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Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 15.1.djvu/174

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THÉODULFE — THÉOGNOSTE


gâte hiéronymienne, les variantes étant éliminées de l’édition. Le but de Théodulfe n’est pas le même : il n’a pas le cœur de choisir parmi les variantes ; sa pensée là-dessus nous est bien indiquée dans une épître en vers adressée à sa « fille » Gisèle, en lui envoyant comme cadeau de noces un psautier magnifique argenlo atque auro quod radiare vides ; ce psautier contient, dit-il, les deux versions de saint Jérôme : sensibus egregiis utraque, crede, micat, l’une et l’autre brillent de très beaux sens. P. L., t. cv, col. 326 C. Ce psautier a disparu, mais les Bibles qui nous restent, en particulier l’exemplaire de la Bibliothèque nationale (lut. 9X80) et celui qui est conservé au trésor de la cathédrale du Puy, témoignent de la même disposition : un système compliqué de ponctuation, de ratures, surcharges, additions interlinéaires ou marginales, sur un texte de base apparenté de près au Codex Toletanus montre le désir de ne sacrifier aucune variante intéressante. Plusieurs versions latines interviennent, les Septante et aussi, nous dit-on, l’hébreu : pour ce dernier, son influence se voit surtout dans l’ordre adopté pour les livres. Théodulfe voulut que les Bibles sorties de son scriptorium fussent accompagnées d’une chronique, qu’il emprunta à Isidore de Séville, d’une « clé » pour l’explication symbolique et enfin d’un spéculum : recueil de préceptes moraux, de sentences tirés des livres saints, qu’il trouvait parmi les œuvres de saint Augustin. Ajoutons que, malgré la complication de l’apparatus, ces Bibles sont fort belles, tant par la calligraphie que par les miniatures qui les décorent. Cependant elles n’eurent pas grand succès : le système était trop compliqué. Il faudra attendre les érudits du xvi c siècle pour avoir l’idée de semblables éditions avec toutes les variantes d’un texte. Théodulfe est le précurseur des éditions critiques ; cf. Delisle : Les Bibles de Théodulfe, dans Bibliothèque de l’École des chartes, 1879, t. xl, p. 5 et 47.

3° Œuvres pastorales. — Elles consistent principalement en deux recueils de préceptes, conseils, directions, donnés par l’évêque d’Orléans à ses prêtres et qui se présentent à nous, à l’instar des textes législatifs royaux, avec le titre de Capitula et Capitulare ; le second recueil est appelé parfois « Pénitenticl » : de fait, il est en grande partie constitué par l’énumération classique des fautes, affectées de la pénitence qu’elles comportent. P. L., t. cv, col. 191-208, 208-224. Il est impossible de donner ici un résumé même succint de ces deux recueils, mais ils sont importants, le premier surtout, pour la connaissance de la législation religieuse à l’époque carolingienne et très révélateurs de l’organisation diocésaine et paroissiale ; cf. Carlo de Clercq, La législation religieuse Iranque de Clovis à Charlemagne, Louvain, 1936. On trouvera une bonne analyse dans dom Ceillier : Histoire générale des auteurs sacrés et ecclésiastiques, éd. Vives, t.xii, p. 264 sq. Ch. Cuissard a tiré des capitulaires de Théodulfe une longue description de la vie religieuse dans l’Orléanais a cette époque, op. cit., passim.

Domd’Achery, au t. v de son Spicilegium (1661), donne deux extraits assez courts de sermons, reproduits dans P. L., t. cv, col. 275-282. Enfin, il faut rattacher aux œuvres pastorales une explication du canon de la messe, qui est plutôt une œuvre d’édification que de théologie, publiée par Ch. Cuissard, op. <it.,

p.’.Y.’, 'l. L’opuscule s’inl il ule : Intcrpretatio missie et

l’explication s’étend depuis la préface jusqu’à VAgnus l>i i Inclus. Notons pour la théologie de l’eucharistie ie

bref tnentalre du Qui pridie : Quis unquam crede rel quod corpus in panem potuisæt converti vel sangula in vinum, nisi ipse Salvador dicerel, qui panem et vinum creavit et omnia ex nlhilo feettf Fætltiu est aliquid ci allquo lacère quam omnia ex nlhilo créait. Ibld., p. 338

4° Œuvres poétiques. — Elles représentent la plus grande partie de l’æuvre de Théodulfe. P. L., t. cv, col. 283-380, et surtout Dummler, Mon. Germ. hist., Poète, t. i, p. 437-581. Elles ont été naturellement très étudiées du point de vue de l’histoire littéraire et aussi du point de vue de l’histoire de la civilisation. Guizot en a tiré un chapitre de son Histoire de la civilisation en France, xxme leçon. Ebert, dans son Histoire générale de la littérature du Moyen Age en Occident (trad. Aymeric-Condamin, t. ii, p. 81) n’a guère retenu qu’elles de l’æuvre de Théodulfe. Le fait est que ces poèmes abondants et faciles constituent un document de premier ordre. Ils nous font connaître d’une manière sympathique l’auteur lui-même, sa culture antique, sa sensibilité ; on ne s’étonne plus qu’il ait apporté tant de soin à la construction et à la décoration des églises, à la copie et à l’ornementation des livres. Son maître est Virgile, mais surtout Ovide ; d’ailleurs il nous renseigne lui-même sur ses lectures dans la pièce intitulée : De libris quos légère solebam. P. L., col. 331. L’évêque avait élégamment résolu pour son compte personnel le cas de conscience de la fréquentation des auteurs païens, qui inquiétera encore bien de ses contemporains. Plusieurs de ses poèmes sont de simples jeux d’esprit : telle la description d’un combat d’oiseaux dans la région de Toulouse. À la fin de sa vie, il pleurera la tristesse de son sort à la manière d’Ovide déplorant son exil : un beau poème, autour duquel de gracieuses légendes se sont formées, date de cette époque, le Gloria, laus, passé dans la liturgie du dimanche des Rameaux. Théodulfe écrit en vers sur les sujets les plus variés avec une étonnante facilité. Mais beaucoup de ces poèmes, comme on peut s’y attendre de la part d’un évêque, ont un intérêt parénétique : ils exhortent, ils prêchent, par exemple le récit en vers qu’il nous donne de sa mission dans le midi de la Gaule et qui s’intitule : Parenesis ad judices, cf. G. Monod, dans Revue historique, 1887. Il y a dans ce récit, du pittoresque, de la vie, mais il est surtout une exhortation aux juges pour qu’ils soient intègres. Nous avons une Parenesis semblable ad episcopos, un long parallèle des vertus et des vices, une description des arts libéraux. On ne pourrait connaître l’évêque d’Orléans sans avoir lu ses poèmes, c’est là assurément qu’il a mis le meilleur de lui-même : théologien quand il l’a fallu, Théodulfe a été essentiellement un évêque et par surcroît un humaniste.

Texte.

Le premier érudil qui ait porté ses recherches

sur l’évêque Théodulfe semble avoir été Sirmond. Dès 1629, au t. n des Concilia antiqua Galliee, il publie les Capitulât P. L., col. 191. En 1646 paraissent a Paris chez Cramoisy les Theodulfi Aureliunciisis eplscopl opéra : ce recuoil contient les Capitula déjà publiés, le De ordine baptismi, le De Spiritu Sancto, les C.arrnina divisés en G livres. Cette édition a été considérablement augmentée dam les Sirmondi

Opéra, t. II, Palis, 1696. Aligne, dans 1’. /, ., t. CV, donne les textes publiés par Sirmond, augmentes des 1 khi vailles de Baluzo et de Maltiilon. lai outre, nous avons signale plusieurs textes édités par Ch. Cuissard H la fin de son ouvrage.

Éludes.

Baunard, Théodul/e, évêque d’Orléans et

abbé de 1-leury-sur-l.oirc, Orléans, L860 ; Ch. Cuissard, Théodul/e, évêque d’Orléans, sa l’ie et ses œuvres, Orléans, 1892 ; Chanoine (i. Chenesseau, L’abbaye </< Fleurg n Saint-Ilenoit-sur-Loire, Paris, 1931.

Pour les ouvrages généraux, si-reporter aux articles : Hauan-Mauh, Haiiiii.ht, Hathamnk, Smaii IODE,

I I. Pi I III. H.

    1. THÉOGNOSTE##


1. THÉOGNOSTE, théologien d’Alexandrie a la fin du ni’siècle. Nous ne connaissons rien de la vie de Théognoste, que ne signalent m Eusèbe dans son Histoire ecclésiastique, ni saint Jérôme dans le De viris illuslnbus. Philippe’le Side, dans le fragment conservé par le cod. Bodl. Bai toi. 216, assure

qu’il fut le chef de l’école catéchétique d’Alexandrie ei le place à la suite de Denys et de i’mi i us. mais avant