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SYRIENNE (ÉGLISE). TRADITION ET SYMBOLES

dérés comme canoniques. Selon Denys d’Alexandrie, le livre de l’Apocalypse, attribué à l’apôtre Jean, n’est pas en réalité de lui, mais de Cérinthe ou d’un certain Jean, car il y a eu deux personnages du nom de Jean enterrés à Éphèse. Selon Origène, les idées de l’épître aux Hébreux sont de l’apôtre Paul, la rédaction a été exécutée, sur l’ordre de l’apôtre, par Clément selon les uns, par Luc selon les autres et elle doit être reçue par l’Église comme l’œuvre de l’apôtre Paul. Sont également reçus : l’Apocalypse de Paul avec les autres apocalypses, la Doctrine des Apôtres, la lettre de Barnabé, le livre de Tobie, le Pasteur et l’Ecclésiastique, cependant plusieurs n’admettent pas le livre du Pasteur et l’Apocalypse de Jean. » Enfin Barhebræus énumère certains écrits d’hérétiques tel que Bar Soudaïli et ceux des Pères de l’Église qui sont lus dans l’Église comme l’enseignement des Docteurs : ceux de Denys d’Athènes (l’Aréopagite), de Basile, de Grégoire de Nazianze, de Sévère, de Mar Éphrem, de Mar Isaac, de Mar Jacques de Saroug, de saint Jean, de Cyrille, de Théodote… Le livre de Palladius qui est dénommé le Paradis, l’Héxameron de Basile, aussi, les écrits de Jacques d’Édesse, les Commentaires de Mar Éphrem, de Mar Jean, de Moïse Bar Képha et de Bar Salibi…

Michel le Syrien, dans sa Chronique, dresse le canon des saintes Écritures, tel qu’il est reçu par l’Église, et cite ceux de l’Ancien Testament énumérés par Barhebræus. Pour le Nouveau Testament, après l’épître de Jude, il cite les deux de Clément et ajoute : « les Apôtres ont prescrit de recevoir ces livres avec la révélation de Jean et le livre de la Didascalie ; ceux enfin qui ont été composés postérieurement aux apôtres par les illustres docteurs éprouvés et qui découlent de la source suave des doctrines apostoliques. » Cf. Chronique de Michel le Syrien, l. VI, c. i, trad. Chabot, t. i, p. 159 sq.

Les commentateurs. — Il serait trop long d’énumérer les multiples commentaires des écrivains jacobites sur les Livres saints de l’Ancien et du Nouveau Testament. C’est une littérature très riche, encore manuscrite. Pour en avoir une idée complète, il faut se référer aux histoires de la littérature syriaque de Rubens Duval et de Baumstark.

Les deux derniers écrivains jacobites ont résumé l’œuvre de leurs devanciers. Denys (Jacques) Bar Salibi a laissé un commentaire général, encore manuscrit. Son commentaire sur les évangiles de Matthieu et de Marc a été publié et traduit par Sedlaček, Chabot et Vaschalde, dans le Corpus scriptorum christianorum orientalium, Scriptores syri, série II, t. xcviii-xcix, Borne, 1906-1933. Sedlaček a publié et traduit le commentaire sur les Actes des apôtres, les épîtres catholiques et l’Apocalypse, ibid., t. ci, Rome-Paris, 1909-1910.

Barhebræus de son côté a écrit un commentaire général pour chacun des livres de l’Ancien et du Nouveau Testament. Il a résumé souvent les commentaires de ses prédécesseurs, surtout le travail immense et de première importance de Moïse Bar Képha († 903). Il a intitulé son ouvrage : Le magasin des mystères ; la plus grande partie de ce travail a été publiée mais de façon dispersée, cf. Rubens-Duval, Litterat. syr., p. 70. En 1931, M. Sprengling et W. Creighlon Graham ont fait paraître, dans les publications de L’Institut oriental de l’université de Chicago, « Barhebræus », Scholia on the old Testament, part. I, Genèse ; part. II, Samuel.

Voir également : Inspiration, t. vii, col. 2090 sq. III. La tradition et les symboles. — 1° La tradition, est considérée par l’Église jacobite comme une règle de foi. Jean de Tella († 538), dans son premier avertissement aux clercs, leur dit : « Je vous demande, avant tout, de conserver votre religion qui est la règle de foi formulée, sous l’inspiration du Saint-Esprit, par le concile des trois cent dix-huit saints Pères réunis à Nicée et envoyée à toutes les Églises sous le firmament. » Selon lui, le concile dûment convoqué et réuni agit sous l’inspiration du Saint-Esprit. Il poursuit en condamnant particulièrement comme hérétiques le concile de Chalcédoine et la lettre du pape Léon. Cf. Nau, Les canons et les résolutions canoniques, Paris, 1906, p. 21.

Les jacobites ne reconnaissent comme conciles œcuméniques que les trois premiers. Les conciles, disent-ils, ont été convoqués et réunis selon l’ordre du Seigneur et c’est l’Esprit-Saint qui a guidé les Pères dans leurs décisions et dans la profession de foi qu’ils ont composée. Aussi les évêques réunis à Antioche déclaraient-ils avoir reçu des Pères, la foi de l’Église apprise des Livres (saints) et des apôtres. Puis ils citent le symbole de la foi qui a été formulée par les Pères de Nicée ; cf. Rev. de l’Or. chrét., t. xiv, 1909, p. 14 sq.

Les symboles. — La tradition s’est condensée dans les symboles et les professions de foi des conciles et des Pères de l’Église.

1. Symbole de foi. — Avant les jacobites, l’Église de Syrie a eu une influence particulière sur la formation du symbole de la foi. Voir ce qui a été dit à l’art. Apotres (Symbole des), t. i, col. 1668-1670, 1676-1679.

Depuis sa séparation, l’Église jacobite a gardé l’usage de réciter le symbole de Nicée-Constantinople dans le culte et spécialement à la liturgie de la messe et de l’office divin. Jean de Tella, op. cit., avertiss. xvii, p. 27, demande que le symbole soit récité à haute voix par l’assemblée réunie, les dimanches et jours de fête, dans la sainte liturgie eucharistique, après que les portes de l’Église auront été fermées. Le peuple entier devra le faire également le vendredi saint et le jour de Pâques. Denys Bar Salibi, dans son Expositio liturgiæ, commente le symbole de Nicée-Constantinople. Les fidèles doivent commencer chacun sa profession disant : « je crois », tandis que le célébrant, représentant des fidèles, dira au nom de tous, au pluriel, « nous croyons ». L’écrivain explique ensuite pourquoi le concile de Constantinople a introduit dans le symbole de Nicée une petite formule à propos du Saint-Esprit. Enfin il commente rapidement le symbole en théologien jacobite, condamnant Arius, Nestorius, Macédonius, Apollinaire, les chalcédoniens et même Eutychès. Cf. Trad. Labourt, dans Corpus etc., Script, syri, série II, t. xciii, p. 55-60. Dans l’Ordo baptismi, on exige de la personne qui se prépare au baptême la récitation du symbole ; le parrain remplit ce rôle à la place des enfants. Cf. H. Denzinger, Ritus orientalium, Wurtzbourg, 1863-1864, t. i, p. 273, 283, 292, 298, 305, 312, 321.

2. Professions de foi. — Pour l’ordre, la pénitence et l’extrême-onction, une profession de foi, de forme assez variable, est récitée par le ministre du sacrement et reprise par le sujet ou bien par ce dernier seulement ; cf., dans Rev. Or. chrét., t. xvii, p. 324-327, une profession de foi jacobite adressée par l’évêque aux ordinands ; Denzinger, op. cit., t. ii, p. 103 sq., donne les recommandations faites par l’évêque aux ordinands ainsi qu’une profession de foi où sont énumérés les conciles et les Pères qui ont lutté pour la conservation de la foi depuis l’âge apostolique.

3. Lettres synodiques. — Outre les symboles proprement dits, on rencontre des professions de foi faites dans les conciles particuliers ; ainsi celui d’Antioche, tenu vers 341, expose la foi dans une lettre envoyée à Alexandre, évoque de Byzance ; cf. Rev. Or. chrét., t. xiv, 1909, p. 14-15. On trouve aussi les lettres synodiques que les patriarches jacobites d’Antioche en-