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SYRIENNE (ÉGLISE). COUTUMES PARTICULIÈRES


commencent le jour à partir de la veille au soir parce que leurs mois sont des mois lunaires, et la nouvelle lune apparaît le soir. Cf. Le candélabre des sanctuaires, base II. c. iii, part. 4. soit. 2, P. O., t. xxiv, p. 369 ; Le livre de l’ascension de l’esprit, éd. et trad. Nau, Paris, 1899-1900, p. 180 sq. (texte) ; Bibl. orient., t. ii. p. 285.

A propos du sacrement de baptême.

1. Le levain

des eaux baptismales. — Les jacobites prélèvent, pour les baptêmes en cas de nécessité, un peu d’eau baptismale qui. additionnée de beaucoup d’eau, permettra de baptiser. Jean de Telia, Resol. 31, dans Nau, p. 15 sq. ; cf. Jacques d’Édesse, Resol. 33, ibid., p. 52 sq., résumée par Barhebneus dans le Nomocanon, éd. Bedjan. p. 25. lui effet, ils doivent faire le baptême par immersion et ils bénissent les eaux, au début du rite baptismal en y versant, dans un long rite approprié, de l’huile sainte ou huile de la prière et du saint chrême. Cette eau peut être considérée comme l’eau qui est bénite la nuit de l’Epiphanie ; elle ne peut être cédée comme telle aux fidèles. Resol. 18 de Jacques d’Édesse ; Bedjan, p. 25. Cependant il ne faut pas croire qu’ils considèrent comme invalide le baptême par infusion et celui qui serait conféré avec de l’eau non consacrée. Voir ce qui a été dit à propos du sacrement du baptême. C’est pourquoi Jacques d’Édesse, dans sa réponse précédente, dit que les eaux ne sauraient être rendues inefficaces, ni quand le prêtre s’y lave les mains, ni lorsque beaucoup y ont été baptisés ; pas même quand l’eau diminue et que l’on est obligé de l’additionner d’une certaine quantité d’eau pure. Cette eau garde toute sa valeur, même si elle reste jusqu’à un autre jour. A la fin du rite baptismal, le prêtre récite VOratio solutionis aquarum et laisse l’eau couler dans le sacrarium ; il peut aussi y jeter l’eau dans laquelle le ministre s’est lavé les mains. Cf. Jean de Telia, Resol. 31, dans Nau, p. 15 sq.

2. Attitude du ministre.

Il ne convient pas que le ministre du baptême ou de l’ordre en baptisant et en imposant les mains soit tourné vers le levant mais vers le couchant ; c’est pourquoi on laissera un intervalle entre le mur oriental et le baptistère qui ne sera pas fixé au mur. Cf. Resol. 3, de Jean III, Nau, p. 95. Barhebrœus, éd. Bedjan, p. 25, fait remarquer que la plupart du temps le baptistère est placé du côté sud de l’autel.

A propos de l’eucharistie.

1. Les éléments du

pain eucharistique. — Les jacobites mettent du levain, du sel et de l’huile dans la farine et l’eau ; Jean Bar Schouchan essaie d’expliquer les raisons de l’emploi de quatre éléments : Adam a été formé de quatre natures ou éléments : la terre, l’eau, le feu et l’air. De même le corps du Christ dans le sein de la vierge Marie. L’eau et la farine ne peuvent constituer le corps du Christ en perfection. L’eau est le symbole des premières eaux, la farine celui de la terre, le pain symbolise l’air et le sel remplace le feu ; l’huile est le symbole de la charité de Dieu, en vertu de laquelle il a formé le premier homme. Puis Jean Bar Schouchan se réfère à saint Éphrem et à saint Cyrille dans leurs explications sur la Genèse : le levain symboliserait la foi en la sainte Trinité, le sel figurerait la charité de Dieu envers nous. Toute victime sera salée avec le sel selon l’ordre de Dieu à Moïse dans le Lévitique, ii, 13. Il est donc nécessaire de mettre le sel, symbole de la charité dans le corps du Christ qui est l’hostie vivante et vivifiante… Ceux qui ofîrent leur sacrifice sans sel pèchent, leur offrande est privée de la charité du Christ, d’après l’exemple des saints apôtres… « Nous jetons de l’huile sur le pain eucharistique en signe de la miséricorde de Dieu envers nous autres pécheurs. » Puis il explique les multiples cas où l’on parle d’huile et d’onction dans les saints livres, et conclut : « Il convient donc de mettre

de l’huile dans l’hostie vivante du Christ pour qu’elle soit, avec le sel, le symbole de la charité et de l’amour de Dieu envers l’espèce humaine… Ainsi la foi, la charité et la miséricorde sont l’accomplissement du christianisme, et le levain, le sel et l’huile sont l’accomplissement du corps du Christ. »

Le patriarche poursuit son discours pour s’attaquer à la coutume des arméniens qui n’emploient que le pain azyme et accumule toutes les raisons, bonnes et mauvaises, qui se retrouvent dans cette controverse des azymes. Pour les jacobites syriens, les chrétiens qui se servent du pain azyme judaïsent et font une œuvre impie. Ils ne discutent pas la validité du sacrement, d’après la nature du pain. Le levain pour eux est plutôt un symbole.

Le même écrivain entame une autre question où il reproche aux arméniens de ne pas mélanger d’eau à la coupe du viii, au saint sacrifice. Se référant à l’évangile de saint Jean, il dit que l’eau est nécessaire, parce qu’il est sorti, du côté du Seigneur, du sang et de l’eau ; le sang était sa vie et l’eau sa mort, et comme on doit faire mémoire de sa mort dans l’anamnèse de l’anaphore, il s’ensuit que ceux qui ne mettent pas d’eau renient sa mort et sa passion pour eux et ne proclament que sa vie. Rev. Or. chrét., t. xvii, 1912, p. 180185. Jacques d’Édesse dans son canon 81 critique également les arméniens pour l’usage qu’ils font du pain azyme et du vin sans mélange d’eau. Bar-Salibi donne les mêmes explications dans son Expositio liturgiæ, Corpus etc., Script, syri, t. xciii, p. 51-52. Si les catholiques mêlent quelques gouttes d’eau au viii, les jacobites vont jusqu’à mettre l’eau et le vin en partie égale. Cf. Jean de Telia, viiie avertissement et Bedjan, p. 35 ; voir aussi ce qui a été dit à l’art. Présanctifiés (Messe des), t. xiii, col. 90.

2. Quelques superstitions se sont glissées à propos de la communion. Et d’abord celle qui consistait à réserver durant toute l’année des hosties consacrées le jeudi saint, sous prétexte d’y trouver une vertu particulière. L T ne autre superstition consistait à donner la « communion vierge » aux séculiers, c’est-à-dire la communion avant que le célébrant ne participât aux saints mystères ce qui est contraire à la sainte liturgie. Jacques d’Édesse s’est élevé contre ces superstitions : « Les saintes espèces du jeudi saint au soir, celles du samedi saint au soir et celles de tous les jours, sont le corps et le sang de celui qui a souffert pour nous et qui est ressuscité et non d’un autre. « Resol. 6-8 ; Bedjan, p. 46-54.

3. La messe du soir.

Trois fois par an, on célèbre le soir la sainte liturgie : aux vigiles de Noël et de Pâques et le soir du jeudi saint. Cf. Jacques d’Édesse Resol. 7 ; Nau, loc. cit. ; Bedjan, p. 46.

4. Le binage est interdit non seulement pour le prêtre et l’évêque, mais encore pour l’autel. On ne peut dire par jour qu’une seule messe sur chaque autel. Cf. can. 185 du patriarche Cyriaque qui pense que c’est une loi divine : « Dieu ne permet pas à l’évêque et au prêtre d’offrir (le saint sacrifice) deux fois en un jour, ni d’offrir deux fois en un jour sur un autel, c’est-à-dire sur une (même) (ablette. » Can. 185, dans Nau, p. 103 ; Bedjan, p. 40. C’est pourquoi les prêtres jacobites concélèbrent. Les catholiques peuvent biner en cas de pénurie de prêtres et après autorisation.

5. La concélébralion n’existe pas comme dans les autres rites orientaux, ni comme dans le rite latin, au jour de l’ordination des prêtres, mais c’est plutôt une célébration concomitante, chaque prêtre se trouve devant un autel avec les matières du sacrifice (hostie et calice contenant du vin). Tous disent la messe en même temps et prononcent à la fois toutes les prières et les paroles de la consécration et font tous également les gestes requis par les rubriques de la sainte liturgie.