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THÉODORE DE SC YT II OPOLIS

THEODORE LE ST EDITE 288

ment final dans le bien) des démons et des damnés. 10 (presque identique à 2). La préexistence de l’âme de Jésus-Christ. 11. La doctrine spécifique des isochristes : « nous serons un jour égalés au Christ, enfanté par la sainte Théotokos, et le Verbe divin s’unira à nous, comme il s’est uni suivant l’ousie et l’hypostase à la chair animée prise de Marie. 12. Enfin la disparition définitive de tout ce qui est corps après l’apocatastase.

Si l’on se reporte aux deux documents officiels qui ont condamné l’origénisme au vie siècle : la lettre de Justinien de 543, entérinée par le patriarche Menas, art. cité, col. 1577, et les « quinze canons des 165 Pères du Ve saint concile réuni à Constantinople », ibid., col. 1581 sq., on s’apercevra que la liste des erreurs reprochées à Origène par Théodore et abjurées par lui-même, suit de très près la première de ces pièces : 1 de Théodore = 1 de lettre à Menas ; 2 T = 2 et 3 M ; 3 T = 4 M ; 5 T = 5 M ; 6, 7, 8, 9 T = 6, 7, 8, 9 M ; par endroits la correspondance est presque verbale ; d’autre part les n. 4. Il et 12 de Théodore se retrouvent dans les n. 12 (à la fin), 12 (début), et 14 des « quinze canons ». Cette particularité exclut l’hypothèse suivant laquelle la profession de foi de Théodore aurait été rédigée après le concile de 553, quand le patriarche de Jérusalem, Eustochius, rassemblant ses ressortissants, leur fit approuver les actes du Concile. Art. cité, col. 1588. Mieux vaut se rallier à la solution de Diekamp, selon laquelle Théodore aurait écrit cette rétractation en 552 pour pouvoir être admis au Ve concile.

Se reporter aux indications fournies par la notice de Gallandi (dans P. G., t. ixxxvi a, col. 229-232), à la suite de laquelle se lit le texte du Ai’JîeXXoç MEoScùpou ètucxguoo Ex.601r<5).E(oç ; et cf.Diekamp, Die origenistischen Streitigkeiten im V. Jahrliundert und das V. allgemeine Concil, Munster-en-W. , 1899.

É. Amann.

16. THÉODORE LE STUDITE, ainsi appelé du monastère du Stoudion à Constantinople, dont il fut longtemps higoumène (759-826). I. Vie et action. IL Œuvre littéraire (col. 294).

I. Vie et action.

Sources.

Il existe de

Théodore trois Vies, dont on trouvera les deux premières dans P. G., t. xcix ; la plus ancienne, col. 233328 (désignée ordinairement comme Vita B, parce qu’elle a été publiée postérieurement à l’autre) est l’œuvre d’un moine Michel, du Stoudion, et doit être postérieure à 808. C’est d’elle que s’est inspiré l’auteur de la Vita A, col. 113-232, qui n’a guère fait que la démarquer. Une troisième a été édilée par Latychev, dans Vizantijskij Vremennik, t. xxi, p. 258-304. Antérieurement à ces Vies, peu après 848, avait paru un discours sur la translation du corps de Théodore et de son frère Joseph, archevêque de Thessaloniquc, qui donne sur la vie des deux grands lutteurs de précieux renseignements. Texte dans Anal, bolland., 1913, p. 27-62. Ce discours permet de rectifier quelques données de la Vita B. Le panégyrique prononcé par Théodore lui-même à la mémoire de son oncle, l’higuumène Platon, fournit lui aussi des indications précieuses. Texte dans P. G„ t. cit., col. 804-849. Enfin et surtout l’œuvre littéraire même de Théodore, tout spécialement sa Correspondance et la Petite catéchèse, abonde en renseignements historiques. Il faut les compléter et les encadrer par les données fournies par les historiens et chroniqueurs byzantins contemporains, au premier rang desquels il faut mettre Théophane, dans sa Chronographia, et à partir de 813, les continuateurs de celui-ci. Voir art. Iconoclasmf., t. vii, col. 594.

2° Entrée en retif/ion. — Théodore naquit à Constantinople en 759, fils d’un fonctionnaire du fisc impérial nommé Pholinus et de Théoctista. Son éducation fut

des plus soignées, car il était destiné à prendre la suite de son père. Mais l’action de l’higoumène Platon, frère de Théoctista, qui était retiré dans quelque couvent de l’Olympe de Bithynie, finit par conquérir toute la famille à la vie monastique. La mère de Théodore et une de ses sœurs entrèrent en un couvent de la capitale ; le père, avec ses trois fils, Théodore, Joseph, le futur archevêque de Thessalonique, et Euthyme, se mirent sous la direction même de Platon, au couvent du Saccoudion, dans cette même région bithynienne (en 781). Bientôt Platon, décidé à mener un jour ou l’autre la vie de reclus, vit dans Théodore, son successeur à la tête du Saccoudion, en sorte que le jeune moine, qui avait d’ailleurs donné la mesure de ses talents d’administrateur, fut associé à son oncle comme higoumène. Un peu avant, ou un peu après l’élection qui ratifiait cette désignation, Théodore fut ordonné prêtre par le patriarche Taraise.

3° L’affaire mœchianiste et le premier exil (796-797).

— Bientôt, d’ailleurs, allait éclater une affaire qui mettrait Théodore en conflit avec le gouvernement impérial et qui, se prolongeant pendant plus de dix ans, le brouillerait même avec les patriarches de Constantinople. Il s’agit de « l’affaire mœchienne ». Marié contre sa volonté par sa mère, l’impératrice Irène, à une femme qu’il n’aimait pas, le basileus ConstantinVI avait distingué parmi les dames d’atours de la basilissa, une personne nommée Théodote, qui se trouvait apparentée à Théodore. En janvier 795, on apprit soudain que l’épouse légitime, Marie, avait été tonsurée et enfermée dans un monastère. Au mois d’août suivant Théodote, proclamée Augusla, était couronnée ; quelques semaines plus tard, l’higoumène d’un des couvents de la capitale, le prêtre Joseph, passant outre à la volonté du patriarche, donnait la bénédiction nuptiale au couple adultère. Ce fut bien vite dans le monde ecclésiastique de la capitale un véritable toile. Sans doute le patriarche Taraise se ralliait-il, sans trop de peine à une politique d’accommodement — « d’économie », comme l’on dirait — qui consistait à s’incliner, quand l’on ne pouvait faire autrement, devant « le fait du prince ». Par contre l’émotion fut grande dans les milieux monastiques, tout particulièrement au Saccoudion ; on y fulminait et contre l’adultère du basileus, et contre la forfaiture de l’higoumène Joseph, et contre la faiblesse même de Taraise. Sur ces déclamations contre Taraise voir en particulier Epist., i, Lin, col. 1101 sq. L’hostilité témoignée alors au patriarche explique sans nul doute les appréciations très fâcheuses de Théodore sur le IIe concile de Nicée, dont Taraise avait été l’âme. Epist., I, xxxviii, voir surtout col. 1044 CD. Ces propos ne restaient pas confinés dans le monastère, des échos en parvinrent au patriarcat ; les discussions prirent un tour plus vif. Platon finit par déclarer qu’il se séparait de la communion du patriarche. Entre temps le basileus, venu à Brousse pour prendre les eaux, essayait d’obtenir des moines du Saccoudion une apparence d’hommage ; il en fut pour ses avances. En septembre 796 Platon, Théodore et un certain nombre de moines étaient arrêtés et internés au fort des Cathares. Théodore et son frère Joseph furent ultérieurement expédiés à Thessalonique, où ils arrivaient le 25 mars 797. Sur tout ceci, voir Théophane. an. 6288, 6289 ; Laud. Platonis, c. xxvi-xxx : Vita B, c. xiv-xvi ; Vita A, c. xviii-xxiii ; Epist., i, III, où est décrit le voyage de Théodore de Constantinople à Thessalonique.

4° Retour ; faveur d’Irène ; le Stoudion. — Ce premier exil ne devait pas durer : en juillet 797, Irène déclenchait contre son fils Constantin VI une révolution qui aboutissait au renversement du basileus : le 15 août il était aveuglé sur l’ordre de sa mère. Celle-ci devenait, pour cinq ans, seule souveraine de l’empire. L’n