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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/103

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TESTAMENT (NOUVEAU)

fessions chrétiennes admettent pratiquement le même Nouveau Testament.

On fait ressortir avec raison l’unité du Nouveau Testament, par opposition à la diversité de l’Ancien. Cette unité tient d’abord à la rapidité relative avec laquelle en ont été composés les divers livres. La composition de l’Ancien Testament s’étale sur plus d’un millénaire ; il n’a guère fallu qu’un demi-siècle pour que fussent rédigés les écrits du Nouveau. Cette unité tient encore au fait que tout, ou à peu près, converge, dans la Nouvelle Alliance, vers la personne de Jésus-Christ, médiateur de cette nouvelle économie. Les plus anciens écrits, épîtres de Paul, le prêchent ; les évangiles le racontent ; les Actes montrent le développement de la société fondée par lui : l’Apocalypse le met continuellement en scène. Comme il est dit en ce dernier écrit, Jésus « est l’A et l’Ω, le principe et la fin » , Apoc, i, 8, tant de cette économie que des livres qui la font connaître.

On se tromperait néanmoins si l’on soutenait que toutes les dispositions de la nouvelle économie de salut sont contenues dans cet ensemble livresque que nous appelons le Nouveau Testament. À vrai dire, cette économie a d’abord été prêchée par le Sauveur puis par les apôtres, c’est une parole vivante qui, pendant quelque temps, ne s’est transmise qu’oralement. Ce sont les circonstances qui ont amené les porteurs de la bonne nouvelle à consigner par écrit certains thèmes de leur prédication, ou les méditations que les contingences diverses leur inspiraient. La chose est frappante dans les épîtres pauliniennes. La rédaction des évangiles de son côté tient au désir de faire échapper les récits concernant la personne et l’enseignement du Sauveur aux déformations que ne manque pas de créer la simple transmission orale. Les précisions morales enfin contenues en de multiples écrits néotestamentaires sont amenées par des circonstances que nous connaissons parfois, qui nous échappent en d’autres cas. Bref, le Nouveau Testament ne nous apparaît que comme une partie de cette « prédication apostolique » à7roa-roXi.xôv X7)puY ! i.a, qui a fondé l’Église. Voir pour le développement de cette idée l’art. Tradition.

Ce caractère incomplet du Nouveau Testament ne doit pas faire oublier le prix incomparable de ces Écritures. C’est par elles que nous connaissons, avec le plus de sûreté, tant les événements essentiels de l’histoire évangélique, que les doctrines mises en circulation par le Christ et ses premiers apôtres, que les institutions enfin où s’est abritée dès l’abord la nouvelle économie du salut. De ce que la Réforme du xvie siècle a voulu se régler exclusivement sur la Bible, ce n’est pas une raison, pour les catholiques, de faire fi de la littérature néo-testamentaire et de donner l’impression que le recours aux textes script uraires est une sorte de « manie » protestante. De même que l’on scrute les documents relatifs à l’histoire d’un passé quelconque avec un soin d’autant plus jaloux que ces documents sont plus rares, de même doit-on s’appliquer à l’étude des textes évangéliques et apostoliques avec d’autant plus de religion et de piété qu’ils ne représentent qu’une partie de la catéchèse primitive. C’est seulement au prix de ces restrictions que l’on peut accepter la formule proposée par quelques théologiens de « l’utilité relative » du Nouveau Testament.

Texte du Nouveau Testament.

Tous les écrits du Nouveau Testament sous leur forme actuelle ont été rédigés en ce grec de la Kolvtj, qui, au début de l’ère chrétienne, était parlé couramment dans tout l’Orient romain et même dans une grande partie de l’Occident. Pour ce qui est de la langue du Ier évangile, voir l’art. Matthieu (Saint), it. x, col. 360 sq.

Il ne saurait s’agir ici de faire l’histoire, même som maire, du texte du Nouveau Testament : voir au Dictionn. de la Bible, t. v, col. 21 13-21 35, l’article très au point d’E. Mangenot que l’on complétera par l’étude du P. Lagrange, Introduction à l’étude du Nouveau Testament, 2e partie. Critique textuelle. Ce que le théologien en retiendra, c’est que la recension dite texlus receptus n’a aucune qualité pour s’imposer. Ce textus receptus n’est autre que la 2e édition des Elzévirs de 1633, texte éclectique emprunté à la 4e édition d’Erasme, à celui de la Polyglotte d’Alcala, aux 3e et 4e éditions de Robert Estienne et à la l re de Théodore de Bèze. Les travaux de la critique textuelle du Nouveau Testament, qui ne commencent guère qu’au deuxième tiers du xixe siècle (édition de Lachmann de 1831, encore très imparfaite), justifient de plus en plus l’adage déjà courant au xviiie siècle : Textus receptus sed non recipiendus. Le texte en question n’a fait, d’ailleurs, que nous sachions, l’objet d’aucune déclaration officielle de l’Église. Tout ce que l’on peut dire c’est que le décret de Trente relatif à la Vulgate latine suppose qu’il faut recevoir comme canoniques les livres de l’Ancien et du Nouveau Testament dans leur intégralité et avec toutes leurs parties, selon qu’ils se trouvent dans ladite Vulgate. Cela suppose la reconnaissance officielle d’un texte grec qui corresponde grosso modo au latin, mais cela n’ôte nullement à la critique textuelle le droit de discuter et finalement d’adopter, s’il y a de bonnes raisons à l’appui, les leçons qui se rapprochent davantage du texte primitif et ne concordent point avec le latin. Voir à l’art. Canon des livres saints, t. ii, col. 1602, la position prise par A. Vacant au sujet de la réception des parties deutérocanoniques du Nouveau Testament. Au fait, il se trouve que c’est pour des raisons de critique textuelle que certaines parties de livres, reconnus eux-mêmes comme canoniques, ont été qualifiées de deutérocanoniques. C’est le cas tout spécialement de la finale du IIe évangile, Marc, xvi, 9-20, et de la péricope de la femme adultère dans Joa., vin, 1-11. On hésitera à qualifier de deutérocanoniques des passages comme Luc, xxii, 43-44 (sueur de sang du Christ au Gethsémani), Joa., v, 3 ft-4 (l’ange de la piscine probatique), et I Joa., v, 7 6-8 ( verset dit des trois témoins célestes) ; et pourtant leur situation aux yeux de la critique textuelle est la même que celle des deux péricopes ci-dessus mentionnées. Sur ce verset des « trois témoins célestes » une décision officielle du Saint-Office, en date du 2 juin 1927, cf. Biblica, t. viii, p. 494 a reconnu les droits de la critique textuelle et autorisé des solutions analogues à celle qui a été exposée ici, t. viii, col. 588. C’est dans le même esprit, semble-t-il, qu’il convient de traiter les problèmes posés non seulement par les quelques passages importants cités plus haut, mais par les innombrables leçons des textes critiques qui s’écartent du texte de la Vulgate. Il va sans dire, d’ailleurs, que, là où des questions dogmatiques se trouvent engagées, la critique orthodoxe doit se laisser guider par le sens catholique et, le cas échéant, par les directives ecclésiastiques. On a discuté longuement, ici même, le cas du récit de la Cène dans Luc xxii, 14 et tout spécialement de l’appartenance au texte primitif des ꝟ. 19 b et 20. Voir t. v, col. 1062-1065, 1073-1077. C’est l’exemple le plus frappant d’un cas que ne sauraient résoudre les simples règles de la philologie.

3o Versions du Nouveau Testament.

Se reporter à l’article de ce titre.

4o Auteurs.

Voir à chacun des articles du dictionnaire où il est question d’un des livres du Nouveau Testament la question de l’auteur.

Il reste à signaler une question plus générale. Peut-on retarder indéfiniment dans le temps la date des écrits néo-testamentaires, attribuer, par exemple, à un auteur du milieu du iie siècle la composition de tel ou