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- SYRIENNE (ÉGLISE)##
SYRIENNE (ÉGLISE). DOGMATIQUE
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Dans une longue lettre écrite entre 532 et 538 par les évêques jacobites exilés à Alexandrie, on trouve la description de la dédicace d’une église martyrium et comment l'évêque place à cette occasion l’urne contenant les reliques des martyrs ou des apôtres et les oint avec l’huile suave, apobalsamon. N. 65, dans Nau, Concile d’Aniioche, etc., p. 40. La théologie moderne des jacobites professe la doctrine catholique de l’efflcacité de l’intercession des saints. Le 1'. Jean Dolbani, moine jacobite. a publié deux articles a ce propos dans la revue arabe Al-Hikmat.l. m. déc. 1929, et t. iv, janv. 1030, puis dans une brochure : L’intercession, Alep. 1034. Il déclare notamment que « les saints comme les anses connaissent nos prières parce qu’ils jouissent de la vision du Christ glorieux qui les illumine des rayons de sa connaissance illimitée ». T. iv, p. 17. Puis il donne les arguments tirés des saintes Écritures, pour prouver sa thèse sur l’intercession des saints et l’efficacité de cette intercession. Ensuite il s’appuie sur la tradition et l’histoire, cite Eusèbe, Origène, Cyprien, Basile le Grand, Grégoire de Nysse. Il fait allusion à une oraison de l’anaphore de saint Jacques où il est dit : « Nous faisons le souvenir des saints pour qu’ils se souviennent de nous en votre présence. » Faisant appel aux Pères de l'Église syriaque, il passe en revue les affirmations des saints : Éphrem († 373) et Rabboula († 438), de Jacques de Sarroug († 522), de Balai' († 400), de Jean de Dara († 825), de Denys Bar Salibi († 1187) ; enfin il répond par un argument ad hominem aux protestants presbytériens et finit en affirmant que le mot intercession peut s’appliquer aussi bien au Christ qu’aux saints, mais dans deux acceptions différentes. Ces derniers sont nos intercesseurs parce qu’ils sont les amis de Dieu et parce que Dieu veut qu’ils soient honorés de la sorte ; ils l’ont aimé et ont observé ses commandements, selon l’affirmation de Bar Salibi. Cet écrivain, qui est très versé dans la théologie de son Église, reconnaît également que les anges intercèdent pour nous. Pour l’hagiographie syriaque, voir ici l’art. Acta
- MARTYRUM##
MARTYRUM, ACTA SANCTORUM, t. I, COl. 326 Sq.
3. Les anges et les démons.
Il n’y a aucune différence entre la théologie catholique et celle des syriens jacobites. Plusieurs de leurs écrivains ont consacré des études aux bons anges et aux anges déchus. Il suffit de renvoyer à l’ouvrage de Barhebneus. Celui-ci consacre une bonne partie de son ouvrage : Le candélabre à cette matière : la base V traite des bons anges et des anges gardiens, et la VII, des démons. L’auteur emploie une méthode qui a beaucoup d’alfinité avec celle des scolastiques contemporains en Occident. Voir ici l’art. Angélologie chez les syriens, t. i, col. 12531259, en rectifiant ce qui est dit à la col. 1257 : Jean de Dara est un écrivain jacobite et non pas nestorien.
Aujourd’hui encore, l'Église jacobite prie et réclame l’intercession des saints. En février 1930, le patriarche d’Antioche termine sa lettre pastorale en ces termes : « Que la Providence divine vous conserve et vous protège de toute épreuve et tout malheur par l’intercession de Notre-Dame la Vierge, de tous les martyrs et des saints. Amen. » Cf. Bévue Al-Hikmat, t. iv, 1930, p. 66.
9° Les fins dernières.
La théologie de cette Église
s’est arrêtée dans son développement quant à la doctrine des tins dernières, depuis sa séparation. Cependant dans sa vie pratique elle se rapproche de la théologie catholique. Elle affirme d’une manière générale qu’après la mort toutes les âmes attendent la résurrection et le jugement général, après quoi, les justes entreront au ciel pour jouir de la vision béat i tique et les pécheurs iront subir les peines en enfer. Aux articles : Enfer, t. v, col. 74 sq., et Jugement, t. viii, col. 1781 sq., a été exposée la doctrine d’Aphraate et de
saint Éphrem. Aux art. Feu du jugement, t. v, col. 2242, et Purgatoire, t. xiii, col. 1207, 1208 sq., 1212, 1354-1357, on trouvera les preuvesde l’existence du purgatoire d’après les Pères syriaques, les liturgies et les écrivains jacobites. Voir aussi l’art. Ames, t. i, col. 1017 sq., et l’art. Ciel, t. ii, col. 2491 sq. et 2502. Il faut y ajouter quelques notes complémentaires.
Selon Jacques d'Édesse († 708), les offices pour les morts avaient lieu à l'église dans les premiers siècles ; mais de son temps, vu le grand nombre des fidèles, les offices se faisaient dans les maisons particulières ou sur les places publiques ; le lendemain ou le surlendemain, les parents venaient à l'église, pour faire une offrande, remercier les prêtres qui avaient fait l’enterrement, entendre la messe et faire un don aux clercs et aux pauvres. Nau, p. 73 sq. ; cité dans le Nomocanon, éd. Bedjan, p. 09. Le patriarche Jean III exige la récitation des mémoires pour les vivants et les morts à la liturgie, soit de la messe, soit du baptême. Contre les contrevenants, il décrète la peine très grave de la déposition. Cf. can. 108, cité dans le Nomocanon, éd. Bedjan, p. 17.
Les Syriens considèrent le temps qui suit la mort comme un voyage dans lequel s’engagera une lutte entre les esprits angéliques et les démons pour s’arracher l'âme qui vient de pénétrer dans ce nouveau monde de l’au-delà. Jacques d'Édesse, dans sa résolution 00, autorise les prêtres jacobites à donner la communion à l’hérétique qui se trouve en danger de mort et dans un endroit où il ne trouve pas de ministre de sa confession ; en effet, il faut l’arracher aux animaux sauvages (aux démons, cf. I Pet., v, 8), le faire entrer dans le bercail, le munir du viatique du salut pour son voyage et l’envoyer près du Seigneur dont il porte le nom, s’il ne l’a pas repoussé loin de lui quand on (le lui) a proposé et s’il a rejeté et abjuré (son erreur). A la résolution 109, Jacques permet aux fidèles de son Église de faire célébrer la liturgie de la messe et les offices pour leurs parents hérétiques, s’ils sont laïques et n’ont pas été des piliers d’hérésie. Quant à savoir s’ils profitent ou non de l’offrande de la messe, il répond : « Dieu seul le sait. » En tout cas, les Machabées offrirent des offrandes pour leurs frères devenus païens de force et saint Pallade pour une jeune fille morte, encore catéchumène. Ce dernier récit a été résumé par Nau dans Rev. Or. chrét., t. viii, 1903, p. 93. Cf. Nau, p. 62, 74.
D’après certains canons écrits vers le milieu du vie siècle, par les « saints Pères » on ne peut offrir la messe pour les auditeurs morts catéchumènes ni pour les hérétiques. Rev. Or. chrét., ibid., p. 115, n. 115. Cependant si des fidèles orthodoxes offrent des dons pour leurs défunts hérétiques, celui qui a cru devoir accepter le don, dira sans office sacerdotal : « Que Dieu pardonne à celui qui est mort et qu’il lui donne le repos. » Ibid., p. 116, n. 121.
Une ancienne tradition chrétienne de Syrie voulait que des festins mortuaires fussent servis aux anniversaires des morts. Jacques d'Édesse recommandait aux clercs d'être sobres et peu exigeants, acceptant ce qui leur était servi ; et surtout de ne pas se montrer cupides. Mais il interdit aux moines d’y participer. Le patriarche Jean III (846-873) recommande de ne pas faire ces mémoires et ces festins durant le carême, sinon le samedi ou le dimanche, et un canon des Prises veut que les clercs ne participent pas aux repas funéraires des pauvres pour n'être pas à charge. Ces réunions sont des réunions pieuses pour la prière et le repas, offerts pour l'âme du défunt. Il ne s’agit nullement d’une coutume païenne, puisque Jean III interdit aux femmes de se lamenter sur leurs morts avec danses et tambours et aux prêtres d'être présents quand on fait ces danses. Les contrevenantes seront