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STOJKOWICH (JEAN)

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le 27 novembre 1437 le basileus et les dignitaires de l'Église grecque s’embarquaient pour rejoindre à Ferrare, puis à Florence, le concile réuni par Eugène IV. D’après un on-dit, Jean aurait eu à ce moment l’intention de partir pour Jérusalem ; cf. N. Valois, Le pape et le concile, t. ii, p. 80, note 3. Finalement il regagna Bâle, où le concile s’exaspérait dans sa révolte contre Fugène IV.

On a prétendu que Jean de Raguse se serait alors rallié au pape, et l’on a cru qu’il ne di fierait pas de ce Jean, dit « le Provincial de Lombardie », que l’on voit à Florence à partir de la xviiie session discuter avec les représentants des Grecs et particulièrement avec Marc Fugénicos. Cf. Mansi, Concil., t. xxxi a, col. 717 sq. En fait ce Jean le Provincial n’est autre que Jean de Montenero ; cf. ici, t. viii, col. 791. Il est démontré maintenant que Jean de Raguse n’abandonna jamais la cause du concile de Bâle, même quand celui-ci prit l’allure schismatique que l’on sait. Ce fut lui qui, après la mort de l’empereur Sigismond (9 décembre 1437 ;, fut député en Allemagne pour rallier à la cause du concile de Bâle le futur roi des Romains, Albert d’Autriche. En présence de celui-ci il prononça à Vienne, le 14 mai 1438, un long discours où il faisait valoir toutes les raisons, historiques ou théologiques, qui établissaient la supériorité du concile sur le pape. Texte inédit, conservé dans le Vatic. Reg. lat. 1019, fol. 335-398, et dans le Paris, lat. 1445, fol. 176-313. Le président du concile schismatique de Bâle lui écri vait encore en août 1438, pour stimuler son zèle, cf. N. Valois, op. cit., t. ii, p. 160, n. 2, et en décembre de la même année, Jean de Raguse envoyait à ses commettants de Bâle des nouvelles très optimistes sur les dispositions d’Albert. Monumenta, etc., .. iii, p. 187. On a conjecturé, non sans raisons plausibles, qu’il fut l’un des promoteurs de la candidature à la tiare d’Amédée VIII de Savoie, élu pape sous le nom de Félix V, le 5 novembre 1439. En fait on sait qu’il séjourna au château de Ripaille à l'été de cette même année et qu’Amédée le retint au nombre de ses conseillers intimes. Félix V le nomma ultérieurement évêque d’Ardzis dans le Péloponnèse et cardinal. Il n’aura pas survécu longtemps à cette nomination, étant mort, selon toute probabilité, en novembre 1443. Cf. Monumenta, t. î, p. xv. Outre les ouvrages publiés ou inédits, déjà signalés, Jean est l’instigateur du traité Concordantiæ biblicæ vocum indeclinabilium publié par Jean de Ségovie, cf. ici, t. viii, col. 817.

Hurter, Nomenclator, 3° éd., t. ii, col. 832-833 ; Palaéky, dans Monumenta conciliorum generalium seeculi XV, … 1. 1, p. xiii sq. a rassemblé les éléments d’une biographie ; Hefele-Leclercq, Histoire des conciles, t. vii, passim ; J. Haller, Concilium Basileense, Studien und Quellen, Bâle 1896, t. i, p. 15 sq. ; Noël Valois, Le pape et le concile, Paris, 1909, voir table au mot Raguse (Jean Stojkowich de), t. ii, p. 415. Se reporter aussi à l’art. Bâte (Concile de), t. ii, p. 113.

É. Amann.