Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 14.2.djvu/798

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

309 ;

    1. SYRO-MALABARE (ÉGLISE)##


SYRO-MALABARE (ÉGLISE). JUSQU’AU SYNODE DE DIAMPER 3098

locale. J.-R. Chabot. L’autodafé des livres syriaques au Malabar, dans Florilegiiun… Melchior de Vogué, Paris, 1909. p. 613-623. Il est notable que le Yatie. syr. 22 est le seul ms. syro-nialabare antérieur a 1500, dont l’existence nous soit connue.

Un dernier document toutefois met bien au point la situation de la chrétienté des Indes à la fin du xve siècle : c’est un récit anonyme contenu dans WYatic. syr. 204, curieuse compilation en caractères uestoriens de textes arabes et syriaques rapportée d’Orient par André Scandai’à la suite de sa mission des années 17181721. J.-S. Assémani, liibl. orient., t. n a, p. 590-599 ; S. Giamil, Genuinie relationes…, p. 586-600. Il y est raconté comment après être restés assez longtemps sans évêques. les chrétiens du Malabar envoyèrent au catholieos de Séleucie-Ctésiphon trois des leurs pour lui demander de restituer leur hiérarchie. Un des trois voyageurs étant mort en route, les deux survivants furent ordonnés prêtres à Djézireh par le catholieos et envoyés au couvent de Mar Eugène pour y choisir les futurs pasteurs de leurs concitoyens. Deux moines, après avoir été consacrés sous les noms de Thomas et de Jean, partirent avec les envoyés, et furent reçus avec transport. Après qu’ils eurent ordonné des prêtres et consacré des autels pour répondre au besoin, Mar Thomas retourna en Mésopotamie, pour faire son rapport au catholieos et lui porter les redevances et les dons spontanés des fidèles, parmi lesquels on note un serviteur nègre. Lorsqu’il arriva, Simon V était mort, mais son successeur Élie V (1502-1503), faisant appel de nouveau aux moines du couvent de Saint-Eugène, en consacra trois, dont un comme métropolite, sous le nom de Yahballâhâ. les deux autres, Mar Denha (omis par Giamil) et Mar Jacques, devant former avec Mar Jean le groupe de ses sufiragants. Telle était la hiérarchie des chrétiens du Malabar, lorsque les Portugais s’y installèrent. F. Xau a publié le colophon d’un psautier copié en 1504 par Mar Jacques (Paris, Bibl. nat., syr. 25), Deux notices relatives au Malabar, dans Revue de l’Or, chrét., t. xvii, 1912, p. 83 sq.

Le récit du Yatic. syr. 204 montre sur le vif comment se posait pour les chrétientés de l’Inde le problème de la hiérarchie et du sacerdoce, exactement comme pour la chrétienté d’Abyssinie, car le patriarche d’Alexandrie et le catholieos de Séleucie-Ctésiphon se réservaient l’un comme l’autre de consacrer les évêques et de les choisir parmi les moines de leur entourage, au lieu de créer une véritable hiérarchie indigène. Quant à l’exactitude des informations de ce récit isolé, elle résulte des relations portugaises avec les personnages sus-mentionnés. Le prêtre Joseph, qui avait été un des envoyés de la première mission en Mésopotamie, accompagna Pierre Cabrai à Lisbonne en 1501 et visita ensuite Rome et Venise avant de rentrer aux Indes, où il se trouvait en 1518 comme curé de Cranganore. Le P. Schurhammer a réimprimé les déclarations qu’il fit en Italie d’après M. Fracanzano da Montalboddo, Pæsi novamente rctrovati, et novo mondo da Alberico Yesputio Florentino, Vicence, 1507, dans The malabar Church and Home, p. 26-31.

III. Les chrétiens de bit syrii n sous la domination PORTUGAISE JUSQU’AU SYNODE DE DlAMPER.

— Le pionnier de l’activité portugaise aux Indes y arriva par la rou’e ordinaire. Jean Pères da Covilham, que le roi Jean II avait chargé avec Alphonse de Payva d’enquêter sur le royaume du prêtre Jean », partit de Santarem le 7 mai 1 187, passa par Alexandrie, atteignit Aden et s’engagea seul sur la route habituelle des navigateurs arabes, après avoir laissé son compagnon aborder en Ethiopie. Il visita la cote du Malabar, retourna vers l’Afrique, dont il visita le littoral de Zeila à Sofala, et passa lui aussi en Ethiopie.

Les Ethiopiens avaient pour principe de ne laisser sortir de leur pays aucun des étrangers qui avaient réussi à y entrer : Jean Percs de Covilham y était encore lorsque Rodrigue de Lima y arriva en 1520 comme ambassadeur du roi de Portugal, mais il avait envoyé à son souverain des informations sur la route qu’il fallait suivre pour aboutir aux Indes après avoir doublé l’extrémité méridionale de l’Afrique. F. Alvarez, Viaggio délia Ethiopia, dans J.-B. Ramusio, Délie navigationi et viaggi, t. i. Venise, 1503, p. 223.

Yasco de Gama quitta Lisbonne le 7 juin 1497 et arriva près de Calieut. le 14 mai 1498, guidé par le pilote arabe Ibn Madjid. Dès lors, chaque année, une Hotte portugaise partit pour les Indes Orientales ; mais l’expédition de Pierre Cabrai, en 1500, tomba dans une embuscade organisée à l’instigation des Arabes. L’arrivée des Francs et les embûches auxquelles ils furent exposés par l’inimitié des musulmans, comme aussi la vengeance exercée par Vasco de Gama en novembre 1502, sont racontées d’une façon très vivante par les trois évêques nestoriens, dont il a été question à la fin du paragraphe précédent, Mar Yahballâhâ, Mar Denha et Mar Jacques, écrivant au catholieos dans la deuxième moitié de l’année 1504. J.-S. Assémani, Bibl. orient., t. m a, p. 595-599 ; S. Giamil, op. cit., p. 592-G00. Les évêques parlent des Portugais dans les meilleurs termes, les qualifient de frères et les louent de ce qu’ils se faisaient accompagner dans leurs voyages par des prêtres. Comme ce devait être pour les Éthiopiens en 1520, c’était un grand encouragement pour une minorité de chrétiens exposés aux vexations des musulmans depuis des siècles, que de voir arriver d’autres chrétiens, doués d’une force militaire capable d’en imposer aux fidèles du Prophète.

Les premiers éléments portugais qui débarquèrent aux Indes ne se préoccupèrent pas beaucoup, semblet-il, de savoir si les chrétiens qu’ils rencontraient appartenaient ou non à la Grande Église. Rien d’étonnant à ce qu’ils fussent pratiquement eu dehors de l’obédience de Rome ; les envoyés du roi de Portugal savaient bien qu’ils arrivaient dans des pays, Indes ou Ethiopie, qui n’avaient pas de relations régulières avec l’Europe, mais ces chrétiens devaient être ceux dont on parlait beaucoup en Occident depuis deux siècles, les sujets du fameux prêtre Jean ; et ils profitaient d’un préjugé favorable. C’est ainsi que les évêques mésopotamiens étant restés auprès des Portugais pendant deux mois et demi, furent admis aux offices liturgiques et invités même à célébrer les saints mystères dans l’oratoire que les prêtres latins avaient organisé. J.-S. Assémani, op. cit., p. 594.

Si l’on veut bien comprendre, au demeurant, les attitudes successives des Portugais vis-à-vis des chrétiens indigènes, du Malabar ou d’Ethiopie, il faut absolument se rappeler le caractère de leurs expéditions, tout différent de celui des entreprises postérieures des Hollandais ou des Anglais. Alors que les navigateurs des Provinces-Unies ou de Grande-Bretagne sont des particuliers, isolés ou travaillant pour une compagnie a charte, les explorateurs portugais sont des officiers de la marine royale, qui conduisent une Hotte du roi, même quand ils font du commerce. D’autre part, le souverain du Portugal n’oublie jamais qu’il est le successeur des grands-maîtres de l’Ordre du Christ. Les expéditions contre les Maures et, lorsque l’infant Henri le Navigateur eut pris l’administrai ion de la grandemaîtrise, les expéditions océaniques eurent toujours un double caractère, militaire et religieux. Les papes ont reconnu dans d’innombrables documents les mérites du Portugal en matière d’évangélisation ; bien plus, ils ont concédé aux souverains de ce royaume des privilèges exceptionnels de patronage sur les dio-