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SYLLABUS. TEXTE
S !) ( 1

les bases de l’apostolat social et de l’action catholique. Op. cit.. surtout c. xvii. p. 279 301. Pour ce qui est de l’influence de l’encyclique sur l’œuvre d’Albert de Mun, cf. F. Mourret, op. cit., p. 500, note.

3. Attitude prise hors de France.

Le Syllabus ne

suscita pas dans les autres pays d’aussi âpres controverses qu’en France ; mais l’intérêt qu’il y provoqua n’y fut pas moins grand.

a) Aperçu général. — En Italie le ministre de la Justice défendit la publication de l’encyclique et du Syllabus et. comme en France, les évêques protestèrent contre cette décision. Elle fut rapportée le 8 février 1865 et l’exequatur donné aux deux documents, à condition que les droits de la couronne fussent respectés. Cf. J. Schmidlin, Papstgeschichte der neuesten Zeit, t. ii, p. 322. Ce ne fut point de la part du gouvernement italien le signe d’un retour à une politique plus conciliante à l’égard du Saint-Siège, mais le Piémont, satisfait de la convention du 15 septembre, dont son ambition attendait beaucoup, estima devoir s’abstenir pour l’instant de toute manifestation hostile contre l’Église.

Le gouvernement autrichien, d’abord décidé à empêcher la publication du Syllabus, reconnut que le concordat s’opposait à une telle interdiction. En Espagne, ce fut pour sauvegarder les droits de l’État que les pouvoirs publics s’empressèrent d’autoriser la diffusion du document pontifical. Cf. J. Chantrel, op. cit., p. 324. Par contre, la Russie mit obstacle à sa promulgation. Cf. J. Schmidlin, loc. cit., et la lettre de l’évêque de Nantes au ministre des Cultes dans L’encyclique et les évêques de France, p. 106.

L’épiscopat du monde catholique fit connaître au souverain pontife son entière soumission, et proclama son adhésion sans réserve à l’encyclique Quanta cura et au Syllabus. Les prélats exprimèrent leurs sentiments, tantôt en des lettres pastorales à leur clergé et à leurs fidèles, tantôt en des adresses d’hommage et de fidélité à Pie IX lui-même. Nulle part on ne trouvera ces documents mieux classés et mieux analysés que dans Rinaldi, op. cit. Dans les divers synodes qu’ils tinrent les années suivantes, dans les conciles provinciaux ou nationaux auxquels ils prirent part, les évêques enfin ordonnèrent à leurs prêtres de bien connaître, pour les réfuter, les erreurs condamnées par le pape ; ils rappelèrent au peuple chrétien le devoir qui lui incombait d’adhérer sans restriction à l’enseignement venu de Rome. Cf. particulièrement le synode de Venise en 1865, le Ie » concile de la province d’L’trecht en Hollande à la même date, le IIe concile de Baltimore en 1866 et, quelques années plus tard, le IIe concile provincial de Quito dans la république de l’Equateur. Pour le détail, cf. F. Desjacques, loc. cit., p. 363365.

b) En Angleterre. — Les catholiques se trouvaient divisés depuis longtemps. Les uns étaient de tendance nettement libérale, ils exprimaient leurs opinions dans la revue mensuelle le Rambler, s’élevaient contre tout ce qui était romain, accusaient les anciens catholiques anglais d’étroitesse d’esprit et, dans la solution des problèmes de critique ou d’histoire, revendiquaient une absolue liberté ; leurs chefs étaient les directeurs de la revue : Richard Simpson et sir John Acton. A l’opposé, d’autres épousaient les idées ultramontaines ; iifrid Ward, qui était à la tête de ceux-ci, ne cherchait le salut que dans la dictature de la papauté ; « il jugeait naturel et désirable que cette dictature s’exerçât à chaque moment, pour résoudre d’autorité toutes les questions où se débattait la pensée moderne ; et il réduisait le rôle du croyant a attendre et à enregistrer docilement ces décisions toujours souveraines et infaillibles ». Thureau-Dangin, La renaissance catholique en Angleterre au XIXe siècle, t. ii, p. 322-323. Entre les

deux camps bien tranchés, Newman. dès 1859, s’efforçait de jeter un pont ; mais sou intervention était loin d’avoir le succès qu’il escomptait. Cf. sur son rôle, l’art. Newman, t. xi, col. 339-342. L’apparition du Syllabus fut évidemment accueillie de façon diverse par chacune des deux écoles. Les libéraux avaient déjà interrompu la publication de leur revue, le Home and foreign review, qui avait remplacé en 1862 le Rambler ; ils s’étaient sentis visés et condamnés dans leurs opinions par le bref de Pic IX à l’archevêque de Munich, au moment du congrès des catholiques allemands. Loin de se soumettre pourtant, ils pensaient que le temps finirait par les justifier en montrant que le pontife avait tort ; la publication du Syllabus ne fit que les fortilier en cette manière de voir. Leurs adversaires, au contraire, se réjouirent, parfois de façon bruyante, et donnèrent aux propositions l’interprétation la plus absolue. Newman disait de la Revue de Dublin, l’organe des ultramontains, qu’ « elle tendait les principes jusqu’à ce qu’ils fussent près de se briser, et qu’elle présentait les vérités dans la forme la plus paradoxale ». Thureau-Dangin, ibid., p. 344.

c) En Allemagne. — Les documents pontificaux du 8 décembre 1864 provoquèrent une réaction différente chez les partisans des deux tendances libérales. Le Syllabus exaspéra Dœllinger, qui se sentit directement visé dans ses opinions personnelles. Il écrivit immédiatement un violent pamphlet, inédit de son vivant, mais publié plus tard dans Kleinere Schrijten gedruckte und ungedruckte von J. J. Ign. von Dœllinger, Stuttgart, 1892, p. 197-227. Il y combattit la force obligatoire et la valeur dogmatique du Syllabus. Cf. ici l’art. Doellingee, t. iv, col. 1516-1517. Par contre, un livre édité à Mayence en 1866 reprit les idées de Mgr Dupanloupen France. L’auteur était MgrKetteler, évêque de Mayence. Cf. sur lui, G. Goyau, L’Allemagne religieuse, le catholicisme, Paris, 1909, t. iii, p. 67sq. ; du même, Kcllcler, dans la collection La pensée chrétienne, Paris, 1908. L’ouvrage du prélat, Deutschland nach dem Kricge 1866, connut en Allemagne un grand succès ; il fut traduit en français par l’abbé Belet, Paris, 1866. Le but de l’auteur en cette brochure n’était pas exactement le même que celui de l’évêque d’Orléans. Au lendemain de Sadova, Ketteler examinait la situation des catholiques allemands vis à vis de la Prusse victorieuse, et il prêchait avec adresse et dignité la politique du ralliement. Dans un chapitre intitulé : Le libéralisme et l’encyclique, il étudiait spécialement la question de la liberté de conscience et des cultes. Il établissait la fausseté de l’indifférentisme religieux, mais montrait qu’en pratique la liberté de conscience et l’égalité des cultes « entendues dans le sens de la constitution prussienne étaient comme la meilleure réglementation des affaires ecclésiastiques de ce pays et même comme une nécessité ». Cf. Libéralisme, loc. cit., col. 596, et pour le texte complet du chapitre de Ketteler, la traduction qu’en a donnée le Correspondant, mai 1867, p. 194 sq. L’évêque allemand donnait la distinction de la thèse et de l’hypothèse, telle que Mgr Dupanloup et d’autres prélats l’avaient admise et expliquée.

IL Texte. — Après avoir transcrit le texte du Syllabus avec un rapide commentaire, nous résumerons l’encyclique Quanta cura. C’est alors que le lecteur pourra juger de la similitude des doctrines condamnées dans l’un et l’autre document.

I. L/ ; STLLABVS. — Voir le texte dans Denzinger Bannwart, n° 1700-1780, le commentaire dans L. Choupin, op. cit., p. 187-415 ; les références aux documents pontificaux dans Raulx, Encyclique et documents, Bar-le-Duc, 1865, et dans Recueil îles allocutions consistoriales, encycliques et autres lettres apostoliques des souverains pontifes Clément XII, Be