ne connaît que lui même ; il ignore ce qui n’est pas luimême. La connaissance des choses divines (le jour du jugement en fait part ie) est. par ailleurs, un sommet