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SYMÉON MÊTAPIIRASTE


ménologe en question formait une collection de dix livres dont le dernier s’étendait sur les mois de mai, juin, juillet, août, qu’il courait donc, suivant le calendrier byzantin, du début de l’indiction, de septembre à août. Aide des suscriptions de groupes mensuels ou de pièces isolées, il en restitua le contenu et la répartition exacte des volumes, un pour septembre, deux pour octobre, et de même pour novembre et décembre, un pour janvier, un pour février, mars, avril et un dernier pour les quatre mois restants. Toute une série d’argument ? auxiliaires, tels que les données des typica (sortes d’ordines réglant l’emploi des leçons et textes liturgiques au cours de l’année), le caractère de métaphrases vérifié sur les textes, le groupement de livres différents dans les mêmes manuscrits, etc., concourut à préciser ces données. On en verra l’application mois par mois dans le monumental ouvrage qui couronne ces recherches, Die Ueberliejerung…, I re part., t. n.

H. Delehaye, tout en enregistrant les résultats, a critiqué le manque de rigueur de la méthode et mis en doute tant le caractère primitif de la division en dix livres que la valeur des attributions métaphrastiques des manuscrits ; cf. Analecta boit., t. xvi, 1897, p. 315, et t. xvii, 1898, p. 450. A. Ehrhard a montré depuis, que la suite de l’enquête se soldait en sa faveur sur les deux points. Op. cit., p. 701 sq. LeBollandiste a formulé une autre méthode qui a l’avantage de ne pas soulever d’objection préalable : « Il se rencontre dans tous les dépôts de manuscrits grecs des volumes d’un ménologe bien déterminé, qui doit avoir joui d’une très grande vogue. Il a été multiplié à un grand nombre d’exemplaires, dont une bonne partie présente des caractères paléographiques qui les feraient attribuer à une même officine, fonctionnant à Constantinople vers le milieu ou la fin du xie siècle ; la composition des mêmes subdivisions est sensiblement identique. Ce sont les mêmes saints aux mêmes dates et la même vie de chaque saint. De plus, chacune de ces pièces présente un texte invariablement fixé. Une lecture rapide permet de constater… que la très grande majorité sont des remaniements de pièces plus anciennes. C’est une collection de métaphrases, et la collection est si bien caractérisée que l’on ne se trompera pas en la désignant comme l’œuvre la plus considérable en ce genre : celle qui est attribuée à Syméon Métaphraste ». Op. cit., t. xvi, p. 319. Excellente pour les cinq premiers mois, où le recueil de Métaphraste se rapproche des anciens ménologes, cette méthode ne suffit plus pour les autres, dont la composition est très différente (cf. plus bas) et sur ce point, la découverte par Ehrhard du Xe livre de Métaphraste a vraiment été la clef de la solution. Cf. A. Ehrhard, Die Ueberliejcrung, p. 704 sq.

4. Description du Ménologe. - — Nous emprunterons à A. Ehrhard les éléments de cette description, cf. op. cit., passim et p. 660-700. Le recueil court, comme on l’a dit, de septembre à août et se distribue en dix livres : cette division est attestée par 545 manuscrits sur 693 et, au surplus, par les meilleurs et les plus anciens. Il comprend au total 148 pièces : le catalogue d’A. Ehrhard coïncide avec celui de la Hibliolheca hagiographica grseca, 1909, p. 275 sq., à une exception près : il élimine, le 27 décembre, le panégyrique de saint Etienne par saint Grégoire de Nysse.

Le recueil ne s’intéresse qu’au cycle des fêtes fixes du calendrier et parmi elles aux seules fêtes des saints. On ne relève qu’une irrégularité : l’office de l’Acathiste, le samedi de la cinquième semaine de carême, dans le IXe livre. Sont négligées les fêtes « despotiques » et celles de la sainte Vierge, mise à part la Dormition. La raison en est que les recueils de panégyriques offraient abondamment leurs homélies pour ces circonstances.

A la différence des anciens ménologes qui présentaient plusieurs fêtes par jour, celui-ci n’en a qu’une, celle qui vient en premier lieu dans ceux-là. Il ne s’écarte de ce plan que sept fois où il en admet deux : le 6 septembre, le 19 octobre, les 24, 25, 26 novembre, le 22 janvier, le 7 février.

On remarque, en outre, une forte disproportion entre les cinq premiers mois et les autres. Ceux-là, parallèlement aux anciens ménologes, ont presque chaque jour leur fête, soit 25 en septembre, 27 en octobre, 27 en novembre, 23 en décembre, 20 en janvier. « Les omissions en septembre et en octobre s’expliquent par le fait que les grandes fêtes correspondantes concernaient des saints pour lesquels faisait défaut tout texte historique susceptible de faire l’objet d’un remaniement rhétorique. Cette explication ne vaut que pour une partie des omissions des trois mois suivants. Pour les autres on ne saurait donner, avec les moyens dont nous disposons, une justification objective des omissions. » A. Ehrhard, loc. cit., p. 696. Pour ces sept derniers mois on a à peine vingt-six textes tandis que les précédents en totalisent cent vingt-deux. Les ménologes prémétaphrastiques étaient, au contraire, uniformément fournis d’un bout à l’autre de l’année. Certains ont cru que Syméon avait arrêté son ménologe à la fin de janvier, le chroniqueur Jean Xiphilin, par exemple, qui l’explique par une réduction des services liturgiques du matin durant les saisons de printemps et d’été, à cause de la brièveté des nuits durant cette période. La raison ne satisfait pas, car elle ne rend pas compte de la constitution égale des anciens ménologes. Le mieux est encore de supposer avec Ehrhard qu’il s’est produit à Constantinople, vers le xe siècle, un écourtement des liturgies matinales laissant cependant subsister les leçons du sanctoral aux fêtes majeures, auquel Syméon n’aurait fait que se soumettre. Il faut compter encore avec le coefficient de libre initiative qui est une caractéristique de l’Église grecque ; cf. A. Ehrhard, t. r, 1, p. 440, et t. r, 2, p. 695.

Ces « lacunes » du nouveau ménologe ont souvent, eu pour conséquence de pousser les copistes à y introduire des éléments étrangers qu’il a fallu éliminer pour lui rendre sa vraie physionomie.

Les 148 textes sont presque tous des Map-rûpia ou des Vies. Sont seuls à sortir de ce cadre la leçon pour la fête de l’Acathiste, la légende de l’image achéropite d’Édesse par Constantin Porphyrogénète. La majorité est formée par les légendes de martyrs et, parmi eux, de ceux des grandes persécutions. Viennent ensuite les Vies de saints confesseurs, des apôtres, de quelques saints de l’Ancien Testament et de saint Michel.

5. Les textes.

A. Ehrhard en distingue trois catégories : a) les anciens que Syméon a adoptés sans presque y faire de changement, sans doute parce qu’ils ne lui paraissaient pas en nécessiter. Ils gardent dans la collection le nom de leurs auteurs vrais ou supposés : huit sont dans ce cas (22 septembre, 17 novembre, 14 et 17 janvier, 6 mars, 1 er avril, 1 effet 16 août) ou bien viennent comme anonymes, ainsi le 25 janvier, 23 avril, etc. — b) Des œuvres originales contemporaines du Métaphraste qui pourraient lui appartenir ou qui reviennent sûrement à d’autres comme la Vie de saint Luc le Jeune ou de saint Arsène. On ne déterminera avec sûreté celles qui sont de lui qu’après une minutieuse étude de critique des sources et d’analyse littéraire. — c) Tandis que les deux groupes précédents n’atteignent que le chiffre de 23 numéros, le troisième en compte 123 qui sont des métaphrases et c’est lui qui donne au ménologe sa caractéristique. A. Ehrhard est arrivé à établir pour presque les deux tiers d’entre elles le texte original dont elles sont la transposition. Les anciens ménologes sont naturellement la source normale de ces déterminations. Seule